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Récits et communiqués suite au carnaval du 6 février à Rennes

vendredi 12 février 2016

Une adresse mail est mise en place pour récolter les récits de victimes ou témoins de violences policières ce 6 février  : temoin6fevrier@riseup.net

Communiqué du COMITE ZAD de RENNES

« A tous les groupes qui ont organisé cet événement,
à tou.te.s celles et ceux qui y ont participé,
à tou.te.s celles et ceux qui souhaitent nous rejoindre

Nous souhaitons revenir sur la journée de samedi.

La construction et la préparation de cette journée était largement ouverte et nous soulignons la multiplicité des groupes qui ont contribué à cette élaboration collective.

Nous nous réjouissons d’avoir porté la lutte de la ZAD en ville de façon festive mais néanmoins déterminée, afin de signifier au gouvernement que plus il s’entêtera à poursuivre ses absurdes desseins, plus large sera la résistance ?. Il s’agit d’appuyer autant sur la dimension de la lutte anti aéroport que sur ce que la ZAD représente pour nous en terme de perspectives émancipatrices.
Un banquet organisé en collaboration avec COPAIN 35 était en partie alimenté par des produits de la ZAD. Pour la suite nous avions prévu un défilé carnavalesque ponctué de jeux et d’actions symboliques scénographiées ;

A en juger par le nombre de participants (un bon millier au départ du carnaval), la façon dont il se sont pris au jeu (par leurs déguisements, leur enthousiasme, …) et les applaudissements lors du banquet, cette journée du samedi, a été une réussite.

Ceci n’était pas gagné d’avance. La présence de deux cordons de policiers sur-équipés à 20m à peine des tables où nous mangions installait d’emblée un climat très hostile. A l’heure de l’état d’urgence, leur dispositif interdisant l’accès à l’hyper-centre et leur posture menaçante étaient une tentative de plus de museler toute expression politique. Félicitons nous d’avoir tenu ce RDV.

Nous ne sommes pas dupes, quelque soit la façon dont se serait déroulé le carnaval, les dites « forces de l’ordre » semblaient bien avoir pour objectif de le mener à la fin que nous lui connaissons.
Comme se fut relayé par France-info dans l’heure qui a suivi ; la police ayant été atteinte par des œufs de peinture répliqua aussitôt par des tirs massifs de gaz visant sans distinction les manifestants et les passants. Nous tenons à rajouter à ces observations la férocité de l’intervention policière dont ont été les uns la cible, les autres les témoins ; bastonnades de personnes isolées et au sol, tirs de flash-ball en rafales, charges ultra-violentes sur des manifestants en fuite parmi lesquels on note la présence d’enfants, chants guerriers lors de ces charges... Ils semblaient vouloir répandre une peur à même de passer à quiconque l’envie de se rendre à une manifestation. C’est le même effet qui est recherché avec l’interpellation, la comparution immédiate et l’incarcération de 3 participants à cette journée (allant jusqu’à 7 mois fermes et ce non pas pour dégradation mais pour outrage à agent et rébellion !)

« 80 tirs de gaz lacrymogène, 30 tirs de flash-ball, aucun blessé du côté des manifestants... » cette déclaration du préfet nous aurait bien fait rire si nous n’avions pas eu connaissance de nombreuses blessures (contusions multiples et un crâne ouvert) sur les corps des camarades et des passants.

Face à tout ce qui nous sépare, nous esseule, entrave nos élans de vie et de partage et notamment face à cette répression de toute voix dissidente, nous partageons la colère qui fait que, parfois, la vitrine de ce monde vole en éclat. Il nous semble cependant qu’un tel seuil d’intensité n’était pas approprié dans la situation actuelle de la lutte que nous connaissons, en particulier à l’échelle locale.

Il est primordial de reprendre le processus d’élaboration collective que nous tentons de mettre en place et de le pousser le plus loin possible.
Partageons nos lectures de la situation, donnons nous des perspectives.
Cette lutte, nous allons la poursuivre, nous allons la porter, encore, à Rennes. Nous continuerons d’en inventer les formes, et nous la gagnerons !

témoignage d’une anti aéroport sur la manif carnaval de Rennes le 6 février 2016

Aujourd’hui, j’ai été MATRAQUéE !

