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lundi 5 juin 2017
Nous sommes à un moment charnière de nos vies et de nos ambitions politiques. Il devient plus que nécessaire de choisir nos camps, car aujourd’hui s’esquisse l’ultime fracture.
Il s’agit maintenant de prendre acte de la régression sociale et humaine qu’un système à bout de souffle tentera en vain de nous imposer dans un délire d’infini croissance et de libre concurrence.
Nous ne sommes pas des êtres en compétition ou le plus doué gagnera le droit de vivre décemment. J’aspire comme d’autres à un univers de collaboration, de rencontre, de partage, d’entraide et de liberté. Cette liberté ne sera pas celle de dominer, ni celle d’obtenir toujours plus de pouvoir sur mes consœurs et confrères, ni celle de me servir du travail des autres pour gonfler mes bénéfices. Cette liberté sera celle de m’insérer dans un ensemble réel, local, à taille humaine dans l’objectif de saisir l’impact de mes actes sur ceux qui partagent mon quotidien. Je veux être libre, non pour écraser mes voisins mais pour organiser avec eux le monde sur lequel nos yeux se portent chaque jour.
Je suis un être qui aspire à être libre là ou ma voix même minoritaire sera entendu, car je suis l’élément d’un tout. Ce tout qui au même titre que mon voisin ne peut m’imposer de vivre ce dont je me refuse. Par ce biais ma liberté individuelle et naturelle étendra celle des autres à l’infini.
L’écologie est un combat vain si elle ne prend pas conscience de sa dépendance aux combats sociaux et politique.
Tout acte écologiste individuel, multiplié à l’infini, ne saurait inverser la tendance face à un système consumériste qui saura se métamorphoser à souhait. N’en déplaise aux colibris et consort qui par une résistance molle ne font qu’encourager les publicitaires à modifier leurs discours pour nous vendre des produits labellisés.
Notre héritage politique nous a montré de multiples formes que pouvait prendre le combat contre tout système de domination et donc d’inégalité. Des bourses du travail aux propagandes par le fait, du syndicalisme révolutionnaire aux tentatives insurrectionnelles, des écoles modernes libertaires aux centres sociaux autogérés, des utopies concrètes au grand banditisme, il n’existe aucune manière plus puissante qu’une autre pour voir enfin arriver à nos portes la société idéale que nous souhaitons construire. Ce sont toutes ces sensibilités unies dans un effort de solidarité de fond, qui permettront de voir la fragilisation et la destruction de tout pouvoir étatique centralisé. Le pouvoir est un ennemi extérieur et intérieur à nos luttes, contre lequel la vigilance devrait être la principale de nos actions.
Il est encore plus clair aujourd’hui qu’hier, qu’aucun changement ne s’opèrera par le haut. Le pouvoir « monarchique » ou « républicain » ne se laissera jamais battre sur son propre terrain. Mais pour que cette idée puisse se transformer en vérité, il faudra laisser ceux qui ont cru pouvoir se battre avec les armes que leurs ennemis ont créées, constater la puissance de leurs illusions.
Aujourd’hui j’encourage toutes et tous qui comme moi, comme nous, qui avons en tête l’illusion de notre impuissance, à ne plus avoir peur de la violence de notre colère sous prétexte d’idéal pacifique. Soyons créatifs et créatives, soyons révoltées et révoltés, insurgées et ingouvernables.
Faisons que nos manifestations ne soient plus de simple coup d’éclats éphémères mais donnons-leur un sens, un but, pour que notre force collective permette à la fois de détruire et de créer. Ouvrons à chaque fin de cortège des centres sociaux autogérés, des centres d’accueils, des dispensaires, des hébergements, plutôt que de tenir debout sur des places à échanger nos palabres. Aidons ceux qui luttent dans l’ombre à créer ces espaces de liberté et de solidarité. Pourquoi centraliser nos actions au sein des cortèges et ne pas profiter de ce détournement d’attention pour agir ailleurs. Plongeons nos vies dans le sabotage quotidien du racket généralisé. Chaque geste compte.
Soyons tactiques, soyons créatifs et créatives, soyons discrètes et discrets, attentifs et attentives.
Détruisons là où ça fait mal, et créons là où cela fait du bien.
« Du chaos naissent les étoiles »
un/e habitant/e de la ZAD