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[OAXACA] : Face à l’assassinat du jeune libertaire punk Salvador Olmos García « Chava »

vendredi 2 septembre 2016

OAXACA : Face à l’assassinat du jeune libertaire punk Salvador Olmos García « Chava » 26 juin 2016 Recueil de textes contre l’oubli (résumé)


[HUAJUAPAN DE LEÓN- OAXACA]

Salvador Olmo Garcia, LA VENGEANCE SERA ANONYME…

Apprendre qu’un de tes amis a été assassiné par les corps de l’État (police, armée, paramilitaires, narco, peu importe) est une chose que je ne pensais plus jamais entendre. Savoir que cet ami était un de ces anarcopunk qui existent encore, toujours actif et s’intéressant aux luttes de sa communauté aussi bien qu’à la libération des animaux, ravive la douleur, la rage, l’écœurement. Avoir parlé avec lui à peine quelques jours auparavant de possibles projets. Se souvenir des projets passés, comme la participation et l’entretien à la Radio Communautaire Tu un Ñuu Savi (Parole du Peuple de la Pluie) qui émet à partir des installations de l’École Normale Expérimentale de Huajuapan, lieu où nous l’avons connu lorsque nous sommes allés jouer de la musique et qui est devenu un point de référence pour tous les punks luttant avec l’humilité et la sincérité des punks locaux. C’est ce qui aujourd’hui m’étreint la poitrine et me pousse à écrire ces quelques mots et bien que j’aie une terrible envie de pleurer, aujourd’hui je crie : Au diable les larmes !

Tu es parti parce que tu luttais, mais tu n’es pas mort, ils t’ont tué et nous ne t’oublions pas. La meilleure solidarité c’est la lutte ici et là-bas pour ce qui t’a conduit à mettre ta vie en jeu : LA LIBERTE !

Ni dieux, ni maîtres, ni chefs, ni oppression, ni autorité !


HUAJUAPAN DE LEÓN.- Salvador Olmos García, 27 ans, commerçant, journaliste, activiste, défenseur des terres, chanteur et pionnier du mouvement anarcopunk, a été retrouvé gravement blessé au petit matin de ce dimanche [A l’aube du dimanche 26 juin 2016] dans la cité Las Huertas de cette ville. Vers 4h 40, des secouristes de la Commission Nationale d’Urgences ont été alertés par des membres de la Police Municipale qu’une personne sérieusement blessée se trouvait dans la rue Naranjo, sans numéro, dans ce même quartier. Les secouristes se sont alors dirigés rapidement à bord de l’ambulance 06, de la délégation 020.

A leur arrivée les paramédicaux ont trouvé un individu qui, à première vue, semblait avoir été jeté sur le bord de la rue. Ils lui prodiguèrent immédiatement les premiers soins et le transportèrent sur un brancard. Constatant qu’il souffrait de lésions mortelles à la tête et au torse, ils décidèrent de le transférer au service des Urgences de l’Hôpital Général de Huajuapan Pilar Sánchez Villavicencio, afin qu’il reçoive l’attention médicale nécessaire.

Cependant au bout des quelques minutes pendant lesquelles ils tentèrent de le sauver, les médecins informèrent que “Chava”, nom sous lequel il était connu de ses amis et proches, était mort en raison de la présence et de l’accumulation d’air extérieur ou œdème pulmonaire dans la cavité de la plèvre (pneumothorax), d’une fracture de l’humérus droit et d’une fracture de la cloison nasale.

Suite au décès de Salvador, qui était également animateur de la radio communautaire Tuun Ñuu Savi, des membres de cette fréquence radio ont désigné des personnels de la Police municipale de cette ville comme étant les auteurs matériels et intellectuels présumés. Ils ont affirmé que Chava avait d’abord été détenu et ensuite renversé par une patrouille officielle.

Salvador Olmos García, animateur du programme Pitaya Negra, avait lutté pendant plus de 15 ans pour la défense des terres et des communautés mixtèques*, face à l’exploitation des ressources naturelles et contre la remise de concessions d’exploitation par les autorités gouvernementales aux entreprises minières étrangères.


Des policiers municipaux assassinent un activiste à Huajuapan, Oaxaca ; il dénonçait les violences régulières sur les ondes de la radio communautaire.

Arrêté par la police lors d’une ronde aux alentours de la radio communautaire Tuun Ñuu Savi”, qui avait lancé un appel à renforcer la protection de ses locaux en danger en raison de la multiplication des rondes de la police, le jeune libertaire participait activement à la défense de la culture mixtèque en diffusant de la musique punk. Il collaborait également par des annonces et des entretiens dénonçant la constante violence qui ravage la zone sud du pays, visant à réduire au silence la liberté d’expression des différents mouvements sociaux sans cesse agressés par les instances policières qui ont déjà assassiné une dizaine de personnes au cours de la semaine passée.