Fin de défilé carnavalesque anti-aéroport et son monde à Rennes... La foule se disperse. Nous en faisons partie. Nous marchons tranquillement, bras dessus-dessous, masques retirés, sur le trottoir d’une grande avenue, pour regagner notre voiture.

Tout à coup, les gens courent et nous doublent. Je ne peux pas courir, mais nous accélérons le pas. Nous devinons une charge policière avec jets de lacrymos. Tout droit : un barrage policier. A gauche : une petite rue. Nous la prenons. Les gens ne courent plus. Nous avons ralenti notre pas. Peut-être cinq mètres de parcourus et je reçois un (des ?) coup(s) dans le dos. Puis les coups pleuvent. Toujours par derrière, mais sur les cuisses cette fois. Je continue à marcher ? je suis arrêtée ? je ne sais pas. Je sens juste les coups acharnés qui continuent encore et encore. La douleur est là. J’ai terriblement mal. Je ne dis rien ? je ne sais pas. J’entends seulement A. qui crie, qui crie "arrêtez ! arrêtez !". Il ne me lâche pas. Je reste accroché à son bras. Je ne me retourne pas. Je n’ai pas vu le policier agresseur. Voulait-il me mettre au sol ? : je ne suis pas tombée. Peut-être la raison de son défouloir sur mes cuisses. Et puis, çà s’est arrêté. Trois à quatre mètres parcourus et une terrasse de café, pleine. Les gens ont vu ? On veut me faire asseoir. J’en suis incapable. J’ai mal. Je suis debout. Je peux parler, mais difficilement. C’est l’émotion, l’incompréhension de ce qu’il vient de m’arriver... La route a été longue pour regagner notre voiture puis notre domicile. J’ai pu joindre au téléphone quelques proches “pour” les nouvelles : un camarade a eu moins de chance que moi : matraqué à la tête, il était aux urgences...

Je ne veux pas être une martyre : je témoigne et dénonce que je suis une victime. VICTIME DE VIOLENCES POLICIERES, VICTIME DE L’ETAT POLICIER, VICTIME DE L’ETAT QUI REPRIME AVEC SA POLICE ET SON IN-JUSTICE. JE DENONCE CET ETAT D’URGENCE qui sous prétexte sécuritaire terroriste, veut museler toute contestation de rue, quelle soit environnementale, sociale, économique... Ils ne nous muselleront pas ! la rue est à nous ! NOUS CONTINUONS ! J’ai mal mais je vais bien et si mon corps met quelques jours à se remettre : je reste debout et je ne lâche rien ! RESISTANCE !

Autre témoignage d’une personne nlessée lors de la manif

"J’ai été victime d’un TIR TENDU DE GRENADE LACRYMOGENE ce samedi 6 février à Rennes.

Rue de Plélo, vers 16h30 peut-être, je marchais sur le trottoir, parallèlement au cortège qui avançait vers le carrefour avec la rue Tronjoly

Les forces de l’ordre venaient de remonter au pas de gym vers ce carrefour et en bloquaient l’accès. Puis elles ont commencé à faire mouvement pour

repousser les gens vers la rue d’Isly d’où ils venaient. En retrait, je me suis arrêté et j’ai observé les premiers tirs de grenades en oblique alors que les

CRS avancaient. Mon fils qui me rejoignait m’a crié de fuir : il venait de voir un CRS qui me tenait en joue, à 10m de moi (peut-être moins), sur le même

trottoir, coté Colombier. J’ai regardé cet homme sans comprendre, sidéré face au canon énorme qu’il pointait sur moi,

épaulé : nous n’étions que deux face à lui, et sans aucune attitude ambigüe à son égard. J’ai ouvert les bras et les mains en signe d’apaisement en me

tournant face à l’homme, toujours incrédule sur ses intentions. Paniqué, mon fils m’a encore crié plusieurs fois de m’enfuir. J’ai

alors réussi à bouger, presque tiré par le bras, pour m’éloigner.

L’impact a eu lieu à ce moment, alors que je tournais le dos au tireur en m enfuyant. Le projectile m’a atteint violemment aux fesses en dégageant sa

fumée irritante.

