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Quand la lutte crée la rencontre, des envies, des possibles…

lundi 7 janvier 2013

Nous sommes le 14 octobre 2012, un ami zadiste nous informe que ça y est, les forces de l’ordre ou plutôt du désordre vont intervenir pour Nettoyer la zone. En effet depuis près de trois ans qu’il vie là bas, lui ainsi que tous les autres Camille, vilains squatteurs, essayent de sauvegarder le bocage nantais armés de marteaux, de clous, de légumes, de bottes, … Arrive le 16 octobre où nous assistons dernière nos écrans au début des expulsions, plus de nouvelles direct de là bas. Les images des destructions de ce que nos ami-e-s ont mis tant à créer nous sont insupportables parce qu’au delà des débris des planches, c’est aussi et surtout la volonté de construire un autre mode de société que l’état cherche à anéantir.

Pendant quelques jours nous suivons ce qui se passe sur la ZAD. Au bout de quelques jours le sujet alimente toutes nos conversations avec une seul sentiment, un sentiment d’impuissance, de la honte pour ce que notre société contemporaine tente d’imposer à notre planète et à nos Con-citoyen-ne-s.

A force d’en discuter, sans trouver de solution à nos interrogations, nous décidons d’organiser une réunion avec toutes les personnes susceptibles d’être sensibilisées à ce qui se passe à Notre Dame des Landes. La réunion est fixée au mardi 30 octobre. Ce soir là, une quarantaine de personne se retrouvent ; une partie des personnes souhaite juste être informé-e-s sur ce qui se passe, mais très vite la nécessité de créer un comité de soutien voit le jour. A 20h ce mardi 30 octobre le comité de soutien Notre Dame des Landes est né.

S’enchaine différentes réunions et actions jusqu’au 17 novembre jour de la grande manif de réoccupation. Pour cette occasion un bataillon Auvergnat de 25 personnes se rend sur place. Pour certain-e-s c’est une première, pour d’autres non ; certain-e-s reste deux- trois jours d’autres resteront déjà une quinzaine jours. Un constat, dans la tête de tous, une manif gigantesque, bon enfant avec des images gravées à jamais de centaines, de milliers de personnes faisant des chaines, construisant ensembles.

Après cette manifestation de force, pacifique, créant un imaginaire collectif, d’autres possibles, comment imaginer la réponse de notre gouvernement. Stupeur, colère, rage ne sont pas des mots trop fort pour exprimer ce qui à étaient ressenti ici et partout face à la violence des expulsions. Comment cette violence peut être une réponse d’un gouvernement dit de gauche à un rassemblement de plus de 40 000 personnes disant non à un modèle de société qu’on veut nous imposer. Partout en France ce vendredi 23 novembre, ce sont des dizaines, des centaines de personnes qui se sont retrouvé-e-s spontanément pour crier leur colère. Finalement c’est le choc de ces images de violence qui va générer une vague de création de comité de soutien.

Le 15-16 novembre ce sont près de 180 comités qui sont répertoriés pour les rencontres inter comité. Rien que pour l’Auvergne 6 comité sont représentés. De cette rencontre inter comité né en Auvergne la volonté de se rencontrer, d’agir ensemble. Très vite l’idée d’un blog permettant de se tenir informé rapidement des actions, des possibilités de covoiturages, ...entre les différents comité voit le jour. Deux jours après notre retour c’est chose faite ! Un constat aussi l’Auvergne c’est loin de Notre-Dame-des-Landes et les trajets pour quelques jours nous fatiguent, mais rester dormir sous tente devient vite compliquer lorsque 15cm de boue nous entour jour et nuit. C’est décidé nous allons nous construire notre cabane à NDDL. Cette cabane sera un lieu de vie et de repos pour les auvergnats désirant résider quelques jours/semaines/ mois sur la ZAD, mais aussi un lieu d’informations sur nos luttes locales, un lieu de rencontre et bien sur un lieu de résistance au projet d’aéroport et son monde.

Une première équipe constituée de clermontois-es et brioudais-es se rend sur place le 22 décembre afin de rencontrer les gens sur place, d’éventuellement trouver un lieu en vue de l’implantation d’une future cabane. Quelques jours plus tard un mail :

« Vous êtes très attendues ici, où les festivités constructives vont bientôt commencer. On a décidé de s’installer entre ... et ... où les gens sont bien sympas. Dans un bois, donc à l’abris du vent d’ouest, et face sud pour jouir du soleil...Y’a un petit manque de matos ici : des poutre et toutes sections et si possible de bonnes longueurs. Des quick parois (portes à la con et planches, qqs portes fonctionnelles, des fenêtre et de la toiture (grosses bâches vertes comme cabane à ... ok !) On va tenter d’isoler à la paille et toper de la palette à toc (paille : gros rouleau = 15 euro) Ramenez deux trois gamelles et vos timbales et couverts, aussi une ou deux caisses de bières par personnes majeurs est nécessaire. Bon c’est humide mais vivable, ça n’a pas bcp changé à ce niveau là, botte et vêtements chauds. Niveau festivités de l’État prévenez nous du jour d’arrivé et appeler nous pour savoir par où passer, le soir y’a un passage par NDDL qui se libère des fouilles de véhicules, de plus ils sont moins cons à la barrière nord. Si vous ramenez une remorque c’est pas mal non plus mais pas obligatoire. Voila pour les conditions matérielles, vous nous manquez, ou plus timidement on aimerait bien vivre ça avec vous comme l’autre fois quoi...

TCHAO ! Camille, Camille, le chien boueux, et les autres... »

Une seconde vague de clermontois-e-s rejoint la première équipe le 30 décembre, nous voilà 10 !

