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Proposition pour une journée d’action contre l’occupation militaire du territoire

mardi 14 mai 2013

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Après le premier départ des flics du carrefour de la Saulce, des habitant-e-s de la ZAD trouvaient important de parler et d’agir au sujet de l’occupation militaire. L’idée de proposer aux comités une journée d’action sur ce thème avait été discutée lors de la rencontre des comités du 14 avril. Lors des deux assemblées qui avaient eu lieu sur le carrefour l’idée de lancer un appel aux comités à mettre en oeuvre des actions d’occupations de routes, boulevards ou carrefour avait été discutée à plusieurs reprises. Un groupe composé d’habitant-e-s de la ZAD, et de personnes de différents comités locaux s’était réuni suite à ces assemblées pour en débattre. Le texte de proposition issu de ces discussions a été présenté au groupe thématique dans le cadre des rencontres inter-comités du 14 mai dernier.

L’idée semblait parler aux comités présents, des membres du comité de Paris ont suggéré la date du 14 juillet. L’idée est qu’il serve de base pour débattre de l’initiative lors des réunion des les comités locaux. Suite à ces discussions, les comités interessés par cette journée d’action peuvent nous écrire à l’adresse suivante : antioccupmilit@riseup.net. Nous sommes en attente de retour de leur part sur les formes que prend la militarisation du territoire là où ils sont afin écrire un texte d’appel à cette journée et acter la date de cette journée d’action :

Proposition pour une journée d’action contre l’occupation militaire du territoires

A l’attention des comités locaux de lutte contre l’aéroport et son monde

Après le 23 novembre et suite à deux jours d’affrontements pour la défense de la Châtaigne, des Rosiers et de la forêt de Rohanne, les autorités avaient procédé à la mise en place d’une double stratégie : d’une part une mascarade de concertation avec la création d’une commission dite « de dialogue » et d’autre part une occupation militaire permanente des carrefours de la zone. Fliquer le territoire et chercher des interlocuteurs parmi les opposant-e-s faisait partie d’une seule et même stratégie déployée par l’Etat et Vinci pour tenter d’étouffer notre lutte.

Durant ces cinq mois, nous avons vécu ce qu’il faut bien appeler une occupation militaire : contrôles mouvants des accès à la zone, permanents aux Ardillières et au carrefour de la Saulces, avec la présence d’un nombre variable de fourgons de gendarmerie mobile qui ont transformé l’intersection située au cœur de la ZAD en véritable check-point.

L’apport de matériaux de construction et de combustibles n’a pas pu être empêché pour autant, malgré les arrêtés préfectoraux et les fouilles de véhicules. Ce n’est de toute façon pas l’objectif de l’occupation militaire d’un territoire. Cette méthode de quadrillage, déjà éprouvée dans d’autres situations de conflit, vise davantage à garder le contrôle sur nos allers et venues, à nous ficher, nous intimider à coups de spots dans la gueule et de contrôle d’identité, à séparer les champs des habitations, le bar du lit, à éloigner les amis et à empêcher l’information de circuler d’un bout à l’autre de chez nous.

Bloquer ce carrefour, c’était nous contraindre à ravager les champs alentour et à patauger dans la boue, c’était une tentative d’isoler les lieux, de couper la zone, de freiner notre capacité d’organisation, de nous diviser. Occuper militairement un carrefour est surtout une manière, sur la ZAD comme partout ailleurs, d’occuper nos vies. Durant ces quelques mois, nous avons vécu, de manière plus permanente et plus visible, ce que constitue l’occupation militaire du territoire partout ailleurs. Celle qui sépare les quartiers pauvres des centres-villes, qui rend inhabitable la plupart des espaces dits « publics », celle qui oblige à baisser la tête dans les rues de toutes les métropoles.

