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Communiqué du SLB : face à la répression du combat anti-aéroport, organisons la riposte !

dimanche 17 août 2014

Les mois précédents ont vu s’enchaîner les arrestations et les condamnations faisant suite à la manifestations anti-ayraultport à Nantes du 22 février dernier. Ainsi plus d’une trentaine de personnes ont été interpellées à ce jour. Deux ont été condamnées à au moins un an de prison ferme, d’autre à plusieurs mois. Face à la faiblesse, sinon à l’absurdité, des dossiers montés par l’accusation, la justice condamne à des peines dont la disproportion est aberrante. Ici un an ferme pour le jet d’un fumigène artisanal et de deux ou trois cailloux, là à quatre mois de taule pour la tentative de vol de deux livres dans une grande surface, intervenue plusieurs mois après les faits, et la possession pendant la manif d’un bâton de berger.

La manifestation du 22 février, par son ampleur populaire (50 000 personnes dans les rues), son mot d’ordre pour la défense des terres cultivables et d’une agriculture paysanne en Bretagne, et son impact sur le pouvoir central et bourgeois français, fait déjà date dans l’histoire du combat social mené par notre peuple pour son droit à vivre et à décider au pays. Cela à l’instar du combat contre la centrale nucléaire de Plogoff, de la grève du lait et du Joint français, de la grande manifestation des marins-pécheurs du 4 février 1994 à Rennes, où encore du combat anti-CPE. De manière plus large, la force et l’unité inédites du mouvement contre l’aéroport et son monde, ainsi que leur potentiel d’élargissement et de contagion, font trembler le pouvoir en place et ses vassaux locaux. Comme à chaque fois, ceux-ci cherchent donc à se défendre en criminalisant, en mutilant, et en emprisonnant.

A la suite du 22 février, Valls à pointer du doigt les agissements de "Blacks Bloc" qui seraient en partie issus de "pays étrangers", et composés "d’individus très violents", seulement venus pour commettre "des exactions". Par cette manœuvre il cherche à diviser le mouvement en créant artificiellement des méchants casseurs violents, desquels devraient se démarquer les pseudos bons manifestants. Il cherche aussi à instiller la peur dans l’opinion, en affirmant l’existence d’un dangereux ennemi intérieur tapi dans l’ombre. Certains élus d’EELV ou du Front de gauche n’ont d’ailleurs pas hésité à lui emboîter le pas dans ce sens, ce qui, pour nous, est inacceptable. La réalité est bien sur tout autre, et le décalage entre ces propos et le profil des personnes condamnées le démontre. Quasi toutes vivent en Bretagne, et ont prouvé leur engagement dans la lutte contre l’aéroport, sur le terrain, dans les comités locaux, ou encore en faisant vivre la ZAD. Et toutes ont été condamnées pour des motifs futiles. Face à cela les procureurs peuvent bien répondre que c’est parce que seuls quelques "lampistes" ont pour l’heure pu être arrêtés – tremblez bonnes gens, les vrais barbares du 22 févriers courent toujours. Ils peuvent toujours chercher, car le 22 nous étions 50 000 lampistes dans les rues de Nantes.

De fait, les conséquences de la manif du 22 ne résultent pas de l’action d’une minorité "de supers casseurs", qui seraient aujourd’hui toujours dans la nature. Elles sont le fruit de la répression d’un vaste mouvement populaire. Ce jour là, ceux d’entre nous qui avaient décidé de se défendre contre la violence policière, et de s’attaquer de manière plus directe à l’aéroport et son monde, ont été couverts par plusieurs dizaines de milliers d’autres personnes, restant solidairement en retrait, et les regardant agir avec sympathie. Quand un espace résiste depuis plusieurs années à l’agression policière. Quand 50 000 personnes se retrouvent bloquées dans la rue par une armée de CRS. Quand on expulsent des paysans et des anciens de leurs fermes et de leurs maisons. Il ne faut pas s’étonner que la colère sociale s’exprime, que les pierres volent, et que certaines vitrines symbolisant l’ordre dominant volent en éclat. De nombreuses luttes ouvrières, paysannes, ou de marins l’ont déjà prouvées par le passé. Cela sans que l’on évoque pour autant la responsabilité des "Black Bloc". En témoigne par exemple les affrontements intervenus autour de la préfecture de Quimper, lors de la grande manifestation des Bonnets rouges.

Du reste les dégâts matériels du 22 sont plus qu’à relativiser. Ce jour là le verni du centre ville bourgeois de Nantes n’a été qu’égratigné, quand sur la ZAD c’est toute une zone de vie que l’on veut définitivement détruire. Les cibles choisies (agence Vinci, banques, assurances …) l’on largement été pour leurs liens avec le capitalisme ultra-libéral et mondialisé, dans lequel s’inscrit le projet d’aéroport. Ce n’était largement pas de simples boutiques, comme l’on affirmé le gouvernement et nombre de médias. Enfin le lendemain le tram fonctionnait normalement. Dans le même temps trois personnes ont perdu un œil et ont été mutilées à vie, du fait de la brutalité policière. Ne nous flagellons pas et ne nous divisons pas pour quelques dégâts matériels et réversibles, et sous les injonctions morales du pouvoir pro-aéroport. Cela revient à faire le jeu des tenants du projet. Car la vraie violence se trouve du coté de ceux qui s’accaparent toujours plus les richesses, expulsent, et mutilent. Le syndicat CGT Nantes-Métropole représentant les travailleurs territoriaux nantais, chargés de nettoyer après la manif, ne s’y est d’ailleurs pas trompé, en refusant que le travail de leurs syndiqués soit instrumentalisé par les élus pro-aéroport [1]1, et en se plaçant clairement du coté des manifestants.

Bien sur on peut toujours débattre de la pertinence de telle ou telle action au cour d’une manif. Mais nous considérons que c’est le résultat dans son ensemble qu’il faut regarder. Et à ce titre la mobilisation du 22 février est une véritable réussite. Dans la continuité de la grande manifestation de réoccupation et de la mise en déroute de l’intervention policière sur la ZAD, elle a permis de réaffirmer clairement l’ampleur et la puissance du mouvement contre l’aéroport. Du reste la victoire en cour du combat mené sur la ZAD prouve, une fois de plus, que si elle est utile, la voie légaliste ne suffit pas, et que seul l’établissement clair et solide de rapports de force avec le pouvoir paie.

Nous appelons donc l’ensemble du mouvement, et notamment l’ACIPA, à faire clairement front uni derrière tout les inculpés comme l’ont déjà fait COPAIN 44 et un nombre croissant de comités locaux. Servons nous de la répression comme d’une arme pour nous souder encore davantage, pour renforcer la lutte, et pour l’élargir.

HEP KENGRED FRANKIZ EBET

SLB Skol-Veur Naoned, SLB Skol-Veur Roazhon.