Zone A Défendre
Tritons crété-e-s contre béton armé

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Quand on y est sans y être.

lundi 29 octobre 2012

Point de vue sur les evenements des deux dernieres semaines sur la ZAD de NDDL

  Là-bas, certains de mes vieux amis y sont depuis longtemps, les « copains » croisés a chaque visites que je ne connais que trop peu mais pour qui on sait que les atomes crochus auraient vite pris si j’eu pris la décision de partir y vivre, au mieux que cette expérience aurait pu m’apporter et ce afin d’être plus en accords avec mes principes de vie.

Ca fait déjà longtemps que je me posais le dilemme du « y va y va pas ? »

Ces gens là-bas, gens que je ne veux pas désigner dans le desordre par anarchistes, autonomes, eco-warriors, les locaux y ayant vecu toute leur vie, hippies, cassos’ etc… me correspondent plus ca c’est sur. J’ai perso opté pour l’anti-nomisme, car je ne me reconnais pas assez dans un de ces noms susmentionnés, je connais les faiblesses réelles qu’ils ont ou bien celles fausses mais vicieusement bien implantées pour l’opinion publique.

 Mais plus nos ressemblances peuvent être intimes, plus nos doutes et craintes peuvent en être grands. Etais-je donc en train de fuir la Zone A Défendre de Notre-Dame-des-Landes ? Qu’elle était ma meilleure équation ? Moi avec « eux » (quoi et qui puissent-ils être) ensemble au quotidien ? Je ne sais pas, c’est un problème de pourcentages, de ghettoisation peut-etre, de concentration. J’aime aussi pouvoir me faufiler dans les interstices que les necropoles a, et qu’elle aura toujours. Un système, aussi vicieux soit-il au toujours des failles dans les lesquels ont peut avancer, forcer le passage si il le faut et se battre si on a une a(r)me de guerrier pour obtenir la paix, la vraie paix, celles de tous et toutes .

Toujours est-il qu’il y faisait bon vivre en tout cas a chaque visite. Je rencontrais des gens qui auraient pu me donner plein d’astuces pour apprendre a vivre avec notre meilleure amie de toujours la Nature. Mais bon… t’facon j’leur avais dis en les taquinant et en tentant de m’auto-pardonner : « J’viendrais quand ca petera vraiment, votre trip de hippy moi ca me fait flipper », sourire. Fallait pas se leurrer : l’etat et les entreprises ne se priveraient pas de lacher leurs chiens d’attaque a un moment ou autre.  Qu’est-ce que la nature pour ces gens ? Que croivent-ils ? Qu’une fois toutes les forets rases, les océans vides, les animaux disparus, et l’écosystème mort dans son ensemble nous pourrons manger l’argent ? Aie aie aie ca va mal vraiment. J’avais dis j’viendrais quand ca petera mais je n’ai pas pu. La société m’ayant abimé ma santé a été ma priorité. J’aurais pu repousser la date des soins et aides médicaux mais comment puis-je proner la liberté si je ne suis pas libre de mon propre corps ?

Trois jours avant ma date d’hospitalisation l’appel est lancé, on voit ses potes se faire trainer par des hommes en bleu sur les vidéos des premières expulsions, pour moi les larmes aux bord des yeux. J’ imagine trop bien le stress, l’agitation et l’anticipation qu’ ils ont du vivre ces dernieres semaines.

Pas de net pour moi, eux également un peu isolés, je ne vois rien dans les presses écrites, nulle part, jamais, cela me rend fou ce pouvoir d’omerta qu’ils ont. Nous savions que du fait de la promulgation d’Ayrault, cet antihéros, au statut de premier ministre la partie serait corsé, mais j’osais espérer que cela aurait été aussi un atout dénoncé aux yeux de beaucoup plus de monde, une épine de ronce dans pied d’Achille ou piédestal. Mais non… Finalement ils auront triché a dans tous les tours dans cette partie allant jusqu’a l’étouffement de l’information publique aux moments clef. Sortie de soins je me prends donc toute cette semaine de rapport dans la gueule d’un coup, d’appels et de témoignages. Les videos me font chialer complètement ce coup-ci. Tout ca me fait sur-cogiter et m’enrage, que faire ? Je dois me reposer mais ne peut pas rester la a rien a faire… Bon le relais d’infos coule de source mais ne suffit pas.  L’idée vient d’elle-même très vite, on traitait et sectorisait déjà a l’époque de parano, d’anarchistes ou de d’anti-conspirationnistes les penseurs de la liberté qui tentaient de mettre en garde l’opinion publique et de se méfier contre des hommes comme Hitler, Staline et tous ces meurtriers écœurants…ce bien avant leur prise de pouvoir. Entre le bruit des bottes et le silences des pantoufles, la vie est un defi pour ceux qui hurlent mais ne sont soit pas entendu, écouté ou compris.

