Zone A Défendre
Tritons crété-e-s contre béton armé

Accueil > Textes > Témoignages > RÉVOLTÉ DU DIMANCHE

RÉVOLTÉ DU DIMANCHE

lundi 23 avril 2018

(Trop longues) Pensées d’un imbécile de retour de 5 jours de guerres et paix sur la ZAD Notre Dame des Landes.

Salut à toi, qui passes par là. Je reviens juste de la ZAD, et j’ai besoin d’en parler. Alors si t’as 7 minutes, pose toi, hésite pas, j’vais te raconter une petite histoire.

Je suis choqué. Ceux qui me connaissent bien savent que j’suis pas trop une baltringue, mais j’ai vu trop de choses là bas, je ne peux pas les garder pour moi, je DOIS les partager avec toi autant que possible. J’vais essayer d’le faire sans être trop bordélique...

Je parlerai d’endroits, la carte et des infos sont dispo sur le site de la zad https://zad.nadir.org/ Tu peux aller voir si tu veux. Mais si tu connais rien à tout le délire de la ZAD, reste, t’inquiète...

Dans tout ce que je te dirai, parfois, les infos sont prises au vol, dans un moment de panique, et ce que je dis doit être pris avec esprit critique (sans déconner Sherlock).

Lundi 9 avril les flics ont expulsé et détruit la ferme des 100 Noms sans raison.

Si tu sais pas ce que c’est, https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/les-100-noms-detruits-tout-bascule-5684794

Mercredi, une journée de violence hallucinante. Devant mon ordi, j’enchaîne les images et les textes, je prends les nerfs et je décide d’agir. J’ai du temps, de la tune, et de l’énergie.

Je regarde sur le site de la ZAD, de quoi ya besoin, où quand comment. Je propose un covoiturage et du ravitaillement pour vendredi. En une heure, je remplis ma caisse de covoitureurs et de ravitaillement. En fait, on est des milliers à se mobiliser pour le week end, appel à manif à Nantes samedi et dimanche sur la ZAD.

Vendredi, 12 heures de route, j’emmène 3 covoitureurs et 2 colis de ravitaillement sur la ZAD. Minuit, on a évité les barrages de police, mais perdus dans la pampa bretonne et sans gps, avec seulement une boussole et une carte, on dort dans un champ, déjà tous tout boueux. J’entends l’hélicoptère et les grenouilles. Il fait froid et humide ici. J’arrive d’Occitanie. Au loin parfois un boum. J’ai un peu mal au ventre.

Le lendemain samedi, en suivant la boussole, les indications des voisins, les bruits d’explosions et l’hélicoptère, on arrive sur la ZAD et on ravitaille, comme plein de gens qui commencent à affluer de partout.

Un Auvergnat rencontré juste avant nous a aidé à tout porter. On s’arrête à une barricade et on partage un bout de Saint Nectaire avec un petit pinard pas piqué des vers. Là, on dépanne un garde en eau, clopes et bouffe. Mon Auvergnat me donne l’impression que sans lui, tout partirait en couille, et que l’univers entier ne tient que grâce à son flegme mutin, à la manière dont il marche tranquillement son bout de fromton. On repart et on arrive à la première ferme.

Tout de suite, le ton est donné : Ici, on partage tout. Pose c’que t’as. Quand t’as besoin, sers toi. Si t’as rien à faire, demande toi, et demande aux autres ce que tu peux faire pour aider. La collectivité, la vraie. Comme en fait sur tous les lieux de lutte populaire que j’ai connu, quand j’y pense.

Assez vite, je pars à pied pour explorer la ZAD et prendre mes marques. Comme j’suis pas né de la dernière pluie, j’ai tout sur moi : masque de peinture, lunettes, mon vieil ami à ma ceinture pour me protéger et protéger les autres, citron pour les lacrymos maalox pour se protéger la peau sérum phy et bandages compresses désinfectant etc. Je marche avec tout mon attirail. L’enfant en moi crie victoire, mais ça me gratte au ventre un peu.

Sur la route je discute de plusieurs points de la zad et de la situation avec des gens. J’apprends qu’il faut tout particulièrement se méfier d’un gaz jaune chelou.

Assez vite j’arrive au front. Et je comprends. Ici c’est la guerre. Ca dépasse tout ce que j’imaginais. Les barricades sont là, prêtes à être enflammées si besoin. Les camarades sont bien là, armés, souriants, fatigués, ils tiennent les positions et espèrent la relève. Encore ce truc qui me gratte au fond là. Les keufs sont bien présents, égaux à eux-mêmes.

