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dimanche 22 avril 2018
« Nous voulons dans ce pays éviter toute violence. C’est ce que nous faisons à Notre-Dame-des-Landes. » Gérard Collomb, ministre de l’intérieur, le 11/04/18
La répression des luttes, au nom du maintien de l’ordre, s’inscrit nécessairement dans une contradiction : on utilise la violence pour avoir la paix. Pour cela, il existe différents degrés de violence. Les méthodes, les armements de la police et leur usage s’adaptent aux progrès technologiques et à leurs expérimentations « grandeur nature » dans les guerres coloniales. Ceux-ci sont devenus de plus en plus agressifs et dangereux depuis une quarantaine d’années, avec l’introduction graduelle dans l’équipement policier d’une panoplie complète d’armes dites sublétales.
Ces tonfas, tazers, flashballs, LBD, grenades en tous genres (fumigènes, lacrymogènes, assourdissantes, aveuglantes, de désencerclement, fulgurantes, offensives), avec leurs déclinaisons d’impacts sont presques tous fabriqués en France. Leur usage est précisément réglementé par le code de la sécurité intérieure : 3 sommations doivent prévenir l’usage de la force, pas de tir tendu pour les lanceurs de grenades lacrymogènes, les grenades à main doivent être roulées au sol et pas lancées en cloche, etc... Mais de la théorie à la pratique, il y a un fossé. Fossé qui prend des allures de fosse commune, puisque le nombre de victimes des violences policières, toujours plus important, comprend de nombreux meurtres. Les associations et collectifs se multiplient pour informer des violences d’État et y mettre fin. L’Observatoire national des violences policières, l’ACAT, les comités Vérité et justice, les collectifs Désarmons les, Urgence notre police assassine, ...
« En 10 ans, 47 [1] hommes désarmés sont morts à la suite d’une intervention musclée des forces de l’ordre. Streetpress a enquêté sur ces 47 dossiers pour un résultat accablant : aucun policier ou gendarme impliqué n’a jamais fini en prison. »
Dans le Tarn, nous gardons le souvenir toujours vif de Rémi Fraisse, assassiné le 25 octobre 2014 par des gendarmes à Sivens à l’aide d’une grenade offensive OF-F1. Ce type de grenade, interdit depuis, contenait 76g de TNT. La grenade GLI-F4, actuellement utilisée, en contient 25g. « OFF1 et GLI F4 représentent le même niveau de risques : interdire l’une et maintenir l’autre est une hypocrisie qui permet de sacrifier l’une pour préserver l’usage de la seconde. La GLIF4 a, en effet, déjà occasionné de nombreuses mutilations (mains, pieds). Son niveau sonore est, en outre, plus élevé. » source : Les Armements du maintien de l’ordre
Pour autant, toutes les armes utilisées aujourd’hui en maintien de l’ordre sont susceptibles de blesser gravement, mutiler, tuer. Ce n’est pas un mode d’emploi réglementaire qui peut empêcher leur usage létal. Les blessures physiques causées à court ou long terme incluent des malaises cardiaques ou respiratoires, éclatement des tympans, oedèmes pulmonaires ou cornéens, perte partielle ou totale de la vue et des sens, brûlures, lésions musculaires, artérielles et nerveuses, fractures osseuses, sections de ligaments, hématomes, plaies profondes... Sans parler des traumatismes psychiques, plus difficilement mesurables mais tout aussi dommageables.
À Notre-Dame-des-Landes, les forces militaires déployées depuis le début des opérations d’expulsion le 9 avril 2018 sont absolument démesurées. Nous retrouvons ces même armes à haut potentiel de létalité qu’à Sivens, dans un contexte encore plus tendu. Un communiqué signé par 78 associations et organismes est publié le mercredi 11 avril 2018, deux jours après le début des opérations d’expulsion, pour lancer l’alerte : « Évacuation de la ZAD, stoppez tout avant qu’il ne soit trop tard ».
Les communiqués en tous genres, les rapports des « medic » et « legal team » fusent, chaque jour plus inquiétants. Au jour du 19 avril 2018, le défenseur des droits a été saisi. On fait état de 272 blessés chez les opposants. 11 000 grenades ont été utilisées (1400 par jour ; 8000 lacrymogènes, 3000 explosives).
Cette opération militaire représente actuellement 3,2 millions d’euros.
Pour toutes ces raisons, nous demandons le retrait immédiat des forces de l’ordre à NDDL, et affirmons notre soutien à tou.te.s les opposant.e.s, habitant.e.s ou solidaires, aux blessé.e.s, arrêtés.e., inculpé.e.s.
Le 19 avril 2018 Collectif de soutien tarnais à la ZAD
[1] On recense une moyenne de 15 personnes par an tuées par la police ces dernières années.