Zone A Défendre
Tritons crété-e-s contre béton armé

Accueil > Camarades de lutte > Luttes contre le monde qui veut cet aéroport > Meurtre de Rémi Fraisse : qui a fait censurer la conférence de presse du (...)

Meurtre de Rémi Fraisse : qui a fait censurer la conférence de presse du procureur d’Albi ?

vendredi 31 octobre 2014

Meurtre de Rémi Fraisse : qui a fait censurer la conférence de presse du procureur d’Albi ?

Lundi 27 octobre 2014, début d’après-midi : les chaines "d’infos" BFMTV et iTélé commencent à annoncer tous les quart d’heure la retransmission en direct de la conférence de presse du procureur d’Albi, prévue à 16 heures. Visiblement, elles s’apprêtent à sortir leur grand jeu, habituel lorsqu’un évènement exceptionnel survient. Au JT de seize heures, sur BFMTV, on a vu le procureur entrer dans la salle, et entendu "restez avec nous, la conférence de presse va commencer dans quelques minutes". SAUF que la conférence de presse du procureur d’Albi n’a JAMAIS été diffusée, ni sur BFMTV, ni sur iTélé !

De seize heures à 17 heures, RIEN ! Et pourtant, les rédactions parisiennes suivent visiblement la retransmission en direct puisque les deux chaînes affichent quand même quelques extraits choisis des propos du procureur sous l’image de l’enterrement du PDG de Total mort mazouté par sept tonnes de kérosène en flammes, à Moscou. Ni BFMTV ni iTélé n’ont expliqué pourquoi elles ont au tout dernier moment annulé le direct prévu et annoncé ! Que s’est-il passé ? Deux chaînes "d’information" auraient-elles sans se concerter renoncé simultanément, à la toute dernière minute, et sans se concerter, à un direct annoncé depuis le début d’après-midi ? Tsss ...

Les récits des témoins présents lors du meurtre de Rémi Fraisse sont accablants ( http://www.reporterre.net/spip.php?article6496 ). La nuit où Rémi a été tué, il y aurait eu une dizaine de blessés, dont 5 auraient été évacués. D’après le procureur d’Albi, Rémi "a été touché dans le dos par une explosion qui l’a jeté à Terre, et tué sur le coup". D’après les témoins, des gardes mobiles sont venus chercher Rémi et l’ont trainé : "à la façon dont ils l’ont attrapé, il semblait inerte. [...] Environ vingt minutes plus tard, on a vu un gyrophare bleu. Ca semblait être des pompiers. C ?était avant quatre heures du matin.". Selon un autre témoignage, publié sur le site de BFMTV ( http://www.bfmtv.com/societe/barrage-de-sivens-remi-a-ete-t-842721.html ), "Rémi "était très proche des gendarmes" quand il a été tué. Des témoins l’ont vu recevoir des grenades. Il s’est effondré. Ensuite, il a été tabassé à terre par les gendarmes. Puis ils l’ont traîné". Ce témoignage est corroboré par une photo publiée par le site Reporterre montrant une flaque de sang là où Rémi a été tué et les traces au sol du jeune homme traîné par les gendarmes. Selon "le Figaro", "le corps aurait été découvert par les gendarmes vers deux heures du matin", qui lui auraient "prodigué les premiers soins". Selon la préfecture du Tarn, « Les sapeurs-pompiers sont intervenus rapidement mais n’ont pu que constater le décès de la victime » ( http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/10/26/01016-20141026ARTFIG00043-un-corps-decouvert-apres-la-manifestation-contre-le-barrage-de-sivens.php ). Les résultats d’autopsie communiqués par le procureur d’Albi semblent indiquer que Rémi a été victime d’un tir dans le dos d’une grenade offensive à l’aide d’un lance-grenade de 56mmm ("lance-grenade de type F1"), une arme de guerre qui fait partie de l’arsenal policier depuis 2004, date à laquelle Nicolas Sarkozy a décidé de doter les forces de répression d’armes de guerre incluant lance-grenades et fusils de sniper (cf. décret n° 2011-795 du 30 juin 2011 et article 431-3 du code pénal).

Ces armes ont-elles été utilisées dans un cadre prévu par la loi ? C’est peu probable bien que cela ne change pas grand chose, un assassinat légal reste un assassinat.

Une note du Directeur central de la sécurité publique du 24 décembre 2004 indique que les DMP (grenades) ne doivent être employés que « dans un cadre d’autodéfense rapprochée et non pour le contrôle d’une foule à distance ». De plus, les témoins affirment "qu’à partir de trois heures avant la fin des affrontements, il n’y avait plus de sommations avant les tirs de grenades. », ce qui est illégal puisque la loi impose des "sommations d’usage" strictement précisées par l’article 431-3 du code pénal (Modifié par le Décret n°2011- 794 du 30 juin 2011 - art. 1).

Si les gendarmes ont "prodigué les premiers soins" à Rémi, c’est donc qu’il n’était pas mort sur le coup, ce qui contredit les déclarations du procureur. Si comme l’a dit un témoin les pompiers ne sont intervenus que ving minutes après que Rémi ait été trainé par les gendarmes, c’est donc qu’ils ne sont pas intervenus si "rapidement" que l’a affirmé la prefecture du Tarn...

On le voit, le flou sur les circonstances de la mort de Rémi Fraisse est savamment orchestré pour camoufler l’assassinat. Sinon, comment expliquer le renoncement inédit, au denier moment, de deux chaines "d’info en continu" à diffuser un direct annoncé à grands roulements de tambours depuis le début de l’après-midi ?

Y’a t-il eu des pressions de l’exécutif pour censurer le pouvoir judiciaire et les médias, ou l’état a t-il carrément utilisé la "procédure évènement grave", une procédure de censure des médias prévue en cas d’invasion du pays ou de crimes perpétrés dans une caserne ? (cette procédure de censure censée être classée "confidentiel défense" a été évoquée récemment dans un documentaire télévisé consacré à l’explosion de la "maison des têtes" à Toulon).

Témoignages et photos : http://www.reporterre.net/spip.php?article6496 Armes de guerre utilisées par la police depuis leur autorisation par Sarkozy : http://zad.nadir.org/IMG/pdf/ARMEMENTSPOLICE_A3.pdf