Zone A Défendre
Tritons crété-e-s contre béton armé

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Ils veulent expulser une de nos Zones à défendre, silencieusement ! No pasaran !

samedi 27 janvier 2018

Ils veulent expulser une de nos Zones à défendre, silencieusement ! No pasaran !

Ils essayent de désarmer la zad de l’espoir de construire une réalité face à un monde qui nous exploite, nous empoisonne, nous enferme, nous tabasse, nous tue. Nous étions conscient-e-s de la force étatique portée par beaucoup d’autres composantes à Notre-Dame-des-Landes, mais nous étions enfumé-e-s par leurs paroles d’envies d’un monde meilleur (pour leurs gueules), plus vert (mais pas trop, et surtout rentable), tout en pointant du doigt leurs décideurs, chefs et patrons et pour un tas d’autres raisons de récupération par l’image de solidarité.

Nous comprenons que nos modes d’existence et de résistance ne vont pas dans le sens du poil des plus puissants, des plus dominants et virulents de ce monde, souvent plus près de nous que l’on pense... Aujourd’hui, nous faisons face à une répression assez mesquine au sein du mouvement d’occupation, par une force commune d’intérêts personnels qui impose ou manipule l’apolitisation pour pouvoir commencer des potentielles négociations portées par le PARTI dominant, et méprisant dans le mouvement "anti-aéroport", très représenté dans l’AG des usages. Souvent appuyé par beaucoup de formes d’oppressions intellectuelles, élitistes imposées et organisées par différents groupes et individus, d’un élan autoritaire, discriminant et fascisant. Par des menaces, coups de pression individuels ou collectifs, mensonges, des sabotages et détournements d’outils collectifs.

Le PARTI tente de réprimer l’expression contestataire et parfois radicale de la zad. Cette expression incontrôlable et militante qui s’affirme assez fort contre l’État avec laquelle le PARTI veut négocier. Ils veulent négocier un certain confort d’avenir égoïste, comme la normalisation de la zone et ses activités et pour certains privilèges "communs/collectifs" au mépris de beaucoup d’opprimé-e-s de l’État et ses institutions, mais surtout au mépris des camarades en lutte ici et ailleurs. Ielles sont venu-e-s en vitesse et avec une force virulente le lundi 22 janvier pour virer une grosse partie de la d281. C’était un moment très confus pour beaucoup de gens présent-e-s. Des gros rapports de force asymétriques appuyés par une mauvaise foi et des intentions agressives, mais aussi des moments de médiation forgés par celles et ceux qui ne voulaient pas que ça parte en guerre ; pour d’autres un moment très enrageant ou frustrant, surtout déprimant. Quoi que donnent les négociations, au final l’État n’acceptera pas une voix subversive depuis cet endroit, mais il y en a qui croient encore qu’ils pourront négocier sans confrontation avec l’État.

Si aujourd’hui une partie de l’occupation se plie et danse déjà aux menaces des coups de fouet par la préfecture et ses chefs d’État avant même le début de quelconques négociations, ça laisse imaginer la direction que pourraient prendre les prochaines étapes de nos vies, et celle de la zone à défendre et autres luttes contre le monde qui voulait cet aéroport. Il existe encore un enjeu majeur. L’enjeu à garder des terres et nos quotidiens libres et solidaires, hors des griffes de l’État, hors des cadres, hors du système, de manière à continuer à nourrir les résistances contre ce monde qui impose une éducation de servitude, une consommation suicidaire, des activités polluantes, des comportements destructeurs, des méthodes oppressantes et un spectacle de démocratie-liberale discriminatoire dont nous n’avons aucune intention d’en redevenir prisonnières ou complices.

Le possible que la zad permet, c’est d’expérimenter des réalités et structures autonomes ou créatrices qu’on imagine, construit et défend, ensemble, en mode affinitaire ou non, par nos rencontres, conflits et découvertes hors des normes et des cadres imposés, certains individuellement, d’autres collectivement, d’autres pour les partager ailleurs. Pour une grande part d’entre nous en essayant d’être conscient-e-s des réalités sensibles et des visions des autres, en restant ouvert-e-s à l’idée qu’on a tou-te-s des vécus, cultures et principes différents. Mais ce n’est hélas pas le cas pour tout le monde sur cette zone, il y en a qui pensent qu’ils savent mieux gérer nos vies et prendre des décisions pour nous.

