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Depuis Atenco, lettre à la ZAD et aux organisations du monde entier !

jeudi 27 septembre 2018

Depuis Atenco, lettre à la ZAD et aux organisations du monde entier !

mercredi 26 septembre 2018

Fin août 2018, le Front des Villages en Défense de la Terre d’Atenco adressait un appel spécial à la ZAD et aux rencontres intergalactiques qui y étaient organisées, à les soutenir dans la lutte contre la construction du Nouvel Aéroport International de la Ville de Mexico :

CAMPAGNE CONTRE LE NOUVEL AEROPORT DE LA VILLE DE MEXICO :

Lettre-vidéo d’Atenco à la ZAD et aux collectifs internationaux

AUX ORGANISATIONS SOLIDAIRES DU MONDE ENTIER

Salutations depuis le Mexique

Nous sommes des paysans du centre du pays, descendants des peuples nahuas, qui ont peuplé les rives du Lac de Texcoco il y a de cela des milliers d’années. En 2001, on a tenté de nous déposséder des terres qui assurent la subsistance de nos familles, et cela pour construire un nouvel aéroport international dont les seuls bénéficiaires sont les puissances économiques de ce pays.

A la suite d’une lutte constante et sans répit, nos villages ont réussi à faire tomber le décret d’expropriation des terres en 2002, léguant au mouvement social mexicain une victoire indiscutable contre le projet néolibéral promu depuis le gouvernement mexicain.

La victoire paysanne réussit à ternir l’orgueil et la superbe du gouverneur de l’époque et actuel Président de la république mexicaine Enrique Peña Nieto, qui imposa sa vengeance à feu et à sang en attaquant les communautés les 3 et 4 mai 2006 au travers d’une des plus brutales opérations policières de l’histoire contemporaine du Mexique. L’onde de choc de la répression provoqua 2 morts, des dizaines de blessés et d’incarcérés, 27 plaintes pour torture sexuelle, et des condamnations à des peines allant jusqu’à plus de cent ans de prison pour les défenseurs de la terre.

Le mouvement social réussit à obtenir la libération des prisonniers, mais il reste encore à obtenir justice pour les femmes abusées sexuellement ainsi que pour les familles endeuillées des compañeros assassinés. En 2014 Enrique Peña Nieto, cette fois en tant que Président, réactiva le projet de Nouvel Aéroport International de la Ville de Mexico (NAICM en espagnol).

Cette décision signifiait une déclaration de guerre contre les villages qui résistent depuis 17 ans au harcèlement et à la violence déployée par les puissants politiciens et chefs d’entreprises qui voient dans l’aéroport une opportunité afin d’augmenter leurs fortunes personnelles, déjà obscènes auparavant, en réduisant à la misère les secteurs les plus vulnérables du pays.

La décision d’annuler ou de conclure le chantier est aujourd’hui dans les mains du gouvernement récemment élu dirigé par André Manuel Lopez Obrador, qui a récemment proposé de mener à bien un processus de consultation afin de déterminer la viabilité du projet.

Le Mexique vient à peine de vivre une des élections les plus concourues de son histoire, qui donnèrent lieu à une manifestation généralisée de rejet contre ceux qui ont jusqu’à présent soumis le pays, les mêmes qui ont été jusqu’à aujourd’hui bébéficiaires du projet d’aéroport. Maintenir la construction du NAICM sur l’ancien lac de Texcoco signifierait tourner le dos aux pauvres et continuer à permettre que s’imposent les intérêts d’une poignée de riches face aux nécessités urgentes du reste de la population, un scénario qui nous éloignerait du changement tant désiré sur lequel ont déposé leurs espoirs plus de trente millions de mexicains.

Le Nouvel Aéroport de la Ville de Mexico signifierait pour les villages la disparition de leur culture, de leur espace naturel, la venue de catastrophes environnementales, et l’impunité face aux crimes perpétrés par ceux qui possèdent l’argent contre les plus modestes de cette terre. Ce qui est menacé, c’est l’existence d’une culture millénaire dédiée à la culture des champs, car pour ceux qui détiennent aujourd’hui le pouvoir dans ce pays, “progrès” veut dire voir les paysans se transformer en serveurs de restaurant ou en porteurs de bagages, et voir les zones humides se transformer en complexes hôteliers.

Les conséquences environnementales de la construction du nouvel aéroport peuvent être qualifiées de véritable écocide : à l’heure actuelle, ce sont plus de 45 collines qui ont été dévastées afin d’en extraire les roches afin de recouvrir le lac, collines où sont déversées les boues toxiques du chantier de construction, ce qui compromet la qualité de l’air et de l’eau de la ville de Mexico ; le nouvel aéroport entrainera le déplacement de plus de 250 espèces d’oiseaux migrateurs de leur habitat naturel de reproduction ; et l’augmentation du risque d’inondations du fait de la destruction du relief de la zone, entre autres conséquences environnementales.

Il faut prendre également en compte, frères et soeurs du monde entier, que les investissements de ce mégaprojet s’appuient en grande partie sur la participation du capital transnational, qui met en oeuvre des politiques mortifères sur toute la planète afin de satisfaire les appétits de la classe sociale qui nous opprime tous et toutes de manière similaire ; dans le projet de Nouvel Aéroport sont impliquées des entreprises qui sont accusées dans d’autres pays de faits de corruption, et qui interviennent dans la construction de l’aéroport par le biais de mécanismes de fraude fiscale (par exemple au travers des “bons écologiques”) [1] en même temps qu’ils encouragent un projet signifiant la disparition des villages de la vallée.

Pour toutes ces raisons, nous lançons un appel à toutes les organisations sociales, environnementales, de droits humains, aux institutions éducatives et aux centres de réflexion, aux personnes qui défendent la nature, aux personnes qui résistent, aux mouvements étudiants, aux jeunes de la campagne et de la ville, aux travailleuses et travailleurs et à leurs organisations syndicales ou sociales, au mouvement indigène, à la communauté artistique, aux écrivains et aux académiciens, aux universitaires, aux paysans et aux peuples originaires du monde entier à se joindre à la lutte des villages originaires et des habitants de la Vallée de Mexico afin que nous exigions l’annulation totale du projet de nouvel aéroport.

Nous vous invitons à vous prononcer publiquement contre le Nouvel Aéroport à Texcoco, ainsi qu’à participer à la mobilisation du 25 octobre prochain, ou à la répliquer dans vos lieux d’origine. Egalement à vous joindre activement à la diffusion de matériels contre le projet d’aéroport, que