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[Chiapas]communiqué de l’Ejido San Sebastián Bachajón au sujet de l’assassinat du compañero Juan Carlos Gómez Silvano

mardi 25 mars 2014

traduction du communiqué de l’Ejido San Sebastián Bachajón au sujet de l’assassinat du compañero Juan Carlos Gómez Silvano (à diffuser, évidemment) :

DE L’EJIDO DE SAN SEBASTIAN BACHAJON ADHERENT A LA SIXIEME DECLARATION DE LA SELVA LACANDONA, CHIAPAS, MEXIQUE, 23 MARS 2014.

Aux compañer@s adhérents à la sixième déclaration de la Selva Lacandona Aux médias de communication de masse et alternatifs Aux Conseils de Bon Gouvernement A l’Armée Zapatiste de Libération Nationale Au Réseau contre la Répression et pour la Solidarité Au Mouvement « Justice pour le quartier / El Barrio » de New York Aux défenseurs des droits humains mexicains et internationaux Au peuple du Mexique et du monde

Compañeros et compañeras de lutte, le vendredi 21 mars 2014, aux environs de 9h du matin notre compañero Juan Carlos Gómez Silvano a été pris dans une embuscade et cruellement assassiné de plus d’une vingtaine de tirs d’arme de gros calibre, alors qu’il conduisait son pick-up de transport, au niveau du carrefour de San José Chapapuyil, en direction de la communauté autonome « Virgen de Dolores », fondée par notre organisation en 2010. Au moment de son assassinat, Juan Carlos avait vingt-deux ans et avait la charge de coordinateur régional de la Sixième Déclaration de la Selva Landona de l’ejido San Sebastián Bachajón, et il était père d’un bébé de six mois.

Des policiers de la municipalité de Chilón et de la police de l’Etat préventive de l’Etat du Chiapas sont arrivés sur les lieux des faits, où ils ont commencé à prendre photos et vidéo du corps de notre compañero, sans respect pour le défunt et pour sa famille. Le ministère public de Chilón fit alors savoir qu’ils allaient emmener le corps pour pratiquer une nécropsie, mais nous ne l’avons pas permis, parce que notre coutume est ainsi, raison pour laquelle nous l’avons amené pour son repos dans la communauté de Virgen de Dolores, pour lui faire ses oraisons funèbres.

Depuis que nous avons fondé les communautés de Nah Choj et de Virgen de Dolores en 2010, notre organisation a été harcelée à divers moments par l’armée et par la police fédérale préventive. Ils menacent de nous expulser sous la pression de ceux qui se disent être propriétaires, dont parmi eux un ex-président de la municipalité de Chilón, en provoquant la division et l’achat avec leurs miettes des consciences de quelques ex-compañeros comme Carmen Aguilar Gómez Primero et son fils Carmen Aguilar Gómez Segundo qui, quand ils se sont vendus à Noé Castañon, secrétaire du gouvernement du Chiapas de Juan Sabines Guerrero, se sont organisés pour nous expulser de notre guichet d’entrée [aux cascades d’Agua Azul], et pour nous spolier de nos terres, avec la complicité de l’ex-commissaire ejidal de San Sebastián Bachajón Francisco Guzmán Jiménez (alias el goyito).

Le mauvais gouvernement veut en finir définitivement avec nous en assassinant nos compañeros, comme il l’a fait le 24 avril 2013 contre Juan Vázquez Guzmán, en utilisant ses tueurs à gages paramilitaires, qui en toute impunité, de nuit comme de jour, sont capables d’assassiner vilement nos compañeros qui travaillent et luttent pour construire un monde où puissent tenir plusieurs mondes, et qui résistent au jour le jour aux attaques du système capitaliste qui veut nous faire disparaître pour récupérer notre mère-terre, l’eau, les rivières, les cascades et tout ce qui lui sert pour faire plus d’argent, au prix de notre vie et de notre souffrance.

