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Droit de réponse - à « Notre-Dame des Landes, pourquoi nous sommes pour »

mardi 26 mars 2013

Droit de réponse à « Notre-Dame des Landes, pourquoi nous sommes pour » par la Majorité départementale – 35 conseillers généraux paru dans le Nous, Vous, Ille Février mars avril 2013 Par le comité de soutien aux opposants de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes de Saint-Malo

Le comité de soutien aux opposants de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (NDDL) de Saint-Malo est en désaccord avec les arguments suivants et souhaite apporter la contribution suivante au débat : « opportunité unique pour renforcer la compétitivité et l’accessibilité de la Bretagne » La promesse d’un « investissement maîtrisé » semble être une belle emphase, pour ne pas dire une tromperie. Les orientations du Grenelle I concluaient que « les alternatives doivent être examinées avant tout projet de nouvelles infrastructures ». Une constante des promoteurs de ce projet d’aéroport est qu’aucun d’eux ne semble vouloir envisager ni entendre parler de la possibilité d’aménager l’aéroport existant à Nantes Atlantique. Pourquoi cette alternative de bon sens, prônée par les professionnels du transport aéronautique – et qui ne se plaignent pas de l’aéroport de Nantes Atlantique bien au contraire, celui-ci ayant d’ailleurs reçu le label du « meilleur aéroport européen » (trophée ERA Award 2011-2012, remis par l’association des compagnies aériennes européennes) – n’a-t-elle jamais fait l’objet d’une étude sérieuse et chiffrée ? Le cabinet hollandais CE Delft, mandaté par le collectif CéDPA composé de plus de mille élus opposés au projet et issus de familles politiques diverses, a conduit cette contre-expertise. Cet organisme indépendant de recherche et de conseil sur les questions environnementales, après une étude détaillée du projet d’aéroport à NDDL, a conclu que l’optimisation de Nantes-Atlantique est préférable et moins coûteuse. Le réaménagement de Nantes-Atlantique, qui, lui, bénéficie des voies d’accès nécessaires, est évalué entre 106 et 158 millions d’€ (agrandissement de l’aérogare et des parkings, piste transversale mieux orientée, modernisation de la voie ferrée existante). Pour NDDL, le coût annoncé de 565 millions d’€ atteint 3 milliards d’€ lorsqu’on inclut le surcoût des dessertes ferroviaires et routières indispensables. En effet, l’étude ayant servi de base à l’attribution de la déclaration d’utilité publique (DUP) et se fondant sur une analyse coûts-bénéfices ne prend en compte ni le montant des dessertes routières et ferroviaires, ni l’augmentation du prix des hydrocarbures, ni le coût de permis des émissions de dioxyde de carbone. Les surcoûts liés à la prise en compte de ces dépenses font exploser le coût total de ce projet. Par ailleurs, les bénéfices à en attendre sont complètement surévalués, que ce soit en terme de création d’emplois ou en terme de temps gagné par les passagers pour se rendre à l’aéroport. D’après l’étude du cabinet CE Delft, le projet de NDDL se solde par un déficit évalué à 90 ou 600 millions d’euros, selon si l’on se base sur un scénario référentiel ou prudent. Les aéroports existants du Grand Ouest (Rennes, Nantes, Angers) ne sont pas saturés. Le futur aéroport de NDDL, surdimensionné, fonctionnerait avec un trafic insuffisant. Il n’y a donc pas besoin de nouvelle structure aéroportuaire, surtout quand on compare les 156 aéroports français aux 43 aéroports allemands et 44 britanniques.

« L’aéroport du Grand Ouest, c’est enfin une responsabilité environnementale assumée qui se traduit par une politique d’aménagement durable ». Jean-Marc Ayrault, promoteur de ce projet contraire aux orientations du Grenelle de l’Environnement, avait pourtant affirmé lors de la clôture de la Conférence Environnementale qui s’est tenu en décembre 2012 que « le Gouvernement souhaite mettre un frein … à l’artificialisation des espaces agricoles et naturels ». Le projet de construction de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes est en nette contradiction avec les lois, les orientations politiques concertées (ex. Grenelle) et les annonces environnementales suivantes : La loi sur l’eau et la Directive Européenne Cadre sur l’Eau (DCE) avec entre autre la protection des zones humides et la reconquête de la « qualité écologique des masses d’eau ». Les décisions prises en 2007 lors du grenelle de l’environnement comprenant : Le gel de toute nouvelle structure aéroportuaire La restauration des trames bleues et vertes (corridors écologiques permettant le déplacement des espèces sauvages notamment face au dérèglement climatique que ce projet contribue à accroître) La directive habitat (annexes 2 et 4), la convention de Berne et l’arrêté du 16 décembre 2004 qui visent à protéger les espèces sauvages vulnérables et d’intérêt patrimonial en vue de réduire l’érosion de la biodiversité. Comme le précisent ces textes, cette protection dépend prioritairement de la conservation des habitats naturels des espèces concernées Les efforts annoncés par la France pour réduire ses émissions de gaz à effets de serre (ex : Kyoto, Cancun, Copenhague, Durban, Doha, etc). Le mode de transport aérien étant de ce point de vu le moins vertueux, ce projet apparait en complète contradiction avec la position qu’a prise la France Etc. Ainsi, invoquer le caractère écologique du futur aéroport, au travers du seul argument du label Haute Qualité Environnementale dont bénéficieraient les futurs bâtiments est une véritable provocation au vu de l’artificialisation de plus de 1600 hectares (soit 2 500 stades de football) de terres agricoles et d’espaces naturels sensibles et d’un intérêt certain pour la biodiversité. Aussi, la réalisation de ce projet serait donner un signe très négatif et remettrait complètement en question les maigres progressions en matière d’environnement qui ont vu le jour ces trois dernières décennies.