Les gens oublient vite et ne prennent pas compte de leur erreur… Je rassemble quelques armes, composées principalement de pigment, d’adjuvant et de liant. Je n’en ai pas beaucoup, je n’ai pas vraiment eu le temps d’aller voler les voleurs pour en avoir un plus, de toute façon un peu fébrile je ne pourrais faire une action trop longue.

C’est donc a Drancy que cela se passeras, le plus gros centre de triage fret de train de marchandise du pays et donc plus grand centre de déportations de toutes les victimes de l’ère des nazis au pouvoir.  A ce sujet beaucoup pensent croire, et ils ont un peu raison, que le nazisme a comme par magie complètement disparu après guerre, mais nous savons bien que tout cela n’est artifice et stratégies. Le nazisme existent encore aujourd’hui et est encore assez intelligent pour enrôler à tour de bras des jeunes qui se perdent dans ce bordel néfaste ambiant global de tous les jours. Arrivé sur place, je connais les lieux aussi bien que ma chambre, qu’elle n’est pas ma surprise ! Je viens sur ce spot depuis un peu plus de 10 ans, je ne l’avais presque jamais vu rarement aussi vide de train fret. Je le connais d’habitude plein a craquer de tout types de convois pour tous les pays avec lesquels la France échange des marchandises. Il y a normalement de quoi y rester des journées entières a taguer les wagons, mon manque de matériel et de patate étant au départ une frustration s’est transformée en bonne coïncidence qui font que je n’aurais pas a me coltiner le surplus au retour faute de support.  Petite parenthèse : j’ai vu de mes yeux vu a certaines occasions de ce dépôt ces containers bien particuliers blancs en forme d’élément de lego (celui en forme podium olympique) qui je sais sont des déchets allemands radioactifs. Il faut le savoir, on nous ment, on nous fait croire que les Castors ne font « que » aller directement d’un point A á un point B, c’est faux, parfois certains restent une semaine voir plus irradiant discrètement leur entourages sur place a attendre gentiment d’être redéplacés. Mais je m’égare la…. Drancy donc, mise en comparaison par l’action de deux générations qui se sont suivis sans se ressembler mais sans pour autant changer grand chose.

Mon arme principale du jour est de la Glycéro, glisse Ayrault, avec un camarade nous nous exprimons, nous défoulons, embellissons ces supports innéffacés et ineffaçables internationaux dans un art brut et bestial. Ca gicle partout. Faute de lisibilité, il faut bien a un moment « normaliser » la calligraphie et j’inscris sur le wagon juste devant les hangars d’affrètement ce qui veut donc dire que ce seront ceux qui partirons en premier du site vers on ne sait trop puisque la marque de la compagnie n’est pas inscrite sur celui-ci :

NI VINCI NI PERSONNE NE NOUS DEPORTERA !! NOUS SOMMES PARTOUT !!

Le mot partout est composé des symboles du A cerclé d’anarchie et du O traversé en zig zag du squatt. Bon le message est passé, on photographie, on remballe, on laisse rien derrière et on se barre dans cette euphorie particulière du travail bien fait au mieux de ses capacités. C’est fou comme parfois la meilleure défense est l’attaque, telle qu’elle puisse être, ca relaxe des fois. Le temps du retour, j’ai des infos en amont et en balances en aval au maximum du possible, j’essaie d’envoyer les copains sur la ZAD, et surtout reste attentif au nouvelles de ceux sur place.

Dimanche soir, l’appel est lancé, c’est bon on a enfin le « mode d’emploi »,las-bas ils ont quand même du sacrement bosser si on prend en compte les difficultés techniques, le stress et la fatigue des derniers jours, mois, années pour certains.

Bon bah c’est le 17 novembre le gros truc, perso j’attends que ma maison roule a nouveau et on y va au plus tôt. Je n’ai pas la prétention de faire la différence même entouré des gens qui luttent avec moi de pouvoir battre une armée, mais ne suis pas non plus si pleutre pour rester au chaud a me contenter de n’être qu’un spectateur du désespoir.

Il faut se battre pour avoir la paix il parait. L’histoire est écrite par les vainqueurs, jusqu’ici l’histoire n’a pas été pas avec nous, mais nous serons toujours dans l’histoire quoiqu’il advienne. Dans tous les cas, avec ou sans nous, nous humains, la nature gagnera toujours, donc y a toujours l’espoir de pouvoir enfin se réconcilier avec elle avant qu’elle nous dégage !

Signé une poussière d’étoile.

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