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Textes d’interventions durant le FestiZad, "Nous ne paierons pas leur folie" en attendant les autres...

mercredi 9 janvier 2013

NOUS NE PAIERONS PAS LEUR FOLIE

(Texte lu durant la ManifestiZAD de Notre-Dame-des-Landes, le 04 janvier au soir, par Jérémie Cravatte du Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde – CADTM, du collectif anticapitaliste les Piments Rouges et de Liège en Transition)

Salut à toutes et tous !

Alors nous on vient de Belgique (Liège), où un Comité de soutien à la lutte de NDDL vient de se créer, et je suis venu vous parler des liens entre Grands Projets Inutiles et Imposés, comme cet aéroport du Grand Ouest NDDL, et la Dette. Dette financière et écologique.

En plein période d’austérité imposée par soit-disant manque d’argent et à cause de la crise de la dette, en pleine période de crise énergétique et de disparition des terres cultivables, on nous sert ce projet d’aéroport qui pourrait coûter jusqu’à 5M (sans compter le coût de la répression...) et qui est un désastre écologique. Mais, au delà de ce constat, j’aimerais faire le lien avec l’histoire de la lutte du Tiers Monde contre la dette illégitime et contre les mégaprojets qui ne servent pas les intérêts de la population, ainsi qu’avec ce qu’on appelle la dette écologique.

Alors, c’est connu que les populations du Tiers Monde paient depuis des décennies une dette qui n’est pas la leur. Que ce soit parce qu’elle est héritée des anciennes colonies, parce qu’elle est la conséquence de prêts octroyés aux dictateurs qui s’en sont servis pour s’enrichir eux et leurs proches ou pour opprimer leurs populations, ou encore que ce soit pour la construction des fameux éléphants blancs. Ces mégaprojets inutiles et imposés (comme le barrage Inga au Congo), souvent à grand coup de corruption. On retrouve la même chose chez nous aujourd’hui, des concessions sont données à de grands groupes privés pour les laisser construire des mastodontes (comme les J-O en Grèce, les aéroports fantômes de Ciudad Real et Castellon que les indignés espagnols dénoncent comme ayant juste servis à gonfler la dette publique et les poches des promoteurs etc etc.). Pour rappel, le projet qu’on est en train de combattre ici prévoit déjà la participation pour minimum 360 millions d’€ des collectivités locales, et certainement plusieurs milliards d’argent public en général, assure les bénéfices de Vinci (aah...nos chers partenariats public-privé...qui nous rappellent les sauvetages des banques), et même une possible clause d’indemnisation en cas d’annulation du projet, qui serait de 11m/an jusqu’en 2065 (mais bon, tout ce qu’ils ont fait on peut le défaire...). Tout ceci avec la complicité active de notre cher Etat, qui s’empressera de parler de gonflement de la dette publique pour imposer une austérité drastique à la population. On retrouve ici exactement la même logique que le « sud » a connu, et continue de connaître, avec les Plans d’Ajustement Structurel. Ce que l’on appelle « Plan d’Austérité » chez nous. La dette publique et la nécessité de rééquilibrer les comptes de l’Etat (à la sauce néolibérale) est l’excuse donnée pour brader les biens publics et faciliter la privatisation de tout ce qui peut rapporter à la classe capitaliste. La Grèce en a fait grands frais (avec son chemin de fer, ses ports, ses îles, ou encore cette forêt remplie de cuivre au nord du pays donnée pour 1€ symbolique à la société canadienne Eldorado Gold). La logique de cette grande braderie, on peut la voir dans le film Catastroika (dont j’ai amené quelques dvd gratos pour celles et ceux qui veulent). Les pays de la périphérie sont évidemment les plus touchés, et vous ne devez pas être sans savoir que le groupe Vinci vient de racheter 10 aéroports portugais...

La dette publique c’est aussi ce qui a justifié l’accaparement des ressource naturelles du Tiers Monde par les entreprises occidentales après les colonies. Et c’est là que j’aimerais parler de dette écologique. Ce concept est né au Sud pour argumenter que celui-ci ne devait rien au Nord, mais bien au contraire que le Nord avait une dette écologique envers le Sud, dette que tout l’argent du monde ne pourra jamais payer. Il s’agit bien entendu de la dette climatique, mais également du pillage des ressources naturelles par l’extractivisme sauvage (qui continue aujourd’hui) et tout le passif environnemental et les morts que cela entraine. À cela on peut ajouter l’exportation des déchets du Nord vers le Sud, la biopiraterie, la destruction de l’environnement à des fins militaires etc etc. Mais il est important de remarquer que cette dette – comme la dette financière – profite plus à une caste qu’à uniquement une zone géographique. On a vite fait le tri entre un sans abris en Europe et un haut fonctionnaire Nigérian qui brade le pétrole à ses amis de Shell. Et c’est pareil pour tout le reste (comme l’Amazonie détruite pour les projets mastodontes d’IIRSA au profit de quelques multinationales). Dans le cas de Vinci et de NDDL, il est facile de penser à l’impact climatique qu’aurait cet aéroport. Mais également la destruction de 2000ha d’une zone bocagère à la biodiversité et à la participation au cycle de l’eau exceptionnelle, sans parler de la destruction de terres cultivables. Mais bon, pas de soucis, c’est certifié Haute Qualité Environnementale...On comprend alors que la dette écologique concerne aussi ce qu’on appelle les « générations futures », qui vont devoir chercher à bouffer à l’heure du pic pétrolier, des changements climatiques et de la disparition des terres cultivables.

Tout ça pour dire qu’il faut se demander à qui profite la dette ? (On a d’ailleurs lancé une campagne en Belgique [montrer l’afficher] pour se poser la question et établir des audits citoyens de la dette afin de reprendre le contrôle, entre autres, des investissements faits avec l’argent de la collectivité. Il existe d’ailleurs des collectifs d’audit citoyen – CAC – à Rennes et à Nantes). Se demander à qui profite la dette car, cet accaparement des biens et des ressources qu’elle justifie a lieu chez nous aussi, pas qu’au Tiers Monde ou en Grèce ou au Portugal, Espagne etc. Et cet accaparement augmentera si on n’annule pas la dette illégitime et si on ne prend pas le contrôle démocratique des biens communs. Si on devait évaluer les « services » que nous rend la Nature à leur manière capitaliste, on arriverait à des billions voire des trillions. On donne la valeur aux choses que l’on veut bien... Et en plein période de crise économique et écologique – qui sont les conséquences naturelles d’un même système – il faut que les GPII, taxés d’utilité publique, aient la vie dure. Comme à la ZAD, comme pour le NO TAV, l’EuroVegas, les lignes THT, StopH52, Stuttgart21 et toutes les autres luttes anticapitalistes et antiautoritaires. [paragraphe que je n’ai malheureusement pas pu lire, le changement de plateau était fini]

« Réapproprions-nous nos vies », ne payons pas leur folie !

Comme dirait l’autre : leur monde pue la mort et y’a urgence ! [phrase que j’ai sautée dans le noir]

Comme dirait Camille : nous n’avons rien à négocier avec ceux qui nous construisent ce monde de merde !