Revenus rue d’Isly, dans la confusion de la charge, nous avons vu la brutalité aveugle des forces de l’ordre se déchaîner sur des personnes isolées ;

même de jeunes ados ont été malmenés sous nos yeux, attrapés, bousculés et jetés au sol ! Une passante, de 60 ans peut-être, a

subi le même sort parce qu’elle se trouvait là.

Plus tard, toujours choqué de ce qui m’était arrivé, j’ai approché un gradé (adju-chef, je crois) place de la Mairie. Je lui ai demandé si te tir tendu était

entré dans les procédures. Il m’a dit que c’était tout à fait impossible et que de toute façon, les affrontements étaient filmés (exact,

j’avais vu auparavant, rue de Plélo, un agent avec le sigle V sur le dossart et portant une caméra sur une perche télescopique).

Devant mon indignation, il m’a dit de porter plainte.

Un peu plus tard, des amis du groupe de Redon m’ont indiqué un n° de portable pour prendre conseil. Et j’ai pris contact avec le comite zad rennes.

Le tir est délibéré, réfléchi, puisqu’il a attendu que je présente mon dos, pensant minimiser les risques de blessure peut-être ? (que d’attentions !)

Je suis resté choqué et nauséeux le reste de l’après-midi. Ce lundi matin, mon noble derrière est encore "mâché" et sensible. Des

connaissances de mon fils nous ont rejoints plus tard place Ste-Anne et ont raconté aussi avoir été roués de coups aux bras, torse, jambes... sans avoir

provoqué les forces de l’ordre en aucune manière : simplement, il ne fallait pas être là."

Communiqué de l’Elaboratoire à propos des événements du 6 Février

Samedi 6 février, a eu lieu à Rennes, le « Karnaval pour la ZAD de Notre Dame des Landes et contre l’Etat d’urgence ». La période de mardi gras a permis de rassembler les anti-aéroport autour d’un grand repas devant le parlement de Bretagne, suivi d’un défilé masqué dans les rues du centre ville. Le but de cette journée était d’interpeller l’opinion publique à un moment crucial pour la ZAD suite aux récentes décisions d’expulsion.

Le collectif Elaboratoire a ouvert ses ateliers au opposants à l’aéroport, afin de construire les chars pour le défilé. Une chose est évidente pour nous : c’est à travers des processus créatifs que nous pourrons soutenir nos idées ! Cette semaine des artistes ont travaillé ensemble sur plusieurs chars dans notre lieu de création ouvert à toutes et tous. Pour animer le carnaval, de nombreux instruments sont venus avec leurs musiciens aux pieds des chars que plusieurs membres de notre collectif ont aidé à acheminer au Parlement.

Les chars ont quitté nos lieux vers 12h. Tracté manuellement, un premier convoi a donné lieu à un petit défilé très coloré, dans une bonne humeur, entre la plaine de Baud et le Parlement où étaient installés une cuisine autogérée et un bar ambulant. Les chars placés devant le parlement illustraient les différentes revendications tandis qu’au micro plusieurs personnes ont pris la parole à tour de rôle pendant 2h. Les discours étaient clairement opposés aux violences gratuites. Après cela, le cortège s’est élancé dans les rues de Rennes pour y exprimer avec détermination la joie d’être ensemble en dansant et en chantant.

Une fois le convoi arrivé au niveau de République, la police a ordonné la dispersion de la manifestation. Le cortège a été gazé en plusieurs endroits et les manifestants pressés vers Charles de Gaulle. Le char des enfants, situé en fin de défilé, s’est retrouvé isolé par les CRS 50 m derrière les scènes de heurts avec les policiers : seules les quelques personnes présentes autour de ce char ont eu la possibilité de rejoindre dans le calme la place du Parlement, où les enfants ont passé un bon moment au soleil à jouer avec leurs parents dans la paille. Ils n’ont à aucun moment assisté aux scènes de violence, ni « servi de boucliers » comme il a été dit lors du procès du lundi 8 février.

Mais revenons à nos carnavaliers encore en liberté...

