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Colère écologiste : lettre ouverte d’un Naturaliste en Lutte

jeudi 12 avril 2018

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La destruction brutale de la ferme des 100 noms, défendue pacifiquement, et la résistance des vraies-rouges, lieu de maraîchage et de production de plantes médicinales, et accessoirement terrain d’une maison présente avant le projet d’aéroport, suggèrent une réalité que l’on n’a pas envie de comprendre : pour défendre un projet véritablement agro-écologique et solidaire, il faut oser tenir une barricade. Autrement dit, pour ne pas avoir à tenir une barricade, il faut se fondre dans l’agro-écologie pilotée par le Gouvernement.

Cette dernière a cependant un grave défaut : elle est strictement, et de plus en plus ouvertement, subordonnée au commerce (surtout au grand commerce bien sûr) et au profit personnel. L’écologie officielle s’arrête (les exemples abondent) là où elle gêne, ne serait-ce qu’un peu, un projet « économique ». Le refus strict de la destruction d’une plante protégée ou de l’habitat d’un animal rare (qui un jour prochain sera l’abeille) passe pour une radicalité inadmissible. Les parties les plus conciliantes de la lutte contre l’aéroport ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour faire penser qu’une écologie réelle pouvait être pratiquée en accord avec le Gouvernement actuel. Le déploiement de force militaire d’une échelle inédite dans la métropole ruine ces efforts désespérés et confirme que la protection de la nature est interdite quand elle est strictement appliquée et quand - crime suprême - elle s’organise localement, collectivement, solidairement, avec les habitant.e.s de la zone dans une vie simple et écologiquement soutenable. Visiblement, dans le monde actuel, la défense de l’environnement passe aussi après le désir de pulvériser toute forme d’alternative, même et surtout quand elle est constructive et organisée.

Je suis très concerné personnellement par l’écologie mais ce discours serait tout aussi vrai en remplaçant "nature" par "solidarité envers les personnes défavorisées" ou "santé" ou "art" ou "vie rurale" ou "droits humains" ou "réfugié.e.s".

Ceux qui y voient des calomnies sont invités à le prouver en mettant fin immédiatement à l’opération de destruction des habitats de la ZAD et en donnant une ouverture immédiate aux initiatives qui s’y développent, en conformité à ce qui était prétendu jusqu’à la semaine dernière.

Jean-Marie, botaniste en colère