Zone A Défendre
Tritons crété-e-s contre béton armé

Accueil > Textes > Analyses > "Ils canardent nos utopies et volent notre avenir"

"Ils canardent nos utopies et volent notre avenir"

mercredi 30 mai 2018

"Une opération de maintien de l’ordre, ce n’est pas une science exacte. (...) notre objectif c’est de répondre en toute sécurité pour tout le monde” général Lizurey, à propos de la mutilation de Maxime sur la ZAD

Qu’ont en commun Thierry Carcenac, Bernard Cazeneuve et Gérard Collomb ? Les deux premiers sont responsables par leur entêtement et leur politique répressive de la mort de Rémi Fraisse, jeune botaniste de 21 ans, à Sivens dans le Tarn en 2014. Et le dernier, actuellement ministre de l’Intérieur, était aux manettes lors de la grave blessure au pied de Robin, jeune père de famille de 27 ans, à Bure et lors de la récente mutilation de Maxime, étudiant de 21 ans, qui s’est fait arracher la main à Notre-Dame-Des-Landes par une grenade GLI-F4 "à triple effet lacrymogène, sonore et de souffle".

Ce sont tous des hommes d’un certain âge qui appartiennent à une génération de politiciens qui a participé à tout saccager. Les projets de Bure, Notre-Dame-Des-Landes et Sivens l’illustrent à merveille : ils représentent l’agriculture industrielle, la bétonnisation des campagnes et le nucléaire. Que leur politique soit désastreuse pour les humains et la planète est une chose. Mais qu’ils soient prêts, en conscience, à terroriser, mutiler et tuer pour persévérer dans leur modèle destructeur en est une autre. En plus de nous voler notre avenir, à nous les jeunes, ces crapules nous meurtrissent dans nos chairs.

“Vous vous attendiez à quoi ?” peut-on lire sur la tracto-barricade du Limimbout sur la zad. En tirant une dizaine de milliers de grenades, il est certain que le gouvernement pouvait s’attendre à des blessés graves à Notre-Dame-Des-Landes. Tous ceux qui ont vécu les affrontements s’étonnent qu’il n’y ait pas encore eu de mort tant les armes de guerre comme les grenades GLI-F4 sont utilisées sans modération, de manière offensive, à l’aveugle au milieu de nuages de lacrymo, en tir tendu... Notons d’ailleurs qu’après la mutilation de Maxime, les violences ont continué. Des gens ont été sérieusement blessés le même jour par des tirs de flash-ball et le lendemain un camarade s’est évanoui suite à une strangulation d’un gendarme qui voulait le faire descendre d’un toit... Le message est clair : remballez vos cabanes, vos chantiers collectifs, votre coopérative intégrale et vos fermes autogérées. Vous ne pourrez rien expérimenter.

Il paraît loin le temps où la zad devait devenir un “laboratoire écologique et social” et une zone pacifiée - ce qui nous faisait bien rire tant l’imaginaire de la zad est pour nous celui des luttes paysannes et d’une quête de liberté hors des normes. Car aujourd’hui, il semble que le gouvernement ait décidé d’en faire un laboratoire de la répression, du fichage, de la surveillance et de la guerre rurale de basse à moyenne intensité. Bref, un laboratoire du “maintien de l’ordre”. Au vu de ce contexte, il est urgent que le mouvement se demande s’il peut continuer à négocier avec l’Etat et à quelles conditions. A quel moment la négociation cesse d’être un pari qui peut marcher et devient la cogestion du désastre ? Y a-t-il encore des bouts de liberté à arracher au pouvoir alors que les maisons sont détruites une à une et que les camarades tombent les uns après les autres ?

Comment reprendre le dessus ? Comment retrouver de l’énergie ? Interrompre toute négociation avec l’État, tant que celui-ci continuera à blesser et à mutiler sur la zad ? Prévoir de nouveaux chantiers de construction qui mettraient à contribution tous les comités de soutien ? Un très très grand rassemblement cet été ? Menacer de bloquer le Tour de France ? Que notre infinie colère alimente une détermination sans faille !

Toutes nos pensées vont vers toi Maxime ; Soutien à tou.te.s les habitant.e.s de la zad !