Il existe une part du mouvement qui lutte contre le monde auteur de ce projet d’aéroport inutile et abandonné, la part qui critique ouvertement, par principes, qui questionne par l’éthique ou par des formes d’actions directes créatives, la collaboration et la complicité d’autres composantes avec nos ennemis destructeurs, exploiteurs ou oppresseurs. Les ennemis contre qui ils prétendent aussi résister et dénoncer. Cette forme de critique déplaît particulièrement aux bénéficiaires du maillage étatique néo-colonialiste ; surtout la frange patriarcale, autoritaire et exploitant sur et autour de la zone. Il faut rentrer dans l’image totalitaire du mouvement anti-aéroport et la région pour être accepté-e et pouvoir rester.

On est nombreux-ses à vouloir tenir et défendre les routes et les terres expropriées sur la zad et continuer à y avancer avec des projets émancipateurs et cultiver avec celles et ceux qui y passent et partagent des principes horizontaux, partageurs et inclusifs, mais nous faisons face à des pressions et des forces asymétriques et nous ne pensons pas pouvoir tenir seul-e-s cette brèche fertile et ces structures horizontales sur la zad dans la durée sans des forces à la hauteur de la menace. Des structures servant d’habitats, de lieux de convivialité, de rencontres, d’organisation, de lieux d’échanges intergalactiques qui ont besoin d’imaginaires sans cesse renouvelés. Même si les pressions et repressions nous affaiblissent moralement ou physiquement à certains moments, pour parfois au final se voir réprimer ou expulser selon la volonté d’un État, nous continuerons à résister, subvertir et à attaquer ce monde de violences par tous les moyens et à construire un monde différent. La zad est partout !

Nous invitons tout le monde à exprimer vivement sa solidarité déterminée avec la zad et dans nos espaces, ceux des anarchistes, des revolté-e-s, des animaux sauvages, des pirates, des squatteur-euse-s, des émigré-e-s, des enragé-e-s, des autonomes, des electrons libres, des réprimé-e-s, des exilé-e-s, des rebel-le-s, des exclu-e-s, des apatrides, celles et ceux qui ont défendu les zads et d’autres taz (zones autonomes temporaires) ou squats pour des idées et pratiques qui dérangent les pouvoirs, les dominants, les privilégiés et les aménageurs. Nous vous invitons à faire vivre les zads et des lieux ailleurs pour arroser les graines de révolte et de solidarité avec toutes les résistances en lutte contre un monde totalitaire qui s’impose. Ne les laissons pas expulser nos idées, nos vies souvent fragiles, nos conflits face aux oppresseurs et aux structures de leur monde. Ne les laissons pas nous expulser de nos environnements libérés, autonomes et anarchistes, par les pressions et complicités locales des entités fascistes, autoritaires, libérales et citoyennes, par les menaces psychologiques, par les interêts de la proprieté privée ou par les forces meurtrières de l’État.

Nous avons combattu ensemble les pouvoirs d’État et son monde capitaliste et libéral, à la zad et ailleurs en 2012, et bien avant, continuons aussi en 2018 sur la zad et partout où nos forces convergent, où les possibilités se présentent... Restons incontrôlables, libres et sauvages !

S’ancrer à la zad le 10 février

Le projet d’aéroport a donc été, enfin, abandonné, nous vous invitons donc à fêter la victoire avec nous sur ce territoire que notre lutte a protégé des appétits carnassiers des bétonneurs. La lutte continue, car il faudra défendre l’avenir de la zad contre celles et ceux qui voudront en faire un territoire normalisé. Venez vous organiser, vous amuser, vous émanciper, vous révolter, venez partager et construire les avenirs pour la zone à défendre à Notre-Dame-des-Landes et ailleurs !

"Nous ne sommes rien si nous marchons seuls ; nous sommes tout quand nous marchons ensemble au pas avec d’autres pieds dignes", Subcomandante Marcos, zapatista

zadresist_at_riseup.net