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¡Juan Vázquez Guzmán reste vivant dans nos cœurs !

samedi 25 avril 2015

Le 24 avril dernier, hommage était rendu chez lui á Juan Vázquez Guzmán, ancien porte-parole de la lutte menée par les adhérents de la Sexta de la communauté tzeltale de Bachajon (Chiapas), assassiné il y a deux ans sur le pas de sa porte de 6 coups de feu. (voir https://www.youtube.com/watch?v=OElcFLiU9-Y)

Juan avait alors 33 ans, et était le pere de 2 enfants, aujourd’hui agés de 6 et 8 ans. Il laisse á beaucoup la marque indélébile de son éternel sourire et, plus que tout, l’exemple d’un engagement et d’une conviction sans failles dans la lutte, non seulement pour la défense des terres collectives de son village, San Sébastian Bachajon, mais aussi, plus largement, pour la défense d’un monde composé de nombreux mondes, contre les ravages occasionnés par le tourisme de masse, les autoroutes, et tous les grands projets de réaménagement capitalistes.

Ses paroles et ses analyses des dangers pesant sur sa communauté restent lumineuses, et méritent d’etre écoutées et partagées pour continuer á inspirer la lutte... voir ce bel entretien ici : https://www.youtube.com/watch?v=vwcZFefjTck

(d’autres vidéos gardant trace de sa mémoire sont compilées ici : http://espoirchiapas.blogspot.mx/2015/04/a-2-ans-de-lassassinat-de-juan-vazquez.html#more).

En solidarité avec la lutte de Bachajon et en hommage a Juan Vazquez Guzman, une lettre, reproduite plus bas, signée par différents individu.e.s et collectifs francophones, a été remise le 24 avril dernier aux adhérents de la Sexta de San Sébastian Bachajon et á sa famille aprés la cérémonie.

Merci de la rediffuser dans vos réseaux...

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Il est cependant important de rappeler auparavant que, deux aprés, les assassins de Juan Vazquez Guzman n’ont toujours pas été inquiétés, et que la répression contre les adhérents á la Sexta de Bachajon est toujours aussi dure depuis :

- Le 21 mars 2014 de l’année derniére, un autre habitant de Bachajon vivant sur les terres récupérées dites de "Virgen de dolores", Juan Carlos Gomez Silvano, était assassiné.

- Le 16 septembre 2014, le frére de Juan Carlos, Juan Antonio Gómez Silvano, son cousin Mario Aguilar Silvano, et un ami á eux, Roberto Gómez Hernández, étaient arrétés, torturés et incarcérés par la police municipale locale, dont l’implication de certains membres dans l’assassinat de Juan Carlos Gomez Silvano a été reconnue au niveau judiciaire.

Avec Santiago Moreno Perez, incarcéré depuis 2009, Esteban Gomez Jimenez, incarcéré en 2013, et Emilio Jimenez Gomez, incarcéré en juillet 2014, cela porte á 6 le nombre de prisonniers de la Sexta de San Sébastian Bachajon actuellement incarcérés.(suivre la campagne pour leur libération auprés des 3 passants : liberonsles@riseup.net https://liberonsles.wordpress.com/campagne-pour-san-sebastian-bachajon/)

- Depuis la derniére tentative de la Sexta de San Sébastian Bachajon, le 22 décembre 2014 dernier, de réoccuper le guichet d’accés aux cascades d’Agua Azul et toutes les terres avoisinantes que le gouvernement cherche á s’accaparer, des opérations policiéres de plusieurs centaines de flics ont á chaque fois été envoyées pour les en expulser, provoquant plusieurs blessés, et surtout un déploiement de forces permanent, recourant á la censure de l’information (voir les menaces proférés contre les médias libres, ici : http://espoirchiapas.blogspot.fr/2015/03/les-medias-libres-du-chiapas-attaques.html), ainsi qu’á la destruction et á l’incendie pour tenter de mettre un terme aux revendications de récupération des terres, comme cela a été le cas le 21 mars dernier.

Une vidéo du collectif de médias indépendant Koman Ilel, sous-titrée ici, fait le point sur ces derniers évenements : https://www.youtube.com/watch?v=-4Tl8wXyGe4

Tout cela, dans un contexte oú le gouvernement mexicain, depuis juillet 2014, multiplie les déclarations quant á la prochaine réactivation du projet de construction de complexes hoteliers dans la zone de Palenque/Agua Azul au travers d’un fonds d’investissement fédéral, la FONATUR, ainsi que du projet d’autoroute San Cristobal - Palenque. Dans cette derniére ville, l’aéroport, qui vient d’etre agrandi et remodelé, s’appréte á recevoir des liaisons touristiques depuis tout le Mexique au travers d’EasyJet, une des principales compagnies de charter mexicaine.

La lutte assumée par Juan Vázquez Guzmán contre les grands projets touristiques et autoroutiers est donc plus que jamais d’actualité...

La solidarité contre la répression, et l’alliance des mondes en lutte contre ce systéme est, elle aussi, toujours aussi nécessaire.

La lucha vive

Aux adhérents de la Sexta de l’ejido (terres collectives) de San Sébastián Bachajón

A l´EZLN, aux bases de soutien zapatistes et au conseil de bon gouvernement zapatiste « cœur de l’arc en ciel de l’espoir » du caracol IV Tourbillon de nos paroles

Au Congrès National Indigène et à toute la Sexta

A la famille de Juan Vazquez Guzman

Compañeras et compañeros :

Alors que la répression contre les habitants des terres collectives de San Sébastian Bachajón est chaque fois plus forte, de notre côté, nous constatons comment les entreprises transnationales du tourisme et le gouvernement mexicain cherchent à tout prix à investir au Chiapas, pour pouvoir démultiplier leurs gains.

