Cours magistral « Politique électoraliste et trahison », par des représentants d’EELV, le 23 novembre 2011

Europe-Ecologie-Les-Verts (EELV) vient expliquer aux opposants à l’aéroport l’accord qu’il a signé avec le Parti Socialiste (PS).

Ou, cours magistral « Politique électoraliste et trahison », par des représentants d’EELV, le 23 novembre 2011, salle des chênes à Notre-Dame-des-Landes, 20h30.

« Eh ! Vous savez que mercredi soir les Verts viennent à Notre-Dame s’expliquer sur leur accord avec le PS ? », « j’ai entendu à la radio que les Verts seront ce soir à Notre-Dame pour expliquer aux opposants l’accord signé avec le PS, vous venez ? ».

A 20h30, une vingtaine de personnes est assise dans la salle, une autre vingtaine est debout à l’extérieur. Sur le seuil de la porte se tient Julien Durand (porte-parole de l’ACIPA) qui refuse aux ZADistes l’accès à la salle... « c’est une réunion réservée aux membres de la Coordination », dit-il. Mais d’autres personnes de la Coord n’ont pas le même avis, le groupe finit par rentrer, l’effectif double dans la salle.

Une tension plane. Julien Durand change de position, « vous pouvez rentrer, vous dîtes ce que vous avez à dire et puis vous partez », dit-il dorénavant. Mais encore une fois certaines personnes de la Coord prennent la parole, s’interroge sur la nature de la réunion : est-ce une réunion exceptionnelle comme celle après l’action sur la caravane du PS ? est-ce qu’il y aura un vote ce soir ? est-ce que ce n’est pas une réunion qui intéresse et concerne tous les opposants à l’aéroport ? Non, pas de vote et rien à voir avec le cas de la caravane, mais Julien Durand explique sa position angoissée en précisant qu’ « il y a eu des précédents ». Puis une représentante d’EELV insiste sur le fait que les ZADistes sont les bienvenus mais sont tenus de rester polis. Bref, les metteurs en scène du spectacle démocratique mettent en garde les sauvages occupants de la ZAD et autres intéressé-e-s non membres de la Coord. Le débat s’éternise aux yeux de certains qui veulent parler du vif du sujet, d’Europe-Ecologie-Les-Verts, et tout le monde semble avoir des choses à dire.

La parole est donnée par Julien Durand à Jean-Philippe Magnen (vice-président du conseil régional des Pays de la Loire et membre du bureau exécutif national d’Europe Ecologie) qui commence par dire qu’il n’est pas là pour se justifer de quoi que ce soit mais pour expliquer l’accord EELV-PS. Selon lui l’absence de proportionnelle en France oblige EELV à passer un tel accord avec le PS, ceci dans la logique du parti d’avoir un pied sur le terrain et un pied dans les institutions... c’est leur stratégie, leur seul espoir, une position qu’ils assument (« c’est notre droit », dit-il). L’exposé s’éternise et piétine, la parole est donnée au public, de nombreuses mains se lèvent.

Certaines personnes parlent de déception, d’autres de trahison. L’une se dit écologiste et énervée qu’EELV dise le représenter en tant que tel. L’une rappelle les conséquences de l’accord entre EELV et PS à St Nazaire où EELV vient de voter la modification du PLU pour la construction d’un Leclerc Drive. L’une rappelle qu’elle a voté Verts aux régionales et qu’ « Auxiette (PS) a roulé les Verts, et nous, dans la farine ». A sa suite beaucoup de prises de parole insistent sur ce fait : j’ai voté Verts (des voix dans la salle sussurrent « on a tous droit à l’erreur ») mais la prochaine fois non, ce sera blanc ou pas de vote du tout. Beaucoup parlent de discrédit. L’une dit : « vous êtes allés négocier des places avec le PS... cet accord discrédite les partis politiques... les jeunes sont dégoutés et ne votent plus, ils n’ont pas tort ». Plusieurs autres, de différentes manières, avancent l’idée que la lutte avancerait plus facilement, de manière plus unitaire, sans partis politiques. Et si Europe-Ecologie a attiré les projecteurs médiatiques sur la lutte, c’est aujourd’hui un message de trahison et de collaboration que leur aura médiatique diffuse nationalement. « La lutte continue » dit Jean-Philippe Magnen... mais on se demande si elle va continuer avec ou sans Europe-Ecologie-Les-Verts. Et comme beaucoup l’auront noté pendant la réunion, on ne peut que s’inquiéter du décalage entre les prises de positions publiques radicales (comme celle de José Bové durant la manifestation du 12 novembre) et l’accord signé entre bureaux politiques… dès le 15 novembre !