L’occupation militaire du territoire, c’est la fonction fondamentale de la police et de l’armée dans nos sociétés. Ce n’est pas un hasard si le contrôle des routes, des carrefours, des rues, constitue l’activité principale des forces de l’ordre dans les démocraties. Cette logique d’occupation permanente n’est pas limitée à la ZAD, mais peut être observée au quotidien dans les rues et les gares, dans les banlieues dortoirs comme dans les centres-villes musées.

Le vendredi 12 avril 2013, à la veille de la manifestation « Sème ta ZAD », les flics ont quitté le carrefour sous une volées de projectiles en tous genres. Au cours du weekend qui a suivi, nous avons dansé, bu et mangé sur cet espace enfin libéré, construit des chicanes pour tenter d’empêcher leurs troupes de revenir, tout en laissant la circulation libre pour nos voisins et le laitier.

Le lundi suivant, le retour en force des gendarmes mobiles a été marqué par des affrontements, expression spontanée et légitime de la colère contre les flics qui, ici comme ailleurs, nous fichent, nous blessent et nous enferment.

Dans la nuit du 19 avril, les flics sont partis une nouvelle fois, pour plus longtemps cette fois (afin de mieux revenir plus tard ?). Depuis ce jour, nous traversons à nouveau cette zone en tous sens, le cœur libéré d’un poids, ravis de ce que nos lieux, d’est en ouest et du nord au sud, redeviennent à nouveau plus proches et qu’on puisse les joindre à vélo ou à pieds librement.

Nous savons que la résistance active à l’occupation militaire du territoire (embuscades, affrontements, harcèlement psychologique...) n’est pas le seul facteur ayant fait partir les gendarmes mobiles. La raison de leur repli stratégique tient surtout à leur impossibilité de maintenir ce dispositif permanent tout en continuant de surveiller l’ensemble du territoire français. Si nous savourons la joie de nous réapproprier encore davantage ce territoire depuis que les flics ont quitté le terrain, nous ne nous faisons pas d’illusions et savons qu’ils restent présents partout ailleurs.

Parce que nous ne sommes pas uniquement en lutte contre un aéroport, mais contre le monde qui le produit.

Parce que la stratégie de pourrissement et de division qui fait suite à la fin de la commission de dialogue et de l’occupation des carrefours de la zone ne doit pas nous faire baisser la garde, bien au contraire.

Parce que nous sommes contre l’aménagement du territoire et contre son contrôle par des forces armées quelles qu’elles soient.

Nous souhaiterions inviter les comités locaux :

- à réfléchir et à débattre localement sur les formes que prend l’occupation militaire du territoire là où ils se trouvent ;

- à s’organiser pour agir de manière coordonnée dans le but de refaire des routes et carrefours un espace de liberté, de fête et de lutte.

C’est en écho plus encore qu’en solidarité que nous appelons à se réapproprier les carrefours partout. Couper leurs flux afin de faire obstacle à leur contrôle. Que pour une fois au moins, ce soit à eux de faire demi-tour. Qu’on s’arrête et qu’on se rencontre sur des espaces qui nous ont été confisqués, partout où il ne nous est permis que de passer au crible de leur contrôle.

L’occupation temporaire d’un axe routier peut prendre diverses formes : faux péages Vinci par des brigades de clowns ; fêtes de rues à renfort de sambas et de grillades ; barricades, tranchées et chicanes improvisées pour crier « Zad partout ! » ; installation de jardins éphémères sur le bitume des axes métropolitains ; chaînes humaines sur les grands boulevards ; flics de pacotille procédant à des contrôles routiers humoristiques ; et tout ce qui pourrait surgir de l’imagination subversive des comités locaux...

Cette idée a été discutée avec les différents comités locaux à l’occasion des rencontres du 12 mai, et la date du 14 juillet a été proposée pour cette journée d’action contre l’occupation militaire des territoires, proposition de date qui doit être encore rediscutée par les collectifs avant d’être adoptée. Une adresse mail a été créée afin de permettre aux différents collectifs de se prononcer sur la proposition et de participer à l’élaboration de cet appel :

antioccupmilit [at] riseup.net.