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3 jours chargés sur la ZAD - compte rendu

mardi 13 mars 2012

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Dans l’après midi du lundi 5 mars les locataires d’une maison aux Ardillières déménagent et font l’état des lieux avec le propriétaire, le Conseil Général (CG). Deux heures plus tard le CG fait calfeutrer la maison par une entreprise. Quelques squatteur-euse-s passent et décident de discuter avec les ouvriers. 3 keufs arrivent, les squatteur-euse-s préviennent des potes. Une vingtaine de minutes plus tard plusieurs dizaines de squatteur-euse-s débarquent et investissent la maison, les ouvriers et les flics abandonnent la baraque et s’éloignent, appellent des renforts. Les keufs voient leurs pneus crevés.

À 19h cinq sections de gardes mobiles ont débarqués (venant de direction la Paquelais). Ils ont escorté les gendarmes locaux qui ont d’abord bien tapé dans le tas pour sortir tous le monde du jardin avant d’expulser violemment la maison. Plusieurs personnes ont été blessées. Une physionomiste était présente et appelait plusieurs personnes par leurs soit disant noms.

Dehors environ 80 personnes se sont trouvés en face des lignes de keufs pour soutenir les six personnes restées sur le toit et que la police n’a pas pu évacuer par manque de matériel pour monter sur le toit. À la Paquelais, Vigneux et potentiellement a Fay la police déviait la circulation. Parmi les personnes dans le jardin et dans la maison, 3 ont été placé-e-s en garde à vue. Tous ont été relâchés le lendemain. Une personne a une “composition pénale” pour “installation en réunion sur le terrain d’autrui, sans autorisation, en vue d’y habiter”, en vertu d’un article (CP 322-4-1) visant à réprimer les gens du voyage (lois de sécurité intérieure de 2003, qui amène tout un tas de mesures répressives). Deux autres n’ont pas eu de suite.

Des feux ont été allumés devant les lignes de police et après 20 minutes les pompiers sont arrivés pour les éteindre sous les cris des manifestants : “collaborateurs !” À peine avoir éteint un feu ils se sont retirés. À 23h la police s’est repliée. Avant de quitter la baraque ils ont coupés tous les câbles électriques des radiateurs, coupés les tuyaux de douche et cassé les évacuations sous les lavabos dans la salle de bains. Ils se sont fait caillasser un peu pendant leur retraite et ont fait une dernière charge principalement avec du gaz au poivre.

Le lendemain Presse Océan a reporté qu’a 22h30 la police a expulsé la maison. À 15h le mardi environ le même dispositif policier complété avec une brigade cynophile et la DCRI (Olivier Robin) est descendu. Ils ont essayé de prendre la maison de manière rapide avant que les squatteurs puissent rejoindre le toit. Le passage à l’étage était barricadé avec une planche renforcée avec des grosses pierres dessus.

En arrivant les keufs ont gazé par un petit trou dans la planche et après ils ont accroché un treuil pour arracher la barricade en faisant des sérieux dégâts à l’escalier. Tous les squatteurs présents sont montés sur le toit et personne n’a été interpellé dans la maison. Des barricades ont été construites sur 3 des 5 routes menant aux Ardillières. La police a envoyé des dispositifs sur les barricades et a interpellées les premières personnes qu’elle a pu prendre, ce qui a plutôt fait reculer les autres.

Avant de quitter la baraque la police a gazée les pièces au gaz a poivre. Pendant toute l’opération, également à l’extérieur de la maison, ils ont filmé. On ne sait pas pourquoi ils sont venus sans matériel pour vraiment expulser. Potentiellement par motif d’exercice ou de fichage. Pendant les jours passés on a aussi pu observer régulièrement une voiture bleue foncée banalisée avec 2 keufs en uniforme qui prenaient des photos un peu partout.

Une personne interpellée proche d’une barricade a eu ses empreintes digitales prises de force. Cette personne a été questionnée d’une manière typique : “Faites vous parti du mouvement ?” ; etc. En plus des questions sur les faits.

Pendant l’interrogatoire six portraits lui ont été montrés. L’un d’eux lui correspond. Le keuf lui demande si elle a une remarque à faire. La personne se reconnaît mais préfère juste dire que les six se ressemblent fortement. Le keuf est néanmoins satisfait de cette remarque. Auparavant ces six photos avaient été montrées aux flics présents durant les arrestations. Ils l’ont reconnue parmi les six. Cette remarque permet au flic de confirmer qu’il s’agit d’un « bon » panel grâce à la similitude des photos.

