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lundi 28 novembre 2016
À Bure, l’ANDRA reprend son offensive autour du bois Lejuc à Mandres, à nouveau libéré et occupé depuis le 14 août. Elle est en voie de se régulariser face à la justice, et reviendrait dès mardi 29 novembre faire quelques petits reboisements en lisière de forêt, avant, peut-être, une expulsion et le redémarrage de travaux plus conséquents courant décembre ou janvier.
Convergence : Pendant ce temps là, le bois Lejuc est plus que jamais EN VIE : occupé, libéré, habité, défendu dans un respect de la diversité des tactiques. Participez ! Venez partager vos expériences et élargir nos possibilités, défendons la vie de cette forêt !
Tous les dimanches à partir de 14h : vin chaud et châtaignes..., promenades d’automne, champignons, initiation à la grimpe, construction, discussions dans la forêt libérée ! (Apportez ce que vous avez envie de partager : un goûter, un savoir-faire, de la peinture pour vous exprimer sur le mur...)
Le 13/12/2016 anniversaire déter’ de Swen : le résident officiel de la foret fête ses 30 ans ! Célébrons et défendons ! Feux d’artifice : « bring your own beer ». Le bois est libre !
À tout moment, passez à la Maison de la résistance à la poubelle nucléaire à Bure pour s’informer, se rencontrer, se reposer et s’activer !
En cas d’expulsion et/ou de redémarrage des travaux :
Rendez-vous dés le lendemain matin à Bure pour tenter de bloquer les travaux.
Convergence le samedi suivant vers Bure à 11h (précision du lieu sur vmc.camp en temps voulu) pour une manifestation dont la teneur sera affinée en fonction de ce qui sera le plus stratégique.
Pour soutenir financièrement et matériellement la libération du bois, il existe toujours un appel à don et un appel à matos.
sauvonslaforet[at]riseup[point]net / www.vmc.camp / Maison de la résistance : +33(0)3 29 45 41 77 Presse : +33(0)7 58 65 48 89
L’APPEL COMPLET
Les feuilles rougissent de plus belle chaque jour. Le vent fraîchit. La nuit s’étire peu à peu. Les brumes givrantes du matin pointent le bout du nez. Il y a des bouquets flamboyants où que l’on tourne le regard, les chemins défrichés couverts de tapis craquants, et les hourras de chiens joueurs. Le vert tendre a laissé place au rouge rage, l’automne a embras(s)é l’été et, contrairement à ce que nous écrivions dans notre premier appel, à Bure, nous allons toujours aux champignons ! Après presque 5 mois de manifestations, d’occupations, de balades, d’expulsions, de réoccupations, d’affrontements, de recours juridiques, de pique-nique, de tractages, de constructions de vigies, de boums improvisées, de sabotages de mur... le bois Lejuc est plus que jamais libéré !
Sans crier gare, voici que depuis l’épique chute du "Bure de merlin" le 14 août, des dizaines de hiboux ont refait leurs nids dans cette jolie forêt. Cette fois, il n’y a pas eu d’appels pétaradants, pas de textos urgents, pas d’overdoses d’informations ou de demandes de soutien. La nouvelle occupation s’est installée tranquillement, profitant de la douceur automnale : le plaisir de monter une grande plate-forme au cœur d’un hêtre, de s’initier à la grimpe, de redécouvrir cette forêt aux couleurs changeantes, sans pression des flics. Prendre le temps de discuter avec celles et ceux qui continuent de s’y promener. Apprendre à respirer à nouveau après avoir passé un été en apnée furieuse et euphorique. Le changement de saison : d’été d’urgence, à automne paisible…vers un hiver déter !
Tôt ou tard les barricades de papier tomberont
Car nous ne sous-estimons pas les VRPs de l’atome, qui ne sont pas restés bras croisés à flemmarder dans leurs costumes trop grands et leurs bureaux aseptisés. Ils ont fait appel de la décision de suspension des travaux du 1er août ; celui-ci sera jugé entre décembre et janvier selon les différentes audiences encore à venir. La procédure d’obtention d’autorisation de défrichement est en cours. Fin novembre, nous avons appris que l’agence ne serait pas soumise à une étude d’impact, ce qui nous aurait permis de gagner encore un peu de temps.
