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lundi 4 février 2019
Le 3 février plus de 200 personnes ont participé aux chantiers de soutien pour les inculpés
« On faisait une réunion de l’équipe médicale au Phénix, elle est rentrée dans la pièce avec son superbe chien blanc... »
« C’est mon mari qui le connaît le mieux, il est chasseur, il lui apportait des peaux à tanner. »
L’écriture des lettres aux trois prisonniers s’est interrompue un instant dans la bibliothèque du Taslu. Autour de la grande table jonchée de livres de poésie, chacun évoque les premiers instants partagés avec l’un ou l’autre des cinq inculpés. Ils sont là, omniprésents, dans nos pensées et nos paroles, et aujourd’hui ils habitent aussi nos gestes. Les chantiers de ce dimanche étaient là pour sauvegarder et raffermir nos liens avec eux.
Nous connaissions cette histoire du Barbier de Bussoleno, dans le Val Susa, incarcéré pour son implication dans le mouvement contre le TGV, dont tous les collègues s’étaient relayés pour tenir la boutique durant la détention. Point d’échoppes à ouvrir à la zad, mais des outils que les inculpés s’étaient forgés pour donner du sens à leur vie ici, et que nous sommes, en leur absence ce dimanche, venus renforcer.
L’élevage avicole du Moulin voit toute la charpente de son poulailler remise à neuf. Un peu plus loin, un monticule est arasé, et la terre, portée sous une serre, y est sculptée en buttes fertiles attendant les graines qui germeront ce printemps.
À Bellevue, on enduit les murs de l’atelier cuir, les uns piquent la pierre, les autres pratiquent une ouverture, les derniers enfin perfectionnent leur jeu de poignet en projetant de la chaux.
Sur la route devant la ferme passent des perches de châtaigniers abattus dans un petit bois voisin. Quelques beaux morceaux sont équarris et emboîtés pour constituer la charpente d’un abri à veaux, le reste de la fuste est transformé en piquets, le branchage enfin est mis de côté. Il servira pour le treillis d’un des pignons du hangar de l’avenir.
Dans un pré un peu à l’écart, chacun est venu avec son outil ; après un petit affûtage à la forge, les ronces sont méthodiquement repoussées loin des clôtures électriques.
Quand le froid devient piquant et que le soleil disparaît, nous tous, travailleurs du dimanche, nous réchauffons autour du brasero de la petite caravane-bar du parking de Bellevue. Chacun profite de l’enthousiasme porté par cette belle démonstration de solidarité. Nous avions régulièrement évoqué l’organisation de grandes journées de travail collectif à l’échelle du mouvement, c’était même une des marottes d’un des inculpés. Alors que nous avons si souvent peiné à les mettre en œuvre, voici qu’en ces temps difficiles, la solidarité nous en donne la force.