Nous voyons comment, dans nos pays, les agences touristiques et la publicité cherchent à vendre des voyages à Palenque, aux cascades d’Agua Azul et à la forêt tropicale Lacandon, qu’ils présentent comme une espèce de « paradis perdu ». Pour cela, les multinationales du tourisme profitent du malaise des employés des villes occidentales qui vivent tout le temps dans un environnement de béton, sans « milpas », sans jardins, ni montagnes ni animaux sauvages, noyés dans le stress et l’ennui de la vie urbaine. Beaucoup d’européens achètent très cher ces voyages de deux semaines vers le Mexique, le Chiapas, Palenque et les cascades d’Agua Azul, sans savoir ce qui s’y passe véritablement, ni se rendre compte que si on nous vend du rêve si facilement, c’est que dans les grandes métropoles occidentalisées, on nous dépossède de nos vies et de notre environnement.

Les grands investisseurs, le gouvernement du Chiapas, la FONATUR, le gouvernement fédéral mexicain et tous leurs valets corrompus se rendent bien compte du bénéfice qu’ils peuvent tirer de cette condition, et en conséquence, ils cherchent à tout prix à s’emparer des terres tropicales des communautés tzeltales des alentours de Palenque et d’Agua Azul, pour pouvoir y construire des hôtels et des parcs aquatiques, car ils ont calculé que cela leur rapporterait des millions.

Mais, grâce à la lutte de San Sebastián Bachajón, grâce à celle contre la construction de l’autoroute San Cristobal-Palenque, grâce à la lutte des compas zapatistes de Bolón Ajaw et de beaucoup d´autres communautés, nous sommes de plus en plus nombreux à nous rendre compte de la vérité qui se cache derrière ces fausses publicités.

Nous nous rendons compte que pour construire leurs nouveaux hôtels, c’est vos terres, vos territoires, vos cascades, vos ruines et vos ressources naturelles que les gouvernements et les entreprises transnationales du tourisme cherchent à vous spolier.

En France, depuis nos réalités et depuis nos luttes, nous avons une pensée émue pour Juan Vásquez Guzmán, qui a tant fait pour diffuser ce qui se passe à San Sebastián Bachajón et pour dénoncer toutes ces tentatives d’expropriation. Nous nous rappelons notamment le forum organisé au CIDECI en novembre 2012, où ont été tout autant dénoncées les expropriations et les mégaprojets à l’œuvre a Bachajón, à Tila et dans d’autres parties du Chiapas, que les opérations de police en France à Notre Dame des Landes pour imposer la construction d’un aéroport sur 1500 hectares de terres agricoles, ou bien la répression et l’expropriation du Val de Susa en Italie, où ils veulent perforer les montagnes sur 50 km pour imposer la ligne de chemin de fer d’un train à grande vitesse.

Nous nous rappelons la douleur et la rage d´impuissance que nous avons ressenti, quand nous avons appris, le 24 avril 2013, que Juan Vásquez Guzmán avait été assassiné sur le pas de sa porte.

Tout autour de nous, nous voyons aussi comment le système et ses polices assassinent des gens du peuple en toute impunité, comme cela a lieu bien trop souvent en France dans les banlieues. Comme cela s’est passé pour Lamine Dieng, Ali Ziri, Amine Bentounsi, Wissam el Yamni, Youssef Kaïf et tant d’autres. Comme cela s’est passé aussi le 26 octobre 2014 dernier, avec le jeune Rémi Fraisse, que la police a assassiné pour avoir manifesté contre un projet de barrage et de destruction d’une forêt dans le sud-ouest de la France.

À 2 ans de l’assassinat de Juan Vázquez Guzmán, le 24 avril 2013. À un an de l’assassinat de Carlos Gómez Silvano, lui aussi originaire de San Sebastián Bachajon, le 21 mars 2014, et de celle du compa zapatiste Galeano, originaire de la Realidad, le 2 mai 2014. À plus de 6 mois de la répression et de la disparition des 43 étudiants d’Ayotzinapa. A quatre mois du festival mondial des résistances et rébellions contre le capitalisme, où vous avez annoncé la reprise des terres dont vous aviez été dépouillés par le gouvernement mexicain, et un mois après l’expulsion cruelle et l’incendie des bâtiments du tout nouveau siège régional de la Sexta á San Sebastián Bachajón, le 21 mars passé, nous vous disons :

Compas. Bien que nous soyons loin, et qu’il soit difficile de réussir à empêcher l’avancée de la machine de mort et de destruction, et bien que les paroles ne puissent pas guérir la douleur d’un assassinat infâme… Sachez que vous n’êtes pas seuls, et que votre douleur fait partie de notre douleur.

Sachez que votre lutte est aussi la nôtre, parce que nous luttons pour ces autres mondes où nous pourrons tous vivre dans l’égalité, sans injustice, sans expropriation, sans assassinats, sans violences policières, sans disparitions forcées, sans patrons ni gouvernement qui nous oppriment.

Sachez donc que pour nous, votre victoire sera partie de notre victoire collective !

Dans ces moments difficiles, nous vous faisons parvenir tous les encouragements que nous pouvons. Toute la tendresse que nous possédons, tous nos témoignages de sympathie face à l’injustice, et toute notre digne rage aussi.

Vous n’êtes pas seul.e.s compañeros et compañeras !

Depuis nos luttes et nos depuis propres tranchés :

Vive la lutte de San Sebastián Bachajón !

¡Juan Vázquez Guzmán reste vivant dans nos cœurs !

Signataires pour le moment :

- Siete Nubes (Paris-Mexico),
- MutVitz13 (Marseille)
- l’assemblée des habitant.es de la Zone A Défendre de Notre-Dame des Landes du jeudi 23 avril 2015 (ZAD NDDL, ouest de la France)