En parlant avec des médics j’ai plus d’infos sur le "gaz incapacitant jaune" chelou : effectivement on sait pas ce que c’est. Effectivement y’a plus que de gros doutes sur la légalité du truc. Les symptômes sont alarmants, et on ne sait pas ce que c’est. Je sens encore ce truc dans mon ventre.

Mon premier jour sur la zad se résumera à prendre mes marques sur les lieux, écouter et ravitailler des gars au front. Un petit peu de secourisme vite fait. Le soir arrive, je retrouve un ami de toujours et nous partons un peu partout sur le front.

A la Grée, une ferme près du front, on s’arrête manger. Y’a un film sur la zad. On y entend des mots. Humanité. Autrement. Respect. Symbiose. Recherche. Tentative. Combat. Sauver. On y voit des images. Belles.

On file jusqu’aux dernières barricades devant les keufs, où on retrouve mon Auvergnat, vaillant, souriant, flegmatique, presque anglais, mais trop filou, de garde. On partage une bouteille de vin et il nous éclate la tronche à grands coups de concepts de ouf mélangé avec ses voyages, ses expériences, sa réflexion. On est restés jusqu’à 5h30 du matin.

J’avais dormi 4 heures la nuit précédente, je décide de rentrer pour servir à quelque chose le lendemain : demain c’est dimanche, grand rassemblement, tout le monde arrive de partout, je n’imagine pas que ça va chauffer : beaucoup de monde lors de la manif à Nantes, beaucoup de monde sur la zone dès le lendemain. Je me dis, si les flics sont pas cons, ils attendront. 6h30, je rejoins ma tente et m’endors.

Dimanche, 9 heures du matin, je me réveille au sons des explosions et de l’hélicoptère. Le flip. Je m’habille en catastrophe et cours vers le front. Incroyable. Ces connards ont chargé à 7h du mat, et sont rentrés presque jusqu’au cœur de la ZAD ! Je demande des nouvelles des parties tenues par les flics : ils ont encerclé la Grée, les gens peuvent sortir sous contrôle mais pas rentrer. C’est le statu quo là bas. Je pense à mon Auvergnat. Ca gratte, là, au fond, encore, dans mon ventre.

En face de nous, dans la fumée des lacrymos qui se lève, les keufs sont bien là, en rangs d’oignons. Ils viennent de gazer et de pousser bien fort pour dépasser la barricade des Lascars, celle qui la veille m’avait ébloui : centrale, forte, un mirador, des murs en fer, il ne reste rien. tout est par terre.

Le truc grossit dans mon ventre. Je passe sur les bruits et les images d’explosion, sur les gens dans la fumée qui renvoient les lacrymos, sur les grenades au tnt qui font des trous dans le sol, la guerre dans la forêt, le chaos militaire : imaginez.

Mais on les arrête. Ils ne peuvent plus avancer. On est trop nombreux et trop organisés. Ca commence : on prend position par petits groupes, on avance avec les boucliers, on sécurise, on empile les projectiles, on agresse, ils commencent à reculer, on avance avec du plus lourd, de quoi faire des premières barricades de fortune. On fortifie à nouveau la position de Lascar, le même endroit où les flics avaient été arrêtés trois jours plus tôt. Ouf. On les a arrêtés pour l’instant mais à tout moment ça peut partir. Ventre. Je fais un peu de secourisme pour deux personnes, en renvoie un aux medics.

Les flics sont dans le champ. Ils filment tout et tous. Certains ont leurs armes braquées droit sur les gens. Mais ça se calme. On s’approche d’eux les mains en l’air. Et on essaye de parler. On leur dit des trucs forts. Parfois on s’fout d’leur gueule aussi.

On leur dit que leurs chefs sont bien à l’abri loin derrière. Qu’on a autre chose à foutre que mettre un masque à gaz et se faire taper, qu’on a de la bouffe à préparer, des maisons à construire, des champs à cultiver, des coups à boire, de l’amour à faire. Je leur propose une orgie dans le champ tous ensemble. Ils essayent de résister à la puissance de la vanne foireuse mais yen a trois quatre qui se marrent.

Puis on redevient sérieux, on leur dit qu’ils agressent des familles, qu’ils sont les chiens de garde des riches, qu’ils gazent des enfants, qu’ils utilisent des armes illégales, que dans les livres d’histoires on se rappellera de ça, et d’eux ainsi. Certains en mènent vraiment pas large.