L’intervention de la police sur le reste du cortège a été fulgurante et brutale. Les carnavaliers se sont retrouvés dispersés dans la panique à cause des gaz et des charges. Au cours des mouvements de foule ont eu lieu de nombreux événements inquiétants. Un membre de l’association engagé dans des actions artistiques, qui a participé à la construction des chars ainsi qu’à leur transport et entretien, a été arrêté. Sa condamnation à 2 mois de prison ferme pour violence sur un représentant de l’ordre avec mandat de dépôt est injuste et injustifiable ! Depuis le procès, plusieurs médias tentent de le faire passer pour un SDF paumé, sans attaches et violent. C’est faux, voilà trois ans qu’il vit ici et nous le connaissons bien. Ses créations artistiques et artisanales peuvent le prouver.

Notre ami, dans sa démarche de revendiquer ses convictions de manière artistique, poussait le char qui portait la marionnette de M.Valls du début du cortège jusqu’au moment de son arrestation.

Il est passé en comparution immédiate, ce lundi 8 Février.

Le policier qui a procédé à l’arrestation, dans la description de l’interpellation, déclare avoir fait à R. un « kick à l’abdomen » et l’accuse d’avoir pris sa jambe pour le faire tomber. Pour sa défense, R. répond qu’il a simplement poussé le pied, par réflexe, pour se protéger. POURQUOI, aujourd’hui en France, une interpellation débute-t-elle par un geste aussi violent ?? Une des 2 autres personnes incarcérées témoigne qu’une fois dans la voiture de police, R. s’est fait attraper par les cheveux et percuter la tête à plusieurs reprises contre la vitre de la voiture par une personne censée protéger la population. Au tribunal tout le monde a pu remarquer ses hématomes.

L’attitude de la police était totalement disproportionnée ! Toute la panoplie des armes anti-émeutes a été utilisée, y compris des grenades proches de celles responsables de la mort de Rémi Fraisse, il y a un an sur la ZAD du Testet.

Face à tout cela, nous ne pouvons qu’être solidaires avec les comités d’organisation dans leur démarche d’interpellation par l’art, ainsi qu’avec les personnes condamnées lundi soir, sur lesquelles la colère des élus, préfets, juge et autres s’est injustement concentrée. Les violences envers les policiers reprochées aux condamnés sont inexistantes. Lors du procès, aucune dégradation n’a été attribuée aux manifestants incarcérés. Ils n’ont pas été jugés par rapport aux dégradations commises dans la ville.

Nous sommes là pour interpeller par l’Art et le Rire, surtout quand les représentants de l’ordre utilisent la peur et les larmes pour nous diviser.

L’Élaboratoire ouvre ses portes à de nombreuses personnes, associations et collectifs qui veulent créer quelque chose de leurs mains, de leur tête, voire des deux. Nous défendons des valeurs d’autogestion et de respect des autres à travers de nombreux événements, expositions, concerts, spectacles et autres curiosités culturelles. Nous invitons donc toutes/tous celles et ceux qui le souhaitent à passer le seuil de notre lieu pour discuter, échanger et créer dans nos locaux.

Venez partager un moment de vie, de rire et d’émerveillement car c’est en partageant cela, à force, que nous construirons le monde que nous pensons être juste. Pour nous, c’est ça, « Vivre en Intelligence ».

L’ÉLABORATOIRE

Karnaval de Rennes : La Cantine met les pieds dans le plat...

À peine le Karnaval terminé, toujours dans le vif des événements, les condamnations ont commencé à pleuvoir drues. Sur internet, des anonymes critiquent depuis leur radicalité des organisateurs à l’homogénéité politique fantasmée pour leur volonté parfois maladroite que cet événement fût ce à quoi ils aspiraient qu’il soit. Dans les journaux, on cite vaguement des organisateurs (COPAIN 35), sans nommer de source ni renvoyer à quelque communiqué, qui se félicitent du bon déroulement des choses place du Parlement pour condamner ensuite les dégradations. Au TGI, on fait tomber 11 mois de ferme avec mandat de dépôt, dans l’urgence et sans preuve, et on arrose la BAC pour ses bons et loyaux services.

