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quelques questions suite à l’article de NVI35 : "NDDL : pourquoi nous sommes pour"

jeudi 7 février 2013

Bonjour Monsieur.

Suite à mon appel à la permanence du groupe "Majorité Départementale) et notre conversation téléphonique, voici par écrit quelques questions concernant l’article publié dans le dernier numéro de Nous Vous Ille intitulé "Notre Dame des Landes : pourquoi nous sommes pour".

Personnellement mon opinion n’est pas tranchée, faute d’informations suffisantes ; cependant votre article, s’il me donne quelques éléments nouveaux bien que flous, me semble présenter aussi quelques approximations ou oublis importants, au sujet desquels j’aurai souhaité que vous m’éclairassiez.

En premier lieu, (même si ce point vient à la fin de l’article) vous parlez de l’impact automobile qui sera limité. Or Notre Dame des Landes est en pleine campagne, sans moyen de transport en commun. Rien ne semble être à l’étude pour l’instant, alors que ce chantier va lui aussi durer quelques temps s’il doit se faire (étude d’impact, tracé, déclaration d’utilité publique ?) donc j’ai l’impression qu’au moins pendant les premières années d’exploitation de l’aéroport, la seule solution pour s’y rendre sera bien la voiture (avec paiement de parking à charge de l’usager et pour la poche de Vinci, si je ne me trompe).

Ce qui m’amène au budget : quand vous parlez des 600 millions, cette somme comprend-elle l’aménagement de cette liaison par rail ? Dans la négative, qui doit financer cette dernière selon le projet, et quelle en sera le coût estimé ? Qui l’exploitera (Vinci, SNCF, Veolia, transporteur local indépendant ?), et les collectivités locales la subventionneront-elle comme c’est le cas des liaisons TER ? À quelle hauteur ces subventions à l’exploitation peuvent-elle se chiffrer par an, au démarrage ?

Sur un autre sujet, pourriez-vous me décrire la clause de "retour à meilleure fortune" ? Cette clause m’intéresse au plus haut point. En effet, dans les partenariats public-privé, la partie privée s’arrange en général pour que ce soit l’état qui lui rembourse en cas de recettes inférieures aux prévisions : je n’ai jamais vu l’inverse, et je serai très intéressé d’en savoir plus, craignant que la hausse du trafic aérien ne soit plus conforme aux estimations des années 70 et ayant lu plusieurs avis de chefs d’entreprise qui craignent un déficit de ce nouvel aéroport, les taxes portuaires plus élevées que pour l’équipement actuel pouvant faire fuir les compagnies low-cost responsables actuellement de l’accroissement du trafic. Donc si vous avez le texte de cette clause, je souhaiterai vivement en obtenir une copie.

Vous parlez également de création d’emploi. Il est certain que tout chantier crée momentanément des emplois, mais cela justifie-t-il tous les investissements imaginables ? En terme de priorité, il me semble qu’une troisième voie sur la rocade nantaise me parait d’une urgence bien supérieure et je ne doute pas que ce chantier puisse créer un nombre équivalent d’emploi pour une rentabilité et un service rendu à l’usager bien plus facilement identifiable (et à mon sens plus porteur électoralement, même si ce n’est pas votre circonscription). Donc outre ces emplois dûs au chantier lui-même, et aux 2000 autres qui ne sont que le déplacement d’emplois existant déjà, sur quoi est basé votre chiffre de nouveaux emplois (4 à 6000 ?) S’il s’agit de ceux des entreprises attirées par ce nouvel équipement, ne peut-on pas craindre que ceux-ci ne soient eus aussi un transfert de ceux attirés par Nantes Atlantique actuellement ? En d’autre terme, y-a-t-il eu une étude menée pour savoir combien d’emplois pourraient disparaître autour de Nantes Atlantique du fait de la délocalisation de l’activité aéroportuaire attractive ?

Enfin vous évoquez également l’intérêt environnemental de cet aéroport. Il me semble pourtant qu’il est en contradiction flagrante avec la loi sur l’eau, que notre Président s’est engagé personnellement sur la défense des zones humides dont on sait maintenant le rôle indispensable de réservoir pour éviter les inondations en cas de fortes précipitations, et que les mesures dérogatoires exceptionnelles pour tenter de contourner cette loi sur l’eau mises en oeuvre sur ce projet ne sont validées par aucun conseil scientifique. Cette loi sur l’eau rend obligatoire l’étude de propositions alternative à la destruction de zones humides : quels autres sites ont-ils été étudiés ?

Enfin, vous parlez de "mouvement d’opposition parfois violent et inacceptables dans une démocratie". Je ne sais pas de quoi vous voulez parler : est-ce que vous parlez de l’Etat qui enfreint les lois au qu’il édicte lui-même (et accusant les opposant d’hors-la-loi !) (rasage de maison le jour de la création de la "commission de dialogue", négation de tous les recours juridiques actuellement en cours pouvant amener à l’invalidation du projet et au contraire tentative de passage en force pour démarrer des travaux qui sont encore juridiquement illégaux, ...) Ou bien évoquez-vous l’attitude des "forces de l’ordre" (excusez les guillemets) tirant à tir tendu (photos à l’appui) et employant des munitions hors de leur cadre "normal" d’usage (dixit le fabriquant de ces munitions), en provoquant ainsi des blessure soulevant l’indignation de certains médecins et d’une grande partie de la population informée ? Ne vous paraît-il pas censé d’attendre une décision juridique définitive avant d’expulser des gens de leur logement en plein hiver, en payant des centaines de CRS et gardes mobiles, mobilisés sur place à ne pas faire grand-chose sinon de la provocation mais payés par nos impôts ? Ou bien votre conception de la démocratie va-t-elle jusqu’à autoriser Vinci ou d’autres à construire ce qu’ils veulent, avec le renfort de l’armée, et le plus vite possible avant que la justice ne puisse interdire ces constructions, pensant qu’une fois construites il faudra bien faire avec parce que cela coûterait encore plus cher de les raser ?

J’estime que beaucoup de questions se posent encore, et qu’en traitant ce sujet de la façon partialle dont vous le faites vous présentez un visage étrange de la "démocratie" : propagande sans argumentation, emploi de la force légale en dépit des actions juridiques qui devraient avoir la primauté, (voire négation des actions juridiques puisque vous n’en citez aucune : ou est-ce par ignorance du dossier ?) refus du dialogue (la commission qui porte ce nom n’a même pas vocation à entendre les opposants ! Est-ce aussi votre conception personnelle du dialogue ?)

Je vous serai gré de ne pas m’en vouloir et de m’excuser si mon ton est parfois un peu excessif, emporté que je suis face à la grossièreté de la propagande de cet article (dont je sais que vous n’êtes pas directement responsable) mais de me donner les réponses aux questions précises que je vous ai posées : impact sur l’automobile, plan de transport en commun et son financement, clause de "retour à meilleure fortune", nombre d’emplois perdus sur le site de Nantes Atlantique, étude de sites alternatifs, position du groupe Majorité Départementale face aux actions juridiques en cours.

Respectueusement,

Bruno Labouret