Au matin du 31 nous faisons connaissance avec notre futur lieu de résidence ; une clairière, 4 arbres, du bois mort et une furieuse envie de commencer à construire. Ca y est le chantier commence, armé de bonne volonté, de sangles nous commençons à déplacer des troncs d’arbres de plus de 8m à travers la foret, ceux ci nous servirons à la structure de la charpente.

Nous installons la structure sur pilotis, à 60 cm du sol afin d’éviter au maximum la boue. Les premiers morceaux de charpente sont montés à plus de 5m du sol, de beaux moments d’énergie collective. 18H la nuit tombe et avec elle la pluie. Nous décidons de nous rapatrier dans un endroit au sec non loin de là, histoire de se réchauffer un peu et de rencontrer nos voisins. En plus c’est lundi est le pain est arrivé. Après quelque temps passés au sec nous décidons de rejoindre notre lieu de résidence temporaire, des copains d’un autre lieu nous prête leur sleeping le temps que nous attaquions notre constructions. Nous nous retrouvons donc sous une grande tente avec de la paille au sol. Il paraît que c’est le réveillon et que nous allons changer d’année ! Nous passons donc notre soirée dans la paille à manger, à discuter, à imaginer, à rêver de notre construction …

Ca y est on a changer d’année on est en 2013. Les jours de chantier s’enchaine, rendez vous 9h, bon tous le monde n’est pas là mais chacun commence à savoir ce en quoi il peut être utile. Au début on a du mal à trouver du matériel. Malgré les deux camions qu’on a emmené de Clermont, il manque encore pas mal de choses. Quelques aller retour à Montjean plus tard, une bonne partie de ce dont nous avons besoin pour la première étape de la cabane est là. Au fur et à mesure des jours, des personnes passe sur le chantier pour nous proposer du matériel, nous aurons bientôt des dizaines de palettes, de la tolle et même peut être de la paille mais chut s’est un denrée rare sur la Zad. En quelques jours nous passons du manque de matériel à des propositions toujours croissantes et ça tombe bien on a toujours besoin de matériel. C’est ça aussi la ZAD de l’entraide, de la générosité et des rencontres, toujours des rencontres. On est Jeudi le plancher est finis, la construction de la cabane se régionalise des copains de Haute Loire, de l’Allier et de St Etienne nous rejoignentCe Soir là nous mangeons tous ensemble, une vingtaine sur le nouveau plancher, à coté du poêle que nous avons baptisé GIRACHON à cause de ses mensurations. Bon alors on a fait le plancher avant le toit et les murs mais c’est parce qu’il nous manquer des chevrons, qui doivent arriver vendredi !

Vendredi on monte la faîtière, un tronc de 12m de long à monter à plus de 6m du sol sans avec juste nos petites mains. Allez on s’y mets tous, on est 15, d’abord on la monte sur le plancher, puis on la pose à mi hauteur et la s’est le moment le plus périlleux car on a pas d’échelle, ni de corde , tous le monde retiens sont souffle, allez un peu plus haut, un plus a gauche, un peu plus a droite, ça y est elle est en position dans les encoche, un soupir de soulagement et de satisfaction parcours l’assemblée, on bouge plus, reste plus qu’à la fixée avec des tire fonds !

Après toutes ces émotions on mange en morceau, encore des copains arrive d’un peu partout en Auvergne, il commence à y avoir du monde sur le chantier, on doit bien être un trentaine ! Bon certains sont juste venus pour le festival et nous regarde d’un air ébahit mais bon on les excuse ! Moi tout se monde d’un coup, ça me fatigue, j’arrive moins bien à me sentir utile, besoin d’un peu de repos, du coup on se décide a se faire une petite expédition chez des copains qui habite en Bretagne, histoire de prendre des nouvelles, de se poser un peu, de prendre un douche … Au début sur la route toutes ses voitures, des panneaux publicitaires partout, on se sent complètement agressé-e-s, on à l’impression que super U nous poursuit partout. Aller on arrive a destination, une maison, un feu de bois, une table, des copains qu’on est content de voir, de la chaleur, on échange des nouvelles, des impressions sur ce qui se passe la bas. Après une petite journée, on repart direction la Zad parce que quand même la boue, les copains, l’énergie et l’excitation de la construction nous manque. En arrivant et bien le toit est posé, les murs sont faits, fiers des copains, ils ont bien bossées la première partie de maison est finie. Bon on attend la paille pour isoler, bloquée pour cause de festizad. Vu le nombre de personnes encore présente, l’énergie et l’effervescence encore présente on décide de commencer plus tôt que prévue les travaux d’agrandissement. Demain dimanche, on commenceras la cuisine. Malheureusement pour moi et deux autre copains l’heure du départ a sonner. C’est le corps gros et triste que nous prenons le chemin du retour vers Clermont. Une question reste, quelle nom lui donner, plusieurs propositions sont à l’étude : la Mouquette, Gerbovie (en référence au plateau de Gergovie près de Clermont où Vercingétorix à battu César) ou La Cab à Noue (en reference à la Noue qui se situe devant notre maison)

Me voilà rentrer à Clermont où l’activité du comité de soutien va reprendre. Non têtes sont encore là bas avec les copains rester, les copains rencontrées, toutes cette énergie, cette générosité, cette spontanéité. Cette petite semaine passée sur la zad nous à permis de nous rendre compte aussi bien de son unité que de sa diversité.

Je reviendrais, je vous aime Salutations Résistantes

Camille pour le comité de soutien NDDL 63