Il y a ce jeune homme. Tant de tristesse dans son regard. D’incompréhension. Sur sa gueule ya écrit qu’est ce que je fous là, dans ma carapace de scarabée, entouré de cons, à gazer des gens qui me regardent dans les yeux... Il est beau, il a pas l’air con et je lui dis qu’il pourrait être au Brésil, à Tokyo ou à Sète, et que l’histoire se fait quand les flics se retournent et rejoignent enfin le peuple. Il a pas l’air frais.

Statu Quo, chacun campe sur ses positions.

Je me retourne, et vois de plus en plus de gens arriver. Ils sont là ! tous ces gens de partout en France, qui ont répondu à l’appel pour aujourd’hui, ils ne soupçonnent même pas à quel point le timing ! C’est sûr, les keufs vont reculer. Je finis de nettoyer les yeux et le visage d’un gars qui s’est fait gazer et lui refous du maalox dilué plein la gueule. Je lui file du citron et je pars en arrière pour évaluer :

Énormément de gens arrivent. Je me dis que c’est le moment de retourner faire le plein et de checker si y’a des choses urgentes à faire, et qu’est ce qu’il se passe à l’ouest parce qu’ici, y’a assez de monde.

Sur la route je croise un étrange mille pattes, une longue charpente en bois portée par des centaines de gens est emmenée : c’est ce qui doit devenir le marché du Gourbi, le grand marché à prix libre de la ZAD. Tout le monde arrive par l’ouest, je remonte le courant.

J’arrive à Bellevue, et tout de suite c’est la panique : on a une quinzaine de blessés à évacuer. Juste après que je sois parti, les gens ont avancé tranquillement, pacifiquement. Les flics se sont retirés, mais ont gazé et grenadé pour "couvrir" haha leur fuite.

Je vois passer une fille allongée à l’arrière du pick up, perf au bras et enroulée dans une couverture de survie. Elle a pris le gaz jaune qu’on sait pas ce que c’est. Une voiture arrive avec un blessé à la tête. Le médecin craint un éclat de grenade dans l’oeil et que le cerveau soit touché on doit évacuer d’urgence. truc. ventre.

Je pars avec la fille que j’appellerai mon héroïne, vers Rennes au plus vite pour emmener le blessé. On ne va pas à Nantes : Les keufs nous y attendent. On évite les barrages, on perd du temps, il perd du sang. déjà 7 paquets de 2 compresses utilisées. Il est incroyable. Stoïque. Un Homme. Il ne bouge pas. Patient. Conscient. Il souffre en silence. Au fond de moi la rage bouillonne. Je l’empêche de boire de l’eau et le tiens éveillé. Il me fait comprendre que je l’emmerde. Mon ventre. Je comprends. Je continue. Il a les yeux ouverts.

On arrive à Rennes presque deux heures après. Je passe les détails. On a l’impression d’être en pleine illégalité, on regarde partout autour de nous, on livre les infos aux toubibs au compte goutte en checkant bien à qui on a affaire. Encore ce sentiment qui me tourmente. Plus grand, je commence à le reconnaître. Il gratte au fond. Paria. Clandestin. Mon blessé est en sécurité ici. Je respire. On attend des nouvelles.

Il n’a rien dans l’oeil. Le scanner montre qu’il va bien. Hhaha. Il n’a que haha de multiples fractures au visage. Mon ventre encore. Mais moins. On repart.

Mon héroïne est forte, imperturbable. Elle est jeune, elle s’en fout, on dirait qu’elle a fait ça toute sa vie. Je l’admire. Je prends le volant au retour.

7h du mat, on est revenu sur la ZAD. On s’endort crevés dans ma tente. Le lendemain elle part à 9h pour aller passer un exam à la fac. une héroïne. J’appelle l’hôpital, pas mieux. Je sombre.

Je me réveille en catastrophe à 10h30 au son des explosions. Je me tranquillise, elles sont lointaines et rares. Je décide de me laver et de prendre soin de moi. Mais d’abord, des nouvelles du front, de la veille et surtout de tout le monde.

