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Déclaration lue lors de l’ouverture d’une maison Vinci au Liminbout

samedi 13 octobre 2012

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AmiEs d’ici, AmiEs d’ailleurs,

Beaucoup parmi vous connaissent ces lieux. Pour celles et ceux qui habitent ici, légalement ou illégalement, tout est familier :

- Les voisinEs avec qui l’on partage des moments de fête et d’échanges, de lutte et de résistance.

- Les jardins que l’on bichonne, les fermes rythmées par les horaires de la traite, les chemins dans lesquels on se perd pour cueillir mûres et champignons…


D’autres parmi vous viennent peut-être ici pour la première fois. Parce que même s’ils n’ont jamais parcouru ces champs et ces bois, même s’ils n’ont pas un souvenir dans chaque pierre, dans chaque arbre, à chaque croisée des chemins : ils n’acceptent pas que tout cela soit détruit ! En reprenant cette maison vide aujourd’hui, malgré le risque que la gendarmerie nous en chasse, nous voulons passer ce message :

La lutte continue, nous ne tomberons ni dans le piège de la répression qui veut nous rendre impuissantEs, ni dans celui de la négociation avec Vinci qui veut faire de nous des accompagnateur-trices du projet, des complices de notre malheur.

Ils ont les moyens de faire de cette zone un désert. Ils sont en train de transformer les hameaux en villages fantôme, ils rêvent d’un bocage avec des haies en plastique et des grillages de métal, d’une terre ou la brume est remplacée par les gaz d’échappement des avions, où les perles de rosée ne glissent plus le long des toiles d’araignées mais sur des panneaux solaires du toit d’un aéroport.


Nous avons toujours dit : un territoire se défend par celles et ceux qui l’habitent, mais pas seulement. D’ici comme d’ailleurs, nous sommes venuEs montrer à ceux qui nous chassent que nous pouvons ensemble nous dresser contre leur logique comptable et destructive, par notre discours et par nos actes, même s’il faut pour cela enfreindre leurs lois. __________________________________________________________________________________________

- Alors que Vinci et l’état socialiste déploie tout une machinerie infernale pour broyer celles et ceux qui ont décidé de rester et refuser de coopérer,

- Alors que l’on croise avec tristesse le chemin de celles et ceux qui nous ont accueilli au départ et s’en sont allés,

- Alors que les maisons, les terres et les fermes de la zone se vident et que le départ de chaque habitant marque l’arrivée de nouveaux vigiles et un accroissement du flicage de la zone,

Nous sommes ici pour dire : nous ne partirons pas, il n’y a rien à négocier, mais tout à prendre ou tout à perdre !


Ils auront beau nous harceler, nous expulser unE à unE, nous traîner encore et encore devant les tribunaux, nous continuons de lutter... même si le combat est inégal, même si la résistance semble vaine.

A la veille des expulsions, il nous reste encore une marge de manœuvre : habitons les lieux.

Nous devons repeupler la zone à mesure qu’elle se vide pour soutenir celles et ceux qui refusent de partir. Pour empêcher par notre présence l’avancée de projet. Pour hurler notre refus de l’absurde et poser ensemble des gestes de résistance et comme le disait Günther Anders :

« - le courage ? Je ne sais rien du courage. Il est à peine nécessaire à mon action.
- la consolation Je n’en ai pas encore besoin.
- d’espoir Je ne peux vous répondre qu’une chose. Par principe, connais pas. Mon principe est : S’il existe la moindre chance, aussi infime soit-elle, de pouvoir contribuer à quelque chose en intervenant dans cette situation épouvantable dans laquelle nous sommes miss, Alors il faut le faire »