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Lettre d’Atenco à la ZAD et la solidarité internationale

mercredi 9 mai 2018

Préambule : Vendredi 4 mai y’a eut une photo de prise à Nantes en soutien à Atenco, près de Mexico, qui lutte contre un énorme projet d’aéroport. Le truc sordide c’est qu’après avoir subi une répression monstrueuse les 3 et 4 mai 2006, dont la réaction à la violence avait forcé à mettre le projet en sommeil, celui-ci a été réactivé depuis et il est en cours de construction. C’est ce dont été venue nous parler une délégation le 10 février dernier.

L’action de Nantes, complétée d’un texte de soutien international, est à retrouver par là : https://nantes.indymedia.org/articles/41238 (Ça a aussi été publié sur twitter https://twitter.com/NONago_NDDL/status/992518227082268672 et sur facebeurk : https://www.facebook.com/nonaeroportNotreDamedesLandes/photos/a.204003813041339.41608.119994038108984/1544701965638177 )

Y’a eut aussi une action identique faite sur la zad, une autre à Marseille, et une soirée de soutien à Paris.

Merci à toutes les personnes qui ont participé à renforcer les lien de près ou de loin ! La lucha sigué !


dimanche 6 mai 2018 ATENCO. MAI SANGLANT : 12 ANS D’IMPUNITÉ

Ces 3 et 4 mai marquent le 12ème anniversaire de la vengeance contre nos villages, organisés en « Front des Villages en Défense de la Terre ». L’auteur intellectuel de cette infâme répression, Enrique Peña Nieto, est l’actuel président du Mexique, et représente le plus ancien parti politique du pays, le Parti Révolutionnaire Institutionnel, qui, depuis plus de 80 ans, incarne un régime d’impunité, de corruption et de répression.

Beaucoup de douleurs se sont accumulées au Mexique durant les douze années qui ont suivi ce mois de Mai Sanglant. Cette nuit d’horreur des 3 et 4 mai 2006 ne s’est pas terminée là, pas même lorsque nous avons pu rentrer chez nous, après quatre ans de prison et de persécution.

Cette nuit-là se prolonge jusqu’à maintenant, et pas seulement à Atenco, mais dans tout le pays. Les tortures sexuelles commises sur nos sœurs, l’emprisonnement et les condamnations infâmes pour avoir défendu ce qui est juste, le meurtre, les perquisitions brutales, la persécution politique, tout ce que nous avons subi durant ces journées d’horreur fait désormais partie de la géographie quotidienne du Mexique, tout comme les abominables disparitions forcées dont l’État est responsable, que ce soit par omission ou directement.

Nous n’aurions jamais imaginé que cet Atenco ensanglanté s’étendrait sur tout le pays, et cela n’est possible que lorsqu’il existe un état politique d’ignominie totale et d’impunité, et c’est ce que nous subissons aujourd’hui.

Ce qu’il nous reste, à nous les peuples et aux différentes parties de la population, c’est de continuer à s’organiser et à s’épauler les uns les autres. Notre capacité à commencer à écrire une autre histoire, celle que nous voulons que nos enfants récoltent demain, est la seule chose qui nous sauvera. Il est impensable de les laisser orphelins de la dignité et condamnés à vivre soumis, pliés, résignés.

Vous savez que dans notre pays, nous sommes en pleine guerre électorale, et nous sommes préoccupés de voir comment le PRI et le PAN, c’est-à-dire la droite, insistent pour imposer par la force la continuité de leur régime, car cela implique non seulement un pas en arrière, mais aussi un affront pour l’ensemble du mouvement populaire, qui ne se remet que lentement de chaque attaque subie. Dans le cas des villages qui résistent contre l’aéroport, et en particulier à Atenco, ce serait prolonger la vengeance, l’invasion territoriale et la spoliation de notre terre-mère. Depuis nos humbles tranchées, bien plus faites de principes et de convictions que de barricades, nous allons résister, nous allons livrer la bataille au niveau juridique et dans la rue, avec toute l’inventivité exigée par cette lutte.

Aujourd’hui, ces 3 et 4 mai, ces deux jours qui n’en forment qu’un seul dans notre mémoire, nous vous disons, sœurs et frères : les murs de la prison nous ont rendus plus forts et plus humains, parce qu’à l’intérieur des cachots, il faut défendre à tout prix la capacité de continuer à être humains ; les solitudes qui se sont embrassées contre la persécution politique nous ont rendues aussi plus forts ; les perquisitions brutales ne nous ont pas vaincus. Le meurtre d’Alexis et de Javier, ainsi que les viols et la torture sexuelle de nos sœurs nous maintiennent moralement engagés à ne pas abandonner, à ne pas céder dans la lutte pour la justice, qu’un jour nous obtiendrons.

Notre âme étouffe un cri silencieux, que nous ne pouvons évacuer qu’en présence de nos semblables. Mais notre âme reprend ses ailes et s’envole, quand nous nous rendons compte que la lutte continue, que vous aussi, par exemple, continuez à élever les dignités et à édifier les barricades. Nous ne sommes pas seuls. Nous sommes là les uns pour les autres, parce que la solidarité fait tomber les frontières.

LE MAI SANGLANT NE S’OUBLIE PAS !

LES AUTEURS INTELLECTUELS ET MATÉRIELS DOIVENT ÊTRE SANCTIONNÉS

ENRIQUE PEÑA NIETO DOIT ÊTRE SANCTIONNÉ

ATENCO ENSANGLANTÉ, C’ÉTAIT AUSSI UN CRIME D’ÉTAT

ZAPATA VIVE, LA LUCHA SIGUE !

Front des Villages en Défense de la Terre, Mexique, 3 et 4 mai.