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[Belo Monte] MANIFESTE DU PEUPLE - Village KAYAPÓ Kokraimoro, 5 juin 2013

samedi 22 juin 2013

Du fleuve Xingú, de l’Amazonie, un message du peuple Kayapó, au gouvernement brésilien et aux peuples du monde entier

MANIFESTE DU PEUPLE - Village KAYAPÓ Kokraimoro, 5 juin 2013

Nous, 400 caciques et chefs Mebengôke/Kayapó de tous les villages des Terres Indigènes Kayapó, Menkragnoti, Badjonkôre, Baú, Capoto/Jarinã, Xicrin do Catete, Panará et LasCasas, situés dans les états du Para et Mato Grosso avec le soutien des caciques du peuple Tapayuna et Juruna, également dans l’état du Mato Grosso, nous nous sommes réunis ensemble au village Kokraimoro (Etat du Para), rive droit du fleuve Xingu, entres les 3 et 5 juin 2013.

Nous communiquons au gouvernement brésilien et à la société que nous rejetons les plans du Gouvernement Fédéral et du Congrès pour diminuer nos droits traditionnels et droits sur nos terres et ses ressources naturelles.

Le projet de loi PEC 215 qui transfert le pouvoir exécutif au Congrès National pour approbation de la démarcation et ratification des Terres Indigènes déjà homologuées est un affront à nos droits. Ils disent que les démarcations référencées seront participatives et démocratiques, mais nous savons bien que cette proposition est une stratégie claire de la « bancada ruralista » (dans la politique du Brésil, elle constitue un front parlementaire qui agit en défense des intérêts des propriétaires terriens) pour ne pas démarquer les Terres Indigènes et restreindre les tailles de nos terres déjà démarquées et homologuées.

Le texte PORTARIA 303 envoyé par l’Avocat Général de l’Union viole nos droits sur les territoires traditionnels que nous occupons et ses ressources naturelles. Il enfreint également nos droits à la libre consultation, préalable, informée et participative lorsque le gouvernement souhaite implanter des entreprises qui ont un impact direct et indirect sur notre peuple, notre culture et notre territoire. Nous vous rappelons que ce droit est garanti aussi par la Convention 169 de l’Organisation International du Travail, ratifiée par le gouvernement brésilien. Le projet de loi 1610/96 qui est en cours au Congrès National a comme proposition l’autorisation de l’entrée d’entreprises minières sur nos terres sans respecter nos opinions et décisions. Nous n’allons pas accepter d’extraction sur nos Terres.

Le Gouvernement et le Congrès doivent respecter les articles 231 et 232 de la Constitution qui garantissent nos droits. Nos exigeons l’annulation de tous les arrêtés, décrets, PL’s e PEC qui menacent et portent préjudices aux peuples indigènes. Nos demandons que la Constitution Fédérale que nous avons aidée à construire, demeure telle qu’elle a été écrite depuis 1988. Il est écrit que l’usufruit exclusif des richesses naturelles du sol, du fleuve, de la forêt est aux indigènes et non pas aux blancs.

Nous n’acceptons pas la location de nos terres pour que le blanc le remplisse de bétail et de soja, comme le veut le PEC 237/13 qui a autorisé la location de pâturage en Terre Indigène pour les exploitants d’entreprises agronomiques.

Nous n’acceptons pas que les forces armées envahissent notre territoire sans notre autorisation, comme le prévoit le Décret n° 7.957/2013. Ce qui est arrivé à notre parent Munduruku, assassiné par l’Etat brésilien, est une honte inacceptable qui ne doit plus jamais se reproduire.

Nos demandons une FUNAI renforcée, qui travaille auprès des Peuples Indigènes et non pour les intérêts de Gouvernement, groupes politiques, grandes entreprises et propriétaires terriens.

Nous Mebengôkre, caciques, chefs, guerriers et toutes nos communautés, depuis le début, nous n’acceptons pas la construction de Belo Monte, ni de quelque autre barrage sur le fleuve Xingu, parce qu’il affaiblit notre peuple. Ils peuvent être certains que nous n’allons pas cesser de lutter.

Le Brésil a une dette historique envers nous, peuples indigènes, qui ne sera jamais remboursée. Nous ne sommes pas en train de la recouvrer, nous demandons seulement que nos droits inscrits dans la Constitution Fédérale de 1988 soient respectés. Nous sommes les premiers propriétaires de cette terre qui s’appelle le Brésil, c’est la raison pour laquelle nous continuerons de défendre notre terre, nos peuples et nos droits.

Le Gouvernement doit se préoccuper de la pauvreté dans le Brésil, faire des lois pour améliorer la santé, cesser avec la violence, la corruption, comme avec le trafic de drogues et tout ce qui est mauvais, préjudiciable à la société brésilienne et laisser les indigènes vivre en paix sur leurs terres !

Nous ne reconnaissons pas comme nos représentants, la Présidente de la République Dilma Roussef, les députés et sénateurs qui sont au congrès, ni ceux qui occupent les commissions et sous-commissions stratégiques, prenant des décisions sur nos droits, telle que la sous-commission de démarcation des Terres Indigènes. La démarcation des Terres Indigènes doit continuer comme attribuée par le pouvoir exécutif.

Nous ne sommes pas seulement préoccupés de nous-mêmes, de nos terres mais également de nos parents qui encore à ce jour sont isolés. Nous n’accepterons pas que l’on entre en contact avec eux.

Si nous n’obtenons pas de représentants au Congrès, nous allons mobiliser nos parents Kayapó et d’autres parents de lutte pour montrer à la société notre message : nous n’allons pas accepter la diminution de nos droits et de nos terres et nous allons lutter à notre manière, en arrêtant les routes, en occupant les chantiers, en poursuivant en justice le Ministère Public e le Tribunal Fédéral Suprème, agissant avec le mouvement indigène et la société civile.

ce texte est signé par les représentants des villages des Terres Indigènes Kayapó, Menkragnoti, Badjonkôre, Baú, Capoto/Jarinã, Xicrin do Catete, Panará et LasCasas