« mouvements d’opposition parfois violents et inacceptables dans une démocratie » La déclaration d’utilité publique s’appuie sur une enquête publique dont 63% des contributions recueillies étaient opposées au projet et sur une analyse économique erronée. Ce projet est controversé depuis son début dans les années 70. Le gouvernement porteur du projet a ignoré tout avis contraire au sien, alors que ces avis sont de plus en plus nombreux, et très solidement argumentés. Si le projet de NDDL prend corps et se révèle être un gouffre sans fond, que dira-t-on aux Français déjà écrasés par la dette publique ? Dans ce projet coûteux et douteux, Vinci a tout à gagner et la France tout à perdre. Il n’est pas trop tard pour revenir sur les engagements pris avec Vinci et éviter de s’enferrer dans un Grand Projet Inutile. Il est temps d’arrêter d’invoquer les seuls intérêts économiques et la croissance comme facteurs de résolution de la crise que nous traversons. Les citoyens qui se mobilisent contre ce projet d’aéroport ne s’expriment pas au nom de leur intérêts privés mais au nom d’une conscience nouvelle, d’une responsabilité partagée face à la crise énergétique, à la crise climatique, à la crise financière et à la crise sociale et financière. Il est scandaleux de lire considérer ces « mouvements d’opposition parfois violents et inacceptables dans une démocratie ». La liberté d’expression ne doit jamais être considérée comme inacceptable dans une démocratie. Nous réclamons un débat public qui ne soit pas une mascarade. Les élus désignés par les citoyens ont la mission de défendre les biens et intérêts publics, ceux du pays et des citoyens face aux intérêts privés. Il est sain et encourageant pour le bon fonctionnement d’une démocratie que l’opinion publique s’empare du sujet et réclame un débat public, et qui ne soit pas du semblant, avec présentation des idées contradictoires et « afin de faire de cette zone de problème un laboratoire de tous les débats qu’il va falloir mener au plus vite sur toutes les transitions industrielles, énergétiques et agricoles urgentes qui nous attendent », comme le réclamaient un groupe d’intellectuels dans une tribune de Libération du 4 décembre 2012. La Commission du dialogue mise en place par le gouvernement doit ouvrir ce véritable débat qui n’a jamais eu lieu, pour étudier et comparer les arguments contradictoires en toute objectivité. La publication de cette réponse et des arguments des opposants au projet serait un pas dans ce sens.

Références Rapport Ce Delft : http://www.rue89.com/sites/news/files/assets/document/2012/02/etude_pertinence_economique_ndl_cedpa_oct11_1.pdf EELV : http://www.ee-cr-pdl.net/dossiers/notre-dame-des-landes/ Gaëlle ROUGIER : http://bretagne.eelv.fr/transports-pour-des-investissements-utiles-et-plus-efficaces/ ATTAC : http://www.france.attac.org/dossiers/nddl-notre-dame-des-landes-vinci-degage http://www.france.attac.org/articles/nddl-laeroport-ne-passera-pas Lettre ouverte de Thierry Masson : http://www.bastamag.net/article2866.html Collectif des Pilotes doutant de la pertinence du projet Notre-Dame des : http://www.agencebretagnepresse.com/fetch.php?id=25816 http://www.journal-la-mee.fr/3183-aeroport-communique-des-pilotes-de Association pour une constituante : http://www.pouruneconstituante.fr/spip.php?article644 Corinne Lepage, Députée européenne : http://www.angersmag.info/Construit-ou-abandonne-l-aeroport-coutera-beaucoup-d-argent--selon-Corinne-Lepage_a6077.html René Leblanc, Maire de Quelneuc (56) : http://7seizh.info/2013/01/18/lettre-de-rene-leblanc-maire-de-quelneuc-56-aux-grands-elus-2-janvier-2013 Pierre Deruelle : http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-deruelle/251112/notre-dame-des-landes-un-projet-de-1967-pour-repondre-aux-defis-de- http://www.pierrederuelle.com/notre-dame-des-landes-un-projet-de-1967-pour-repondre-aux-defis-de-notre-temps/ « Des clercs en soutien aux opposants » par un groupe d’intellectuels, Libération 04/12/2012 « Vols en mégalomanie », par Jens Flottau et Kristina Läsker, Süddeutsche Zeitung, 30/11/2012 Acipa : acipa.free.fr CeDpa : aeroportnddl.fr ZAD : zad.nadir.org