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Retour sur le rassemblement devant la prison de Nantes-Carquefou du 29 Décembre 2012.

samedi 5 janvier 2013

Retour sur le rassemblement devant la prison de Nantes-Carquefou du 29 Décembre 2012.

Rendez-vous était donné à 16h sur le parking du centre commercial carrefour de la beaujoire coté McDonald.

A 14h, un chouette départ collectif depuis le parking de la mairie de Notre Dame des Landes permit à tout le monde de venir : une caravane d’une vingtaine de véhicules se met donc en route par la quatre voies Rennes-Nantes, tout warning illuminés, derrière la voiture de tete qui arbore un gros drapeau anti aéroport. N’étant pas pressée, la caravane se déplace à une moyenne de 60 km/h. Quelques voitures de flics le long du parcours mais sans etre suivi ni escorté. A l’approche du centre commercial, nous apprenons de quelques complices que la sortie du périphérique et que l’accès du parking ne sont pas bloqués. Le trajet pour y arriver se déroule sans entrave, peut-etre bien que le fait de partir tous ensemble y est pour quelquechose.

Une fois sur le parking, de nouveaux complices nous informent qu’un comité d’accueil d’une quinzaine de fourgons de flics, gardes mobiles et CRS avec grilles anti-émeutes, est en place à l’entrée de la prison et sur la route principale y menant. On apprend aussi que les parloirs des proches de prisonnier.e.s n’ont pas été empechés.

Grace à une belle averse qui nous fait nous abriter sous le préau du McDonald, le Mc Drive (là où on prend la bouffe-merde de McDo en voiture) est bloqué, des tracts de l’appel au rassemblement sont distribués. Au bout de 45 minutes et après quelques prises de paroles, notamment sur la manière dont on souhaite que se déroule le rassemblement : l’objectif est de rester ensemble, de rejoindre le plus près les grillages de la prisons, de se munir de citrons, serums physiologique, maalox et masques blancs apportés sur place, de suivre les banderoles de tete ("Non à l’aéroport et à ses prisons", "Face à la répression Riposte immédiate") et le grand drapeau anti aéroport, et surtout de faire confiance à un groupe qui a pris en charge la stratégie du parcours suivant les informations que donnent les éclaireurs, tout le monde s’équipe de sifflets, banderoles, cornes de brume.

Nous sommes ainsi à vue d’oeil (myope) 500 personnes (1000 selon certains manifestants, 50 selon la police) à prendre la route. Un flic en civil puis deux sont immédiatement repérés et interpellés en mode : "- Alors vous allez nous laisser y aller devant la prison ?" "- Vous pourrez vous en approcher, mais aller devant faut pas y compter". On va pas se mettre à croire les flics, mais ce genre d’indication a permis déjà d’éliminer le premier plan qui était de se déplacer sur la route principale menant à l’entrée de la prison...trop facile.

On passe donc par les quartiers résidentiels qui jouxtent le centre commercial, après néanmoins une petite feinte de prendre la route principale sur quelques mètres histoire que les flics en civil puissent donner quelques informations qu’ils doivent juste après invalidées. On est sous une pluie battante, on passe par les petites voies des quartiers résidentiels. Tiens ! voilà qu’une voiture avec une sono soud system se joint au cortège et envoie le gros son techno que certain.e.s aiment tant... Aux slogans de "On les aura, on est encore là, Vinci dégage, résistance et sabotage" "la métropole veut nous bouffer, qu’elle crève, qu’elle crève la dalle" "pierres par pierres et murs par murs, nous détruirons toutes les prisons", on arrive au rond point qui permet soit de rejoindre la route principale menant à l’entrée, soit de prendre la route qui longe l’arrière de la prison, soit d’envahir un terrain vague long de 300 mètres qui nous mènerait à un des angles de la prison. A l’angle près des grillages, nous voyons une cinquantaine de flics à pied et nous apprenons que les flics sont en nombre sur la route principale, une seconde feinte nous fait nous avancer vers celle-ci, puis nous rebroussons chemin en direction de la route de derrière.

La prison de carquefou se trouve sur un terrain militaire boisé, non grillagé. Nous retrouvons le bocage. A ce moment, le temps se suspend un peu entre le fait que la majorité des personnes se décide à prendre le maquis, quittant la route, sautant au dessus d’un grand fossé, faisant basculer dans le fossé des blocs de béton pour faciliter le passage des suivant.e.s, et une cinquantaine de personnes qui resteront sur la route, puis se dirigeront vers le barrage des flics. En fait, à ce moment tout le monde se réapproprie l’ "action" selon ses envies et ses possibilités, comme lors de la résistance des 24 et 25 novembre à la Chat teigne et dans la foret de Rohanne.