Les véritables délinquants, assassins et corrompus sont les politiciens des partis qui assis sur leur siège de gouvernants, bien qu’étant à leur poste grâce à la fraude et à l’achat de votes, considèrent qu’ils sont les propriétaires et seigneurs de ce qui existe sur nos terres. Chaque jour ils veulent devenir un peu plus riches et ils s’en foutent du nombre d’indigènes qu’il faut tuer pour y arriver. C’est le cas entre autres du président municipal de Chilón Leonardo Guirao Aguilar, du parti vert écologiste, un des responsables de la spoliation de nos terres, qui a financé l’achat des armes du groupe armé dirigé par Carmen Aguilar Gómez Primero, Juan Alvaro Gómez et Manuel Jiménez, qui ont expulsé nos compañeros du guichet d’entrée en février 2011.

Notre organisation a eu la dignité de continuer à se maintenir debout pour lutter et défendre son village, malgré que nous ayons eu beaucoup de compañeros incarcérés et assassinés, nous n’avons pas peur parce que nous sommes sur le chemin suivis par nos grands-pères et nos grands-mères, nos ancêtres nous ont donné la sagesse pour lire les signaux de la vie et ceux des temps, les mauvais gouvernements vont et viennent, mais nous les villages qui avons résistés, nous sommes debout à lutter, et nous continuerons quoi qu’il en coûte.

C’est ce qu’un jour a dit notre compañero Juan Vázquez Guzmán : notre lutte est pour la vie de notre village, parce que nous voulons continuer à être ce que nous sommes. A presque un an de l’assassinat de Juan Vázquez Guzmán, le mauvais gouvernement envoie ses assassins blesser notre communauté Virgen de Dolores, qui est née de beaucoup d’efforts et de sacrifices, mais où aujourd’hui les milpas et les fruits de la bonne mère-terre croissent et donnent de quoi manger à nos enfants. Le compañero Juan Carlos Gómez Silvano fut partie prenante dans la fondation et la construction de l’autonomie de la communauté Virgen de Dolores, sa participation et son travail pour l’organisation et la communauté ne vont jamais s’oublier, parce que nous l’emmenons avec nous dans nos cours.

Manuel Velasco Coello et Enrique Peña Nieto se trompent s’ils pensent en finir avec nous avec la violence et la répression, notre organisation est prête pour résister et continuer à construire l’autonomie qui a été niée par la loi et par les faits aux communautés indigènes.

Nous saluons toutes les démonstrations de solidarité et de soutien à notre lutte de la part d’organisations mexicaines et internationales. Nous les hommes et les femmes de San Sebastián Bachajón nous voulons vous dire que nous sommes attentifs aussi à votre parole et à votre lutte : depuis notre géographie nous maintenons notre poing levé en solidarité avec vous.

Depuis la zone nord du Chiapas, recevez une embrassade combative.

Jamais plus un Mexique sans nous.

Bien à vous

Terre et liberté ! Zapata Vive ! ¡Hasta la victoria siempre ! Presos políticos ¡Libertad ! ¡Juan Vázquez Guzmán Vive, la Lucha de Bachajón sigue ! ¡Juan Carlos Gómez Silvano Vive, la Lucha de Bachajón sigue ! ¡Non à la spoliation des territoires indigènes !

(trad. siete nubS)

note :

l’ejido est une structure de gestion collective des terres mise en place après la révolution mexicaine au début du 20e siècle. Bien que les terres soient le souvent cultivées dans le cadre familial, la terre ne peut théoriquement pas être vendue ni cédée, et toutes les décisions doivent être théoriquement prises par accord général de l’assemblée des ejidatarios qui le constitue.

https://vivabachajon.wordpress.com

il y a une section en français : https://vivabachajon.wordpress.com/en-frances/

et de nombreuses vidéos, beaucoup non traduites, dont "Tierra y Resistencia en San Sebastián Bachajón, Chiapas, México" de Tejemedios : https://vivabachajon.wordpress.com/videos/