« Des barricades ont été érigées suite au lâche assassinat du jeune libertaire journaliste, communicant, musicien et défenseur de la culture mixtéque, Salvador Olmos García « l’Avocat » qui s’était engagé sans relâche aux côtés des différents mouvements sociaux et en défense de la liberté d’expression sur les ondes de la radio communautaire « Tuun Ñuu Savi ». Lors du massacre de Nochixtlán [Oaxaca] le 19 juin passé**, les compagnons de cet espace radiophonique réalisèrent des émissions de grande importance pour informer le peuple mexicain de ce qui était en train de se passer. »


La Radio Comunautaire Tu Un Ñuu Savi, Parole du Peuple de la Pluie, dénonce l’assassinat des mains de la police de Huajuapan, de l’un de ses membres : le compagnon Salvador Olmos García. Le compagnon a été torturé, écrasé et assassiné par la police municipale de Huajuapan, alors qu’hier soir il avait répondu à l’appel pour renforcer la défense de la Radio Tu Un Ñuu Savi, qui les nuits précédentes avait été l’objet de harcèlement de la part de voitures de police patrouillant sans plaques. Le compagnon Salvador, « Chava », « l’Avocat », du mouvement punk, était musicien, militant des droits humains et animateur du programme Pitaya Negra de la Radio Communautaire Tu Un Ñuu Savi, média libre et communautaire du mouvement populaire de Oaxaca.

Il s’agit d’une longue histoire de relations entre le mouvement punk et le mouvement des médias libres. Les punks dissidents ont depuis longtemps pris les médias, en chemin ils ont rencontré d’autres dissident-e-s, participants des mouvements sociaux qui eux aussi ont pris les médias, ils se sont reconnus dans ce regard de défi mais toujours fraternel, dans la révolte et dans la joie quotidienne, dans l’amour et dans la rage, dans les rêves et dans la construction au quotidien. Aujourd’hui un autre compagnon punk et des médias libres est tombé, on joue les chansons punks sur Radio Tu Un Ñuu Savi en hommage à Chava, « l’avocat », et on joue aussi la chanson « Aux barrikades ».

Dernièrement, les radios libres et communautaires d’Oaxaca ont été menacées, pour avoir retransmis en direct des reportages sur le massacre de Nochixtlán, et avoir rompu le cercle de l’information officielle. Il faut absolument les faire connaître, les défendre, être attentifs à ce qu’elles ne soient pas muselées, que les émetteurs libres et leurs communicants communautaires cessent d’être agressés.

Aujourd’hui même un autre compagnon est mort, blessé pendant le massacre de Nochixtlán dimanche dernier, ce qui, avec Chava, porte à 13 le nombre de compagnons tombés en une semaine.

Sources en espagnol : https://kehuelga.net/diario/spip.php?article4434&lang=es http://mexico.indymedia.org/spip.php?article4034 https://www.centrodemedioslibres.org/2016/06/26/policia-de-nochixtlan-asesina-a-salvador-olmos-companero-punk-de-los-medios-libres/

Traductions : Amparo/les trois passants/correction Myriam https://liberonsles.wordpress.com/repressionprison/


*Les Mixtèques constituent un peuple indigène habitant dans les États de Oaxaca, de Guerrero et de Puebla. Cette région est connue sous le nom de La Mixteca. « Mixtèque » (mixteco en espagnol) provient du mot nahuatl Mixtecapan signifiant territoire du peuple des nuages ». Les Mixtèques se désignent eux-mêmes sous le nom de Ñuu Savi, qui peut se traduire par « peuple du pays de la pluie ».

** Le dimanche 19 juin 2016, des éléments de la police fédérale mexicaine sont arrivés dans la localité de Nochixtlán dans l’état d’Oaxaca, en vue d’évacuer le blocage de l’autoroute mis en place par des membres de la C.N.T.E ( la Coordination Nationale des Travailleurs de l’Education ), des étudiants, des pères et mères de famille. Avec une violence extrême, la police a attaqué les manifestants, d’abord avec des gaz lacrymogènes, des tirs de flashball, puis avec des armes à feu. Plus de onze personnes ont perdu la vie dans ces affrontements, des dizaines d’autres ont été blessées par balles.

—  Les trois passants https://liberonsles.wordpress.com/ À bas les murs des prisons ! La lutte durera jusqu’à ce que nous soyons tous et toutes libres !