Le banquet place du Parlement n’a pas été un moment différent par essence du reste de la journée : il a été pensé en commun avec les autres composantes du mouvement, à la fois comme lieu de rencontre et comme amorce pour le carnaval. Il s’agissait dès le repas de nous débarrasser de nos représentations habituelles, de faire entrer le merveilleux, le masque et le renversement au coeur de la ville. Son organisation a impliqué un grand nombre de personnes et collectifs, et nous tenons particulièrement à remercier COPAIN 35 pour leur soutien matériel, et leurs dons de légumes, qui inspirèrent notre "couscous arlequin". Il ne s’agissait pas simplement de manger ensemble, mais aussi d’affirmer une manière de manger autrement, de manger depuis la ZAD, que ce soit avec un repas et des pâtisseries entièrement végétaux, ou avec l’accueil du banquet des Q de Plomb*. L’importante logistique qu’aura nécessitée l’organisation du carnaval a été l’occasion de s’éprouver ensemble, et, sans mettre de côté nos divergences éthiques - notamment sur la question de la viande -, d’accroître notre force et notre intelligence communes, en rendant la répétition de ce type d’intervention plus simple.

Le banquet et le défilé ne peuvent ni ne doivent être décrits comme moments séparés, car ils participaient d’un même mouvement carnavalesque. Il s’agissait de faire, en place publique, acte de subversion, entendue comme réappropriation par tout un chacun de la possibilité d’un geste autre à celui qui était attendu, d’un usage plus émancipateur des espaces. La réussite d’un carnaval est dure à exprimer, car elle se fait dans le bouleversement de ceux qui ont été pris dans son sillage, mais aussi de ce qu’il laisse, sous les masques, transparaître de puissance réelle. De même que la cantine peut servir un grand banquet raffiné et joyeux, elle saura, en cas d’attaque sur la ZAD, y nourrir des milliers de personnes venues repousser César ; et ainsi des centaines de carnavaliers et carnavalières qui sauront se faire bien plus mordants si l’État persiste à vouloir évacuer la ZAD. Il est en tous cas hors de question de se désolidariser des actes de "casse" et de plaindre quelques vitrines, car le seul reproche ici possible est d’avoir peut-être trop vite, sans considération stratégique, donné un aperçu trop "nu" de ce que produirait une foule enragée par des attaques contre la ZAD. D’autant que dans le même temps, l’Etat s’est montré dans ses atours les plus offusqués, donnant dans l’après-midi même un bilan chiffré de son intervention : 5 interpellations, et 110 tirs de munition (grenades lacrymogènes et flashball confondus). Est-il possible de mettre en balance quelques vitrines brisées et les corps contusionnés, blessés, mutilés que laissent derrière eux les tirs de la police ? ** Doit-on encore rappeler que l’entière responsabilité de l’intervention des flics ne repose en rien sur l’intensité des dégradations (la FNSEA fait bien plus), mais bien qu’elle incombe au seul préfet, et à sa hiérarchie ?

Nous appelons nos alliés, qui qu’ils ou elles soient, à poursuivre le travail de composition autour de la ZAD, de manière intelligente et déterminée. Il s’agit de continuer à construire des infrastructures, nomades et réversibles, comme des machines de guerre pour couvrir les différents champs de l’affrontement présent et à venir (alimentation, soin, défense juridique, médias, logistique...), et à approfondir les liens qui se sont tissés avec ceux pour qui la ZAD résonne comme une brèche ouverte dans les devenirs étouffants de ce monde déjà ruiné. Les mots d’ordre d’instauration de communes partout, de réappropriation des terres, et de construction de l’autonomie politique et matérielle du mouvement révolutionnaire sont ceux qu’inspire la ZAD. Il s’agit maintenant de savoir jouer avec finesse entre l’affirmation protectrice de sa capacité de nuisance, et la poursuite de l’invention des vies nouvelles qu’elle abrite et suscite.

Une large partie des bénéfices issus du banquet a été reversée en soutien aux inculpés. Nous aspirons à voir ce type d’événement se reproduire et gagner en ampleur, pour le plaisir, pour soutenir nos camarades, pour renverser, encore et encore, le cours normal des choses. Retrouvons bientôt dans la rue, pour casser la croûte, et plus si affinités.

ATAB - Cantine de lutte

* Depuis 2009, les banquets des Q de Plomb ont lieu au Liminbout, une ferme au coeur de la ZAD. Ils ont été le premier espace de rencontre entre les occupants "illégaux" nouvellement arrivés et les habitants qui résistent. Ils sont nés de la nécessité de partager des moments joyeux ensemble, au-delà de la simple organisation politique.