On a repris presque tout le terrain qu’ils avaient pris la veille. On a installé la charpente du Gourbi. On a sorti de terre les bâtons qu’on avait planté naguère en jurant de revenir les chercher le temps venu pour les planter devant l’opresseur. Des héros. Je contacte mon héroïne pour savoir comment elle va, elle gère, quelle surprise. J’appelle à nouveau l’hôpital. Mon blessé va bien, il devrait sortir aujourd’hui, et revenir plus tard pour se faire opérer quand la boule qui lui sert de visage aura dégonflé. Encore ce sentiment au fond de mon bide.

Je cherche à voir si ses proches ont des nouvelles. Je rencontre une femme, lui donne son téléphone et demande si elle a eu des nouvelles : oui, il a utilisé le téléphone qu’on lui a laissé pour ça. Tout va bien. OK. Je pars à la recherche de mon pote et de mon Auvergnat dont j’ai pas eu de nouvelles depuis 15 heures. Je finis par retrouver mon pote et mon Auvergnat, je mange avec eux à la Wardine. Mon Auvergnat me raconte son périple :

On l’avait laissé à 5h30 du mat sur une barricade bien avancée, celle de la Chèvrerie, juste à côté de Lama fâché, le front du front. A 6h30 il a vu du mouvement. Ils ont prévenu au talkie, et ont commencé à bouger. Mais ils étaient déjà entourés de flics.

S’en est suivi des heures de cache cache à travers champs et forêts, où il a considéré des cachettes sous des bouts de ruines, scavengé de l’eau, des vivres, puis il est arrivé à la Grée, où ils se sont faits encercler. Fidèle à lui même il a sorti sa flûte kena et a commencé à détendre l’atmosphère. Puis il a réussi à se tirer et rejoindre les copains, encore à travers champs je suppose.

J’me casse et arpente toute la ZAD en ravitaillant un peu mais je tiens plus debout. Je décide de rentrer, dors une heure et me lave enfin. J’ai des plaies un peu partout causées par les champs, les barbelés, les épines, le bordel et la construction de barricades ; elles se portent bien, je les ai bien désinfectées. Celles au bras droit par contre... Je n’arrive plus à fermer la main droite. J’ai vu un toubib qui a hésité à m’évacuer la veille, mais on a décidé de tenter le barbarisme désinfectant et les antibiotiques. Ma main commence à retrouver du mouvement.

La toubib avait d’ailleurs passé 5 minutes au téléphone avec d’autres toubibs, organisant de la relève médic, elle avait fini son coup de fil en disant ’ben c’est médecins du monde, là, hein, on en est là.’

Je passe le reste de la journée à ravitailler un peu et à la jouer molo : j’ai un genou en vrac, j’suis sous antibio, ma main va mieux mais c’est pas glorieux, et j’ai dormi genre 12 heures en trois nuits. Mais j’veux être là ! Les flics peuvent frapper à tout moment, il y a tant à faire, à manger, à ravitailler, à soigner, à porter, à discuter... C’est dur d’être raisonnable, surtout quand on sait que c’est moins dur que d’être au charbon.

La charpente du Gourbi est en voie de reconstruction. Les keufs l’ont détruite et filmé ça tout contents, une heure après on reconstruisait déjà hahahahaha

C’est la fin pour moi, je dois rentrer. C’est pas plus mal, j’suis dans un bel état. Ce week end je visiterai les étudiants de Montpellier à côté de chez moi. Semaine prochaine, Grenoble. Je sens le besoin de voir les camarades en lutte de partout. Je veux entendre ce qu’ils sentent, sentir ce qu’ils veulent, partager nos expériences et notre détermination, nous lier tous. Je me sens comme si j’avais plus l’choix.

Car cette boule, ce truc, qui gratte dans mon ventre prend trop de place, et grandit. Me fout les larmes aux yeux bordel. C’est le démon du Clandestin. Ce sentiment d’esclave en fuite à l’hopital, cette horreur, cette peur au ventre du condamné, du fuyard, de celui qui attend la mort, couteau entre les dents.

La boule dans le ventre de l’homme qu’on tue et qui cherche encore à rire

Ce sentiment d’opprimé, de révolte, de clochard, de variable non importante, d’oublié, de piétiné, ce sentiment de paria, de spectateur de l’horreur, ce sentiment fou de dégoût, cette colère qui pulse dans mes veines,

Ces visages dans mes yeux...

