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Aux meufs gouines trans intéressées par les réunions non mixtes

mardi 8 janvier 2013

Depuis mi-novembre, un groupe non-mixte meufs gouines trans se réunit chaque semaine. Si la nécessité d’une dynamique féministe sur la ZAD se faisait ressentir depuis de nombreux mois déjà, elle s’est accentuée ces dernières semaines devant l’omniprésence des agressions, propos, comportements sexistes et homophobes (entre autres).

Certaines questions de fond étant remises en cause à chaque réunion, nous, quelques habitantes de la ZAD, avons ressenti le besoin de définir des bases politiques à partir desquelles nous avons envie de nous organiser. Cependant, nous ne prétendons pas avoir le monopole des luttes antisexistes. La constitution de ce groupe n’exclut pas que d’autres dynamiques du même type puissent se former.

Le choix de la non-mixité meufs trans gouines Tout comme nous considérons que dans un rapport de classe les ouvrièrEs ont intérêt à s’organiser sans leur(s) patron(s), nous, meufs gouines trans, choisissons la non-mixité comme outil politique d’organisation. C’est à nous qui faisons/avons fait l’expérience d’être perçues comme femmes de définir nos oppressions, de constituer nos forces et de choisir nos modes d’actions sans la présence des dominants. Nous voulons prendre en compte les constructions sociales genrées, les analyser et voir leurs implications sur nos vies. Si nous les nions, comment participer à leur abolition ?

Féministes ! et en colère ! Nous revendiquons le terme féministe comme position politique, même s’il renvoie à une multitude de pratiques et de discours différents. Pour nous, se dire féministe, c’est s’inscrire dans une histoire de lutte. C’est reconnaître qu’il existe des systèmes d’oppression à combattre à l’échelle de la société. C’est regarder des situations particulières comme étant générées et entretenues par ces systèmes d’oppressions. C’est les analyser à travers cette grille de lecture. Par exemple, il est clair pour nous que dans une discussion sur les violences sexistes, l’histoire d’une meuf qui tape sur un gars n’a pas sa place !!! Que ce terme soit parfois (souvent ?) jugé TROP « violent » ou « extrémiste » nous importe peu. Nous ne nous étonnons pas qu’une lutte remettant en cause les privilèges de la moitié de la population et toute une organisation sociale soit sans cesse critiquée .

Alors ouais, on peut être violentes, parce qu’on est vénères On est vénères parce que la violence, on se la bouffe dans la gueule depuis notre naissance. On est vénères que les formes de sociabilité hétérosexuelle conditionnent tout un tas d’interactions et que plein de meufs soient jugées en fonction de leur valeur sur le marché hétérosexuel. On est vénères de ces ambiances virilistes, de ces viols à répétition (et le viol c’est pas que ce truc spectaculaire de la ruelle sombre par un inconnu, c’est aussi une multitude de cas de non respect du consentement), des violences sexistes. On est vénères de voir toujours les mêmes situations dégueulasses se reproduire dans l’indifférence générale, voire le mépris de celleux qui tentent de les visibiliser ou de s’y opposer. On est vénères que ce soit toujours les opprimées qui se sentent mal. On est vénères et on a aucune raison de se calmer. Et tout comme se faire raisonner lorsqu’on lance de la caillasse sur les flics augmente notre rage, les tentatives pour apaiser notre colère la décuplent.

Contre ce monde et son aéroport... Alors pour nous, s’opposer à ce projet d’aéroport n’est qu’un prétexte pour lutter contre toutes les formes de domination. Celle de l’état et des multinationales qui imposent leurs projets d’aménagement n’en est qu’une parmi d’autres et nous n’acceptons pas qu’elle invisibilise les autres formes d’oppression comme le validisme, le classisme, le racisme, l’homophobie, la transphobie, l’hétérosexisme et bien d’autres. Arrêter ce projet n’aurait rien d’une victoire si c’est pour y faire perdurer les rapports de dominations.

… organisons-nous !!! et retrouvons-nous chaque lundi à 18h à la maison rose pour : lutter pour faire disparaître les ambiances et pratiques sexistes ; inventer des outils pour renforcer nos capacités d’action et de réaction individuelles et collectives ; échanger des positions politiques et des ressentis autour d’une bonne bouffe ; discuter de tout ce qui nous fait envie...