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Pour une critique de l’écocitoyennisme

dimanche 25 décembre 2016

L’écocitoyennisme anesthésie l’écologie politique. Le premier moralise les individus en les invitant à prendre en main, au quotidien l’avenir de la planète, quand la seconde, dans la lignée de penseurs comme Illitch ou Gorz, pousse à une transformation sociale radicale. Cette série de cinq émissions montre les dangers de l’écocitoyennisme qui, ici ou là, grignote et affaiblit le mouvement écologiste. Les échanges partent d’un livre qui raconte la genèse et la dépolitisation de la question climatique car c’est en grande partie autour de la montée en puissance de ces enjeux dans le débat public officiel que s’est démultipliée une morale écocitoyenne faite par et pour la « petite-bourgeoisie nouvelle ». En revenant sur les différents moments, lieux et mécanismes de la consécration de l’écocitoyennisme au cours des années 2000, nous cherchons à tirer les conséquences politiques d’une sociologie radicale de cette déclinaison soi-disant « progressiste » de l’idéologie conservatrice et mortifère du « capitalisme vert ».

Emission 1/5 : L’Etat au cœur du lessivage idéologique

Sur le terrain écologique, l’Etat se dévoile sans complexe comme un instrument au service des dominants. Sous emprise du logiciel néolibéral, il déploie une énergie rarement vue pour dépolitiser la question climatique en passant sous silence ses ressorts structurels. Les politiques « incitatives » qu’il met en œuvre, en faisant du problème une affaire morale et individuelle, met l’ordre social et ceux qui le soutiennent, à l’abri de la critique.

Emission 2/5 : Les médias : une courroie efficace de la morale écocitoyenne

Non sans raisons, la critique habituelle des médias dénonce les collusions entre pouvoirs politiques, économiques et médiatiques. Mais cette collusion n’est qu’un symptôme qui ne doit pas masquer toute la mécanique qui conduit les journalistes, simplement en faisant bien leur job, à servir la soupe des tenants de l’ordre établi. Les un.es et les autres partagent les mêmes visions du monde et, sans avoir à se concerter, sont amenés à défendre les mêmes intérêts sociaux. C’est ce qui explique, mais aussi ce que rend visible, la participation des médias à la légitimation de la morale écocitoyenne dont on comprend qu’elle est un levier efficace, et commercialement rentable, de la déconflictualisation des enjeux écologiques.

Emission 3/5 : Neutralité apparente de la science et de l’expertise

Cette entreprise d’affadissement de l’écologie est d’autant plus difficile à contester que l’Etat et les médias peuvent à tout moment sortir la carte de l’autorité scientifique. Les professionnels de la science et de l’expertise cautionnent en effet les traitements dépolitisants de la question climatique. Issu.es de bonnes familles, ayant réussi à l’école, rien ne les incite à penser une transformation sociale radicale. Allant dans le sens du courant, ils ont l’impression d’être impartial en ne faisant pas de vagues. Mais si aller dans le sens du courant permet de rester discret, c’est aussi prendre parti en contribuant à légitimer le parti de l’ordre.

Emission 4/5 : Un mouvement écologiste globalement inoffensif

Si les mouvements associatifs, aux côtés des syndicats, ont longtemps été au cœur des projets de transformation sociale, ils n’ont pas échappé au rouleau compresseur néolibéral. Les expressions « société civile » ou « alternatives citoyennes » viennent attester leur dépolitisation, c’est-à-dire leur mise au pas capitaliste. Cette domestication est d’autant plus manifeste pour les associations et ONG environnementales qu’elles ont historiquement été annexées aux intérêts du pouvoir, politique d’abord, économique ensuite. Cela tient à leur histoire et à leur composition sociale. Les coups d’éclats critiques de Greenpeace ou de Nicolas Hulot ne doivent ainsi pas masquer la réalité sociopolitique du mouvement écologiste : son intégration à l’ordre établi et la pacification de ses mobilisations. Le bourgeonnement des alternatives et initiatives de transition, dès lors que celles-ci se tiennent à distance de la conflictualité critique et de la convergence des luttes, a peu de chances de modifier cette tendance. L’enjeu politique des combats contre le monde des grands projets inutiles et imposés est alors, aussi, de (re)politiser le mouvement écologiste.

Emission 5/5 : L’écocitoyennisme au service d’une morale de classe conservatrice

Revenant sur les précédentes émissions et la démarche générale du bouquin, cette émission invite à penser l’écocitoyennisme comme une morale de classe perçue comme progressiste mais qui contribue en fait à la conservation d’un ordre social inégalitaire et pollueur. Pour cela, il est utile de procéder à une analyse structurale et d’examiner le rapport des différentes classes sociales avec les injonctions écocitoyennes et la promotion des alternatives inoffensives qui les accompagnent. On constate alors que l’écho de celles-ci ne s’étend pas vraiment au-delà des petites-bourgeoisies. C’est notamment pourquoi « les alternatives ne peuvent se suffire à elles-mêmes » et doivent constamment jouer la carte de la conflictualité sociale en tournant pour de bond le dos à tous ceux, petits et grands dominants, toujours prompts à diluer la critique structurelle du capitalisme dans des « contestations » heureuses et citoyennes. Il s’ensuit que c’est tout le langage des « alternatives », à commencer par ce terme lui-même, qu’il convient d’abandonner pour retrouver et renouveler la grammaire politique des milieux populaires, celle des rapports de pouvoir et de domination.

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