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RésistanceS : Et toujours sabotage !

vendredi 2 décembre 2016

En cas de tentative d’expulsion ou de début de travaux en lien avec le projet d’aéroport, nous comptons bien participer à une résistance diversifiée et déterminée : un groupe occuperait des arbres qui poussent à un endroit stratégique pendant qu’un autre défendrait une barricade construite avec nos camarades paysan.ne.s sur un accès au chantier ; un groupe masqué saboterait une machine utilisée pour les travaux tandis qu’un blocage de masse barrerait la route aux autres machines et à leur escorte, etc.

Nous réaffirmons la diversité des tactiques : toutes les façons de résister sont respectables tant qu’elles se renforcent plutôt que de s’affaiblir. Ce qui serait à éviter, ce serait de se mettre en danger les un.e.s les autres que ce soit en lançant un cocktail Molotov au milieu d’un sit-in aussi bien qu’en prenant la tête à des personnes qui se masquent pour ne pas être identifiées.

Souvenons-nous de 2012. Ensemble, on a à peu près tout fait, du rassemblement aux barricades enflammées, de l’approvisionnement en chaussettes sèches aux occupations et manifs dans plein de villes, du ballet de tracteurs au jet de pierre, d’argile ou de peinture. Et on a été soutenu.e bien au-delà de tout ce qu’on aurait espéré. C’est parfois en osant faire ce qu’on n’ose pas habituellement plutôt qu’en marchant dans les sentiers battus, en résistant concrètement plutôt qu’en ayant peur de la tension, qu’on éveille les soutiens.

La violence est avant tout un mot, un concept, une idée, sortie des dictionnaires et agitée comme un épouvantail par les tenant.e.s de l’ordre établi, qu’il soit moral, étatique ou religieux. Être violent.e, c’est être « du mauvais côté », qu’il s’agisse d’un acte concret ou d’une simple attitude : l’hostilité manifeste à l’encontre d’un.e représentant.e de l’ordre peut être considéré comme un « refus d’obtempérer » voire une « rébellion ». Refuser une loi ou un projet considéré comme « légal » par l’état - ne serait-ce que par la pensée ou la libre expression de cette pensée - est déjà à ses yeux une forme de violence, de rébellion, alors que mettre des milliers de personnes à la rue en plein hiver ne l’est pas… On voit bien par ces exemples que c’est l’état policier qui définit le degré de violence ; et en appeler à la non-violence, c’est d’une certaine façon faire allégeance à cette notion de violence définie par l’état, ou au moins négliger de la questionner.

Pourquoi alors appeler à agi[r] à visage découvert* quand on voit la répression de l’état s’abattre sur celles et ceux qu’il juge indésirables ? Alors qu’il n’y a même plus besoin de juge pour assigner des personnes fichées à résidence, il nous semble plus que jamais nécessaire d’accepter le choix de se masquer, et de le défendre.

Il nous semble que plutôt que de se poser la question « Est-ce violent ? » ou « Est-ce non-violent ? », on devrait se poser d’autres questions : « Qu’est-ce qui va nous aider à résister ? À durer dans le temps ? » ; « Qu’est-ce qu’on est prêt.e.s à faire et à défendre ? » ; « Comment faire attention les un.e.s aux autres ? » ou encore « Comment respecter les choix des autres sans négliger les siens ? ».

Des occupant.e.s de la ZAD et la réunion des occupant.e.s du jeudi 1er décembre

* voir RESISTANCE : appel de l’ACIPA