Zone A Défendre
Tritons crété-e-s contre béton armé

Accueil > Camarades de lutte > Collectifs locaux contre l’aéroport > Prises de parole du collectif CGT VINCI et de la CGT AGO lors de la (...)

Prises de parole du collectif CGT VINCI et de la CGT AGO lors de la mobilisation du 8 octobre

mercredi 12 octobre 2016

Francis Lemasson (collectif CGT VINCI) :

Bonjour, et merci à vous : ça fait beaucoup de bien l’accueil que nous avons eu ici, pas seulement la CGT mais toutes les délégations syndicales, et nous en avons besoin. Surtout, restez exigeants envers nous, parce que rien n’est encore joué.

Pour nous, la CGT VINCI, c’est une histoire récente, puisqu’on s’est engagés dans une prise de position collective sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes en début de cette année seulement. Jusque-là, nos militants avaient des positions individuelles. En résumé : on était d’accord mais on ne le savait pas.

Et puis nous avons été interpellés par le collectif anti-aéroport de la région parisienne, qui est venu manifester au Siège de VINCI. A partir de là ont commencé des contacts, et nous avons décidé de prendre une position collective sur Notre-Dame-des-Landes, qui s’est faite très vite, à notre grande surprise.

Nous avons pris des contacts ici-même avec un peu tout le monde sur la ZAD, et des gens d’ici sont venus nous parler, nous rencontrer à Montreuil, au Siège de la CGT. A travers ces échanges s’est formé une position unanime des syndicats CGT de VINCI contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

Aujourd’hui nous avons répété cette solidarité, nous avons répété nos positions, et nos positions vont au-delà de la solidarité. J’ai entendu parler ici de « convergence des luttes » : c’est exactement ça. Convergence des luttes, c’est-à-dire que nous avons nos propres intérêts dans cette affaire. Nous nous mobilisons en tant que syndicalistes, parce que de l’intérieur de VINCI, nous savons comment les choses se passent quand on nous envoie travailler sur des projets comme Notre-Dame-des-Landes, comme sur tous les projets en partenariat public-privé – tous ces projets où VINCI fait des profits, des profits privés, avec l’argent public.

Pour nous, sans entrer dans le détail de ce genre de contrat, une situation comme ça se traduit par une violente dégradation des conditions de travail, par un recours massif à de la main-d’œuvre dans des conditions inacceptables, en particulier en utilisant à outrance l’intérim, la sous-traitance et les travailleurs détachés.

Nous avons donc nos propres raisons de nous opposer à cet aéroport, qui viennent soutenir des raisons de fond, qui sont des raisons citoyennes que nous partageons avec d’autres, et qui nous ont amenés à la nécessité d’avoir une démarche de remise en cause du travail que VINCI nous fait faire, en l’analysant sous l’angle de son utilité sociale. Et ça, c’est un long chemin que nous commençons. Mais nous avons le sentiment de renouer avec l’histoire même de notre organisation syndicale, et de retrouver des valeurs qui ont été partagées par nos prédécesseurs dans nos syndicats.

On nous dit parfois : vous faites une obsession avec Notre-Dame-des-Landes. On ne fait pas une obsession avec Notre-Dame-des-Landes, mais Notre-Dame-des-Landes a quelque chose d’exemplaire. Le projet lui-même est exemplaire dans le genre projet crapuleux, et la ZAD est exemplaire, elle aussi, pour la lutte : pour la façon de faire converger les luttes, pour réapprendre la démocratie dans le combat. Nous avons beaucoup appris des contacts que nous avons eus ici. Notre solidarité est faite de sympathie avec des personnes que nous avons rencontrées en chair et en os, et cela fait qu’on ne nous fera jamais détruire quelque chose ici, parce que pour nous c’est aussi un attachement sentimental.

Nous ne faisons pas une obsession de Notre-Dame-des-Landes, car malheureusement il y a d’autres combats où VINCI joue un rôle que nous condamnons. J’ai entendu parler tout-à-l ’heure de Calais : nous avons appris que c’est une filiale de VINCI qui doit construire le mur de la honte, et que c’est une autre filiale de VINCI qui doit assurer la démolition de la zone sud de la « jungle ». Evidemment, c’est quelque chose qui n’est même plus syndical, car on touche à l’abomination.

Nous sommes également interpellés en ce moment même sur le Grand contournement ouest de Strasbourg, dont les travaux auraient dû commencer récemment. Une filiale de VINCI venue faire des sondages en a été empêchée par les opposants locaux. C’est un combat qui est un combat frère du combat que nous menons ici.

C’est un combat contre VINCI et son monde. Merci !

Tristan Leroy (CGT AGO) :

Bonjour à tous. Je représente la CGT AGO. Pas A-G-O, AGO : parce qu’à la CGT on dit AGO, pour se démarquer. Qu’est-ce que la CGT AGO ? C’est un syndicat interprofessionnel qui regroupe tous les métiers de la plateforme aéroportuaire (la restauration, les pompiers, l’avitaillement, les bagagistes, les loueurs de voitures). Nous sommes fermement opposés au projet de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

Pourquoi me direz-vous ? Parce que demain, s’il se fait, nos emplois seront menacés. Il y aura des appels d’offres, et on sera tous sur la sellette. Alors nous ce qu’on trouve intéressant, à la CGT AGO, c’est de mélanger les luttes : lutte écolo, lutte ouvrière, sur la base de l’anticapitalisme, pour une convergence des luttes. Et on est en plein dedans, nous sommes directement concernés, tous ici.

En cas d’évacuation de la ZAD, on sera là. Nous sommes là, nous serons là. Solidarité !

Une dernière chose. On a pensé se réunir avec d’autres syndicats, par exemple Solidaires et les copains de la CGT, du collectif CGT contre l’aéroport, pour penser à des actions communes en cas d’évacuation. Merci à vous !

Francis Lemasson (collectif CGT VINCI) :

En cas d’évacuation bien sûr nous nous associons à cet appel, et nous avons une consigne particulière que nous avons donnée à nos syndicats CGT VINCI, dont nous aimerions qu’elle soit reprise par toutes les entreprises susceptibles d’avoir à intervenir pour faire des travaux ici. Cette consigne, elle est en deux temps :

Le premier temps, c’est « devoir d’alerte » : si vous êtes sollicités pour faire des travaux quels qu’ils soient, sur la ZAD ou dans ses alentours, premièrement vous prévenez la ZAD ou l’ACIPA, et vous dites quels sont les travaux qu’on vous a demandé de faire, où, quand, etc.

Le deuxième temps, c’est « droit de retrait » : tout salarié a le droit de refuser un travail, et son employeur ne peut pas s’y opposer, en droit, pour cause de danger grave et imminent. Et ici sur la ZAD, venir faire des travaux dans un contexte d’affrontement et d’évacuation, c’est un danger grave et imminent !