Début octobre un huissier est venu se balader avec à son bras l’homme de main de l’Andra et deux vigiles armés de bâtons. Ceux-là même qui tentent des embuscades ou testent notre vigilance en lisière. Chaque semaine, au moins une fois l’hélico nous survole, les bleus rôdent dans les alentours. Même le commandant de gendarmerie, le fameux « Dubois », cherche insidieusement à se faire inviter en promenade. Pour couronner le tout, l’Andra semble à présent prendre mesure de la richesse inestimable de ce bout de forêt : mardi 29 novembre elle veut en effet venir reboiser des parcelles… pour mieux les détruire d’ici à quelques mois.
Côté répression, des ami-e-s ont pris 2 mois de sursis pour un graff sur une ruine, un autre une interdiction de Meuse pour 2 ans, et des convocations s’accumulent pour l’affaire du mur. Une nouvelle préfète s’est installée en Meuse, et un nouveau directeur du cru pour CIGEO. L’Andra a aussi recruté un expert en droit public pour éviter de reproduire les erreurs passées. Bref, ils se réorganisent, et les menaces d’expulsion de la forêt et de reprise des travaux de forages se rapprochent. À nous de les anticiper, comme nous l’avons toujours fait depuis ce fol été.
Des dizaines de personnes ont choisi de s’installer sur place
Par ce nouvel appel, après un relatif temps de repos, nous souhaitons donner des nouvelles à toutes les amies passées cet été, l’an dernier, depuis 20 ans. À tous les curieux qui ont préféré des destinations de vacances plus exotiques qu’un été en Meuse (on ne vous en tient pas rigueur). Aux tritons sans frontière qui résistent assourdis par le bruits des bottes bornées qui clôturent cette fin de règne en annonçant une ère encore plus martiale. À celles et ceux qui cherchent quelques raisons d’espérer.
Ici, c’est avec un optimisme joyeux et déterminé que nous enracinons cette petite victoire ; des arbres sont replantés dans les gravats ; et aux solides branches de leurs ancêtres centenaires des cabanes sont reconstruites. De là-haut, les vigiles et autres sbires de l’Andra paraissent enfin à leur taille : ridiculement minuscules face à la grandeur de cette forêt. Malgré le froid, les hiboux en tout genre semblent s’y plaire et se sont même mis à hululer des tas de camarades partout en France et en Europe pour leur prêter main forte ! Cabanes, plate-forme, cuisine, toilettes sèches, tipi avec feu central, préau récolteur d’eau de pluie, espace de couarail chauffé avec dortoirs... sortent de terre et des aires comme les champignons qui poussent et les grues cendrées qui passent...
L’un d’entre nous, Swen a décidé d’élire officiellement domicile dans le bois Lejuc. Ensemble, nous y fêterons ses 30 ans le 13 décembre.
Défendre dans la diversité des tactiques
Nous amplifions notre hululement, qu’il résonne au plus loin et qu’encore plus nombreux-euses nous convergions. Déjà, des dizaines de personnes ont choisi de s’installer sur place après l’été. Nous savons que c’est aussi, en grande partie grâce à la condamnation juridique de l’Andra que la forêt est protégée. Toutefois, ne nous faisons aucune illusion : comme dans toute l’histoire des des luttes anti-nucléaire, les barricades de papiers tomberont, tôt ou tard les travaux seront régularisés. Quelques semaines, quelques mois : c’est une question de temps. À ce moment là, nous devrons être suffisamment fort-e-s, créati-ve-s, solidaires, ensemble pour les bloquer !
Dès maintenant que des dizaines et des dizaines de personnes profitent de ce bois, viennent y vivre, s’y balader et s’organiser. En cas d’expulsion ou de reprise des travaux, nous souhaitons que dés le lendemain des dizaines de personnes tentent de bloquer leurs machines. Et que le samedi suivant une marée humaine déferle sur eux pour défendre dans la diversité des tactiques la forêt libre, pour les arrêter !
Entre temps nous allons continuer de vivre, rire, attiser les braises et faire des étincelles, squatter des terres agricoles, aller aux champignons, construire nos nids un peu partout dans le coin, apprendre à nous connaître, tisser des liens, inventer quelque chose de beau et contagieux qui se répand.
Les chouettes hiboux hululant de la forêt de Mandres, entre octobre et novembre 2016.