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Urgence menace d’expulsion ZAD de la ferme des bouillons

dimanche 16 août 2015

Main basse sur la ZAD de la ferme des Bouillons !

Ça bouge aux Bouillons. Il y a un an, avec le reclassement du site en Zone Naturelle Protégée et la fin du permis de démolir détenu par la société Immochan, la vocation agricole de la ferme était confirmée et légitimée. Une première victoire pour l’Association de Protection de la Ferme des Bouillons, mais pas la fin du combattait, selon nous, à garantir que la ferme sauvée du béton serait le support d’activités durables et généreuses, articulées dans une logique de bien commun.

Les membres de l’association et les occupants ont alors orienté leurs travaux dans deux directionshat collectif du site, avec le soutien du mouvement Terre de Liens, et rédaction d’un projet global pour la ferme, alliant agriculture biologique, circuits courts, formation, éducation populaire et culture événementielle, dans la droite ligne de ce qui avait été entrepris dès les premiers jours de l’occupation. Ce projet a été rendu public au printemps 2015, avec des porteurs de projets identifiés. Dernier obstacle à sa concrétisationpropriété du site, toujours aux mains du groupe Auchan.

Le 24 juillet 2015, nous apprenons que la ferme fait l’objet d’un compromis de vente entre la société Immochan et une Société Civile Immobilière (SCI) « In Memoriam ». Résolus à ne pas laisser partir la ferme entre n’importe quelles mains, nous engageons avec la Confédération paysanne et Terre de Liens Normandie la démarche qui a été choisie : saisir la Société d’Aménagement Foncier et d’Établissement Rural (SAFER), arbitre des transactions en matière de foncier agricole. Enjeuenir de la SAFER qu’elle use de son droit de préemption, pour étudier dans la transparence tous les projets qui se porteraient sur la ferme, y compris le nôtre. La SAFER disposant de deux mois après signature du compromis de vente pour préempter, et celui-ci ayant été signé le 2 juillet, l’instruction d’une demande de préemption doit se faire dans le courant du mois d’août. Il y a donc urgence à agir.

À l’occasion d’une première prise de contact, la SAFER nous informe qu’une demande de préemption sur ce dossier serait difficilement envisageable. Après un appel à un rassemblement de protestation, et au vu des arguments présentés, la SAFER accorde finalement un rendez-vous, ce mercredi 29 juillet, à Terre de Liens, la Confédération paysanne et Romain, maraîcher et porteur d’une partie du projet agricole défendu par l’association. De ce rendez-vous, deux éléments ressortentla SAFER veut l’aval de la Direction Régionale à l’Agriculture, l’Alimentation et la Forêt (DRAAF), et donc in fine du préfet, pour exercer son droit de préemption ; 2) elle ne voit pas pourquoi préempter, le projet porté par la SCI étant un projet d’installation en permaculture, avec potager pédagogique et point de vente. Un excellent projet, en effetst presque le nôtreest-ce qui nous chagrine, alors la décision de la préfecture devait être confirmée, elle constituerait un véritable déni de démocratie. Les pouvoirs publics et les organisations professionnelles agricoles entérineraient les tractations secrètes entre Auchan et la famille Mégard en adressant une fin de non-recevoir à notre mouvement, qui après avoir sauvé la ferme du béton s’employait avec obstination à lui dessiner un avenir écologique et collectif. Dans les médias, Thibault et Baptiste Mégard (de la SCI « In Mémoriam ») s’évertuent à présenter un profil de jeunes entrepreneurs familiaux épris de nature. Tout à son business-plan sur cinq ans, Thibault Mégard, gérant de la SCI, en oublie de mentionner certaines de ses activités qui ne seront pourtant pas sans répercussions sur le devenir des Bouillons si son projet venait à se réaliser.

Il est gérant de l’entreprise d’aménagement paysager Œuvre d’Arbre, et est également à la tête de quatre autres sociétés actives dans les domaines de la promotion immobilière et l’aménagement de surfaces commerciales, dont « In Memoriam » déclarée le 9 juillet 2015 pour le rachat des Bouillons. Si nous ne connaissons pas à ce jour la réalité de leurs opérations, le profil que ces activités dessinent ajoute à nos alarmes quant à la forme sociétaire retenue pour leur projet d’acquisition SCI (Société Civile Immobilière) peut être revendue jusqu’à 99%e autre sans la possibilité pour l’Etat et la Safer de pouvoir préempter. La continuité de l’activité agricole à vie sur la ferme ne sera plus garantie. Seul le rachat par notre partenaire Terre de liens, via sa fondation reconnue d’utilité publique, assurera le maintien de l’activité agricole « ad vitam aeternam » !

Ce jeune patron est également un militant revendiqué de la droite radicale et traditionaliste rouennaise, comme l’a révélé Ras L’Front Rouen il y a quelques jours. Il s’est en effet présenté aux élections législatives de 2007 sous les couleurs du Mouvement pour la France de Philippe de Villiers, en tant que suppléant d’Hubert de Bailliencourt. C’est avec ce même Bailliencourt qu’il a organisé la tenue d’une conférence d’Eric Zemmour à Rouen il y a quelques mois. Nous ne lui contestons pas le droit d’avoir des opinions politiques. Nous affirmons que cette tentative de reprise en main d’un lieu devenu emblématique par un responsable de mouvement politique aux valeurs radicalement opposées aux nôtres constitue une provocation.

« PMEre zadistes »iment ? Cette formulation occulte les intérêts d’Auchan et de la famille Mulliez, avec lesquels Thibault Mégard entretient des liens au moins politiques. En 2014, il était candidat aux élections européennes sur une liste « apolitique » aux positions droitières, « citoyens »tête de liste étant André-Paul Leclercq, directeur du développement pour Auchan en Europe de l’Est, et membre de la famille Mulliez, première richesse familiale de France, notamment propriétaire des groupes Auchan, Decathlon, Leroy-Merlin, Flunch, Kiabi et à 80 autres enseignes commerciales.

Les Mégard, simples outils des Mulliez employés pour laver l’affront et reprendre la main sur les Bouillons ? Cela expliquerait en tout cas le prix invraisemblablement bas du compromis de vente, et la légèreté avec laquelle Auchan accepte de perdre environ 600 000 euros. Bénéficieront-ils également de la pépinière d’entreprises Mulliez pour monter leur activité de distribution de produits locaux en bénéficiant de leurs capitaux ?

Voilà bientôt 3 ans que nous occupons la ferme, occupation inspirée par la ZAD de Notre Dame des Landes à la suite de la manif’ de réoccupation de novembre 2012. Trois années traversées par de multiple collectif, événement, chantier … En plus de l’implantation de Romain Pavot, maraîcher bio bientôt sans terre, nous souhaitons que ce lieu vive toujours de lutte, que la ferme soit lieu d’organisation collective et de création.

Nous appelons tous les collectifs des ZAD à suivre attentivement la situation aux Bouillons et à se tenir prêt à nous soutenir, sur place ou au moyen d’actions menées sur vos territoires.

Ils sont l’ordre mort, nous sommes le désordre vivant