Nous sommes quelques 450 personnes qui nous déplaçons donc sur les 300 mètres de bois qui nous séparent des grilles de la prison. Au son de la battucada, au son des cris de loups.ves et chien.ne.s enragé.e.s du bocage. Devant nous la grosse structure de béton assassin est "protégée" par une trentaine de flics anti-émeute, par grappes de cinq ou six, qui ne font pas les malins. On aura ainsi le rapport de force pour faire ce qu’on a à faire...

Il est 17h15, s’ensuit une heure de débroussaillage (pour créer les sentiers à travers les ronces pour s’approcher plus près et revenir plus vite et plus nombreux.ses !), des slogans, de la lecture de la lettre de Cyril et de sa chanson, de l’information qu’il existe une émission de radio anticarcérale, du nom de Natchav, à Nantes et St Nazaire tous les dimanche soir sur Alternantes... L’air se charge d’encore plus d’émotion, d’énergie, de détermination. La force de ce mouvement saute aux yeux, lorsque tout le monde se montre attentif les un.e.s aux autres, en restant ensemble, en sachant se taire lors des interventions aux mégaphones, en sachant lacher le mégaphone pour pouvoir laisser parler les prisonniers, en permettant des parloirs sauvages. Les prisonniers expriment leur solidarité avec nos camarades emprisonnés, leur rage d’etre enfermé, dénoncent comment dedans c’est la merde, crient qu’ils sont contre l’aéroport eux aussi, Nique l’aéroport ! Il nous laissent meme un contact téléphonique : "Mais appelez nous après la gamelle ! "- C’est à quelle heure ?" "- 18 / 19heures"...Le slogan "Solidarité avec les prisonniers" se hurlent plus fort encore.

A la tombée de la nuit, deux gros feux d’artifices sont tirés, et nous nous en allons non sans tou.te.s hurler : "ON REVIENDRA !". D’ailleurs l’invitation est donnée pour le nouvel an, rdv à minuit autour de ce nouveau bocage occupé une heure ensemble.

Sur le retour, nous retrouvons l’autre groupe resté sur les routes. On se désole de ne pas avoir pris les bottes restées dans la voiture. On se dit qu’on remettra ça. On dit aussi qu’on a pu crier et faire du bruit de l’autre coté, au niveau du blocage des flics. Une voiture à récupérer se trouve derrière deux fourgons de flics. Une petite course d’une cinquantaine d’entre nous fait se déplacer les deux fourgons. En rentrant vers le parking du centre commercial, quelques klaxons d’automobilistes nous saluent. En longeant le carrefour, on fait un peu de bruit, une des portes de sortie de secours s’ouvre de l’intérieur... dommage pour le vigile qui a ouvert la porte du rayon alcool, nous aurons la satisfaction d’un petit apero collectif gratuit. Un autre groupe fait un petit tour dans le centre commercial en gueulant des slogans. Petit vent de panique chez les vigiles au nombre de vingt, ’font pas les malins !

Petit à petit, tout le monde rentre chez soi, malheureusement nous apprendrons que deux voitures de la bac interpellerons l’un d’entre nous en voiture aux environs de Orvaut Grand Val. On a manqué d’attention et à chaque faux pas en face ils en profitent. Il est important de se répéter que l’on doit partir en action ensemble, et revenir ensemble.

Liberté pour nos camardes, liberté pour tous et toutes. Contre l’aéroport et la société prison.

PS1 : Le rassemblement était appelé à 16h. Cette heure fut choisie car ce samedi les parloirs ont lieu jusqu’à 17h, malheureusement on nous avait bien dit avant que ce n’était pas "une heure paysanne" (faut s’occuper des animaux).

PS 2 : Ce rassemblement avait été anoncé autant sur internet que par bouche à oreilles sur la ZAD et lors de réunions de différents collectifs. Il est dommage qu’il n’est pas été annoncé dans les quartiers prochent de la prison ou durant les parloirs...

PS 3 : Il est important de voire en ce rassemblement non une action exceptionnelle, mais bien un rendez-vous qui devraient etre régulier, cela peut permettre de faire passer l’envie au pouvoir de mettre en taule certain.e.s d’entre nous. Cela permet aussi de ne pas oublier tous les prisonniers et toutes les prisonnières du système, tisser des alliances, et détruire les murs qui nous séparent.