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EXPULSIONS DE LA JUNGLE A CALAIS : Résistons à la politique violente et destructrice de l’état

lundi 21 mars 2016

EXPULSIONS DE LA JUNGLE A CALAIS : Résistons à la politique violente et destructrice de l’état

Jungle’s never finished

Pendant 3 semaines, l’état a orchestré la « mise a l’abri », selon ses termes pour désigner ni plus ni moins qu’une expulsion massive (3500 réfugié.e.s) de la jungle sud de Calais à coups de matraques, canons à eaux, marteaux et mini-bulldozers. Les caméras des chaînes de télévision ont envoyé des images de la destruction de la partie sud du bidonville de Calais : un autre spectacle pour la société de consommation.

Les flics sont déployés dans la jungle pour protéger les équipes de démolition afin de faire taire toute résistance et d’assurer le bon déroulement des opérations. La mise en scène est bien huilée : l’état fait intervenir des « maraudeurs » pour proposer aux réfugi.é.e.s. une « mise à l’abri » en container ou en centre de répit, si les personnes ne veulent pas quitter leur habitation ce sont les baqueux qui interviennent. La destruction des cabanes peut alors commencer, opération effectuée en grande partie par Sogéa, filiale de Vinci. Nourriture, planches, couvertures, vêtements… tout ce qui hier était distribué par les associations se retrouvent jeté dans les bennes. Les personnes et familles expulsées ont rarement accepté le confinement en containers proposé par l’état, placés sous haute surveillance et conditionnés par un fichage biométrique. La plupart des gens expulsés sont donc venu s’installer dans la partie nord du camp, qui tôt ou tard sera expulsée ou « aménagée » selon les termes de la préfète. Ces déplacements de personnes de communautés différentes dans un espace déjà difficilement vivable crée des tensions fortes entre les réfugié.e.s, en plus du contre-coup des violences subies. Quand l’état justifie l’expulsion de la jungle à cause des violences tout en étant à l’origine de ces tensions…

De nombreux-ses personnes se font aujourd’hui expulser du ghetto Calaisien et sont envoyées dans des centre dits de "répit" (centre d’accueil et d’orientation ou CAO), dans des centres de rétention (CRA), et d’autres se déplacent pour tenter leur chance d’aller en Angleterre depuis d’autres ports (Dieppe, Le Havre, Ouistreham, Roscoff ou encore Saint Malo), et y subissent une répression policière moins médiatisée. Le centre de rétention de Rennes retient aujourd’hui beaucoup de personnes ayant tentées leur chance depuis ces ports, une grève de la faim a d’ailleurs été entamée le 24 février pour dénoncer les conditions de détention (http://www.rennes-info.org/Greve-de-la-faim-au-CRA-de-Rennes).

Qui terrorise qui ?

Le gouvernement a voulu présenter cette expulsion comme « humanitaire ». L’hypocrisie de ce discours est insupportable face à la violence des destructions des lieux de vies et des formes d’auto-gestion qui ont pu se mettre en place. La Jungle n’est certes pas un idéal de vie. S’il faut participer à sa défense aux cotés de ceux et celles qui la vivent c’est d’une part parce que leurs existences et leurs perspectives sont menacées par un monde gestionnaire et un état policier. Mais aussi parce qu’elle rend possible des formes d’organisations, de rencontres, d’autonomie et d’autodétermination – que l’État qualifie comme « un lieu de dérives autogestionnaires ».

Ce qu’il se passe à Calais n’est pas un phénomène isolé ni une exception. C’est la même logique qui s’abat en France et en Europe, logique de répression et de gestion des populations, de guerre envers les personnes « indésirées », celles qui s’opposent à l’état par leur projet de vie. Nous considérons que la gestion du territoire et de ses infrastructures relèvent de la même logique que celle du contrôle des populations. Parce que le dispositif répressif et les processus d’expulsion et de refoulement des « indésirables » ne viendra pas à bout de notre volonté de choisir, de tenter, de construire notre propre vie.

Hunger strikers

A cause d’une classe politique méprisante, 9 personnes ont leurs bouches cousues, le ventre vide, prêts à se coudre les paupières et à mourir de faim. Leur déclaration :

« Nous sommes en grève de la faim parce que nous sommes partis de nos pays pour trouver des droits humains, malheureusement nous ne les trouvons pas en Europe.

A midi le 2 mars 2016, nous avons arrêter de manger et avons cousu nos lèvres. Aujourd’hui le 3 mars, deux personnes de plus ont rejoint notre action. Nous allons continuer à ne pas manger jusqu’à ce que nos demandes soient satisfaites :

que la Cour européenne des Droits de l’homme vienne nous rencontrer la fin des expulsions forcées de la jungle de Calais la fin de l’usage des gaz lacrymogènes la fin des attaques fascistes l’ouverture des frontières

On ne fait pas ça pour notre propre situation mais pour tous les réfugiés en Europe. » A Calais, une délégation de la préfecture est venue accompagnée de policiers rencontrer les personnes iraniennes en grève de la faim depuis le 2 mars et négocier l’arrêt de leur mouvement en leur offrant un hébergement, un examen accéléré de leur demande d’asile et la garantie de ne pas être renvoyés en Iran. Réponse des grévistes de la faim : nous ne faisons pas ça pour nous, nous le faisons pour toutes les personnes qui habitent le bidonville. Choc des cultures, entre la solidarité des exilés et le cynisme des autorités.

Le mouvement contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et les grévistes de la faim de 2012 ont adressé un message de soutien aux grévistes de la faim de Calais. : https://zad.nadir.org/spip.php?article3682