...Mes p’tits belges qui prennent le café ...Mon ami Occitan que je n’ai pas pu aider à faire les pizzas ...Cette belle brune qui m’a fracturé l’oeil droit et tapé droit au cerveau ? Au coeur ? ...Cette guerrière en béquille ...Ce médecin si bon, si fort ...Ce black block camé pour tenir trois jours sans dormir ...Ce mec qui ne voulait pas qu’on dise d’où on vient, qui l’on est, qui cherchait un jean propre pour partir en stop, à la blondeur et pâleur lunaire, on aurait dit qu’il passait à travers les frontières ...Ce jeune couillon qui part au front la fleur au fusil ...Ce bébé qui joue sur l’herbe, dans la ferme, il est beau, mat de peau, des yeux clairs, il irradie la vie et tout brille autour de lui

...Je marche sur la route ensoleillée en revenant du front vers la Wardine. Je passe une barricade. Je me retourne : au pied du tas de bois et de fer, un homme assis. La boue contamine lentement son pantalon le long de ses rangers noires. Sa veste militaire a l’air confortable, les poches sont pratiques pour le sérum et les explosifs. A ses pieds son casque, barre de fer et ses lunettes, à son cou son masque. Il a l’air épuisé. Je regarde ses yeux clairs qui se découpent, deux ronds clairs sur une cagoule noire. A ses pieds son casque, barre de fer et ses lunettes, à son cou son masque. Je lui demande si ça va, il me dit oui. Je lui demande s’il a vu une personne de la zad que je cherche, il me dit oui, là bas. De sa main droite il me montre l’horizon. Il tient une grenade de keuf qui a foiré. Puis il ramène sa main droite vers sa main gauche qui entreprend de scotcher un explosif sur sa bombe artisanale, lentement. Un tour de scotch, puis un autre...

Je tourne les talons

...Et dans mon ventre le cri sourd des peuples qu’on emprisonne partout sur terre résonne et empoisonne mes veines et mes pensées, me vole mon âme et la remplace par amertume et détermination, remplit mes yeux du sel de la terre et mixe en un étrange mélange tout mon amour et toute ma haine dans un petit cocktail, qui brinquebale, dans la poche de mon cagoulé aux cercles clairs se découpant sur fond de fatigue et de boue séchée.

Ce matin j’avais mon ami de toujours au téléphone. J’entendais les poules derrière lui caqueter, je lui demande où il est

Il me dit qu’il est à la ferme avec des poules qui se baladent dans des bois brûlés. Il ajoute « Mad Max ».

Mad Max.

Ce texte est peu travaillé, il sort de moi d’un coup et je sais qu’il est long. Mais il est sincère et spontané, il est comme ça. J’espère que j’ai assez bien écrit pour toucher ne serait ce qu’une personne. Si c’est toi, merci.

Alors pourquoi (tous) ces mots, outre l’évidente catharsis pour ma petite gueule ?

Parce qu’il FAUT que ceux qui ont vu ces 10 jours bientôt quinze d’expulsions en parlent autour d’eux. Il faut répandre nos messages à tous, sur tous les lieux de luttes. Il faut partager dès maintenant, nous sommes à l’ère de la communication... Discuter, écouter, partager, parler vrai, ça commence par là ?

OU ON EN EST ET MON POINT DE VUE

A l’issue de la journée de dimanche, la situation semble se calmer quelque peu. Macron a envoyé Hulot la gentille marionette. Il a donné un délai supplémentaire, jusqu’au 23 avril pour se régulariser.

Mais concrètement, on comprend. Pour moi ça veut dire qu’au 23 avril il veut tout virer. Manu militari. La suite s’annonce chaude, et c’est MAINTENANT

QUE FAIRE POUR AIDER LA (LES) ZAD ?

Renseignez vous sur leurs sites internet, c’est très bien organisé. Ne vous sous estimez pas. On peut tous faire quelque chose.

Mettez un drapeau zad partout à votre fenêtre. Faites un colis et envoyez le. Covoiturez. Venez. Parlez en autour de vous. Rejoignez les groupes de soutien près de chez vous. On peut tous faire quelque chose à notre niveau, même juste une fois, même un tout petit truc.

Y’a un appel à venir nombreux dès ce week end et surtout pour le début de la semaine prochaine !! N’hésitez pas, si vous pouvez y aller, allez-y !

Parce que quand on est là bas et qu’on vous voit arriver, qu’on vous entend parler, qu’on reçoit vos dons, ou même qu’on voit des tweets de soutien, ça donne de la force.

Et puis, si t’as tenu et lu jusqu’ici, ben voilà un cadeau de l’époque sarkozienne. https://www.youtube.com/watch?v=ckPuq4vkL30

Peace.

Ju