En sortant de la cellule les keufs lui ont pris sa fourchette pour la joindre au dossier pour un prélèvement d’ADN, spécifiant que le procureur a fait cette requête. En sortant de GAV, ils lui disent que la fourchette ne sera finalement pas analysée parce qu’il n’y aura pas de suite.

Dans un autre commissariat, les gendarmes se retrouvèrent confrontés a un refus de fichage et appelèrent le procureur pour avoir des instructions. Leur dossier mentionnait que cette personne était a NDDL depuis 7 mois, qu’elle avait pris part à la plupart des actions et qu’elle était non violente…

Mercredi les gardes mobiles retournèrent le matin à la maison et la trouvèrent vide. Ils étaient accompagnés d’une personne du conseil général et des agents d’ERDF afin de couper l’électricité de la maison. Le responsable du CG (Malleux) demanda aux agents d’ERDF de couper l’électricité d’un squat voisin ouvert un an plus tôt. Les squateur-euse-s si opposèrent directement et suite a l’arrivée de journalistes, Malleux annula l’opération.

Au même moment a un autre endroit de la ZAD deux autres maisons occupées furent perquisitionnées afin de trouver une personne recherchée vraisemblablement par rapport aux deux jours précédents . Ils cassèrent une fenêtre pour rentrer et contrôlèrent les personnes présentes. Un van garé a l’entrée fut forcé et les gendarmes pissèrent sur le lit et volèrent des instruments de musique et ils crevèrent 3 pneus…

Durant toute la journée un hélicoptère survola la ZAD. Dans l’après-midi une fois que la maison fut fermée par les ouvriers deux vigiles furent postés devant la maison avec un contrat jusqu’à la fin du week-end. La nuit, se sentant menacés, les vigiles ont appelés les flics qui ont mis quatre minutes pour arriver.

L’hélicoptère a aussi aperçu des piles de pneus et divers matériels pouvant servir à barricader des routes et les gendarmes les ont enlevés dans l’après midi avec l’aide d’une dépanneuse.

Une vingtaine de personnes sont allés à la gendarmerie de Blain pour demander des informations sur les compagnons arrêtés et exiger leur libération. Une personne détenue pouvait entendre les flics en panique courir partout disant que 50 anarchistes étaient en train d’assaillir la gendarmerie et que leurs gazeuses étaient dans les voitures ! Les gendarmes gazèrent tout le monde y compris eux-mêmes et la secrétaire enceinte à l’intérieur pour faire sortir les personnes de la salle d’accueil. Se sentant menacés ils appelèrent des renforts et 7 camions de gendarmes mobiles sont venus de Nantes. À leur arrivée la plupart des personnes étaient en train de partir, une des voitures ne démarrant pas les gendarmes purent arrêter 2 personnes et les placèrent en GAV à Chateaubriant (chefs d’inculpation : Constitue une rébellion le fait d’opposer une résistance violente à une personne dépositaire de l’autorité publique en réunion). Ils sont convoqués le 15 juin 2012 au tribunal de Saint-Nazaire. Après ça ils fermèrent le portail du parking avec des chaînes et formèrent un cordon de gardes mobiles à l’intérieur de l’enceinte.

Grâce à un regard curieux, nous savons qu’à la gendarmerie de Blain ils font un briefing le premier du mois avant 10h. Ils ont 3 tableaux : violence scolaires, deux roues et NDDL. Sur un tableau velleda il y avait marqué les courses à faire comme les deux nouveaux thermos pour les longes journées à NDDL et aussi une réunion : “3 mars : réu publique de 14h30 a 16h30 à la Vache Rit”. (réunion des citoyens vigilants qui font des piquets hebdomadaires à Nantes devant les institutions réalisatrices du projet d’aéroport). Ils avaient aussi marqué des rondes de biotope.

En total il y eu neuf GAV. Certaines personnes ont été conduites jusqu’à St-Nicolas de Redon, Chateaubriant et d’autres à Blain et Guémené-Penfao.

Portfolio

Affiche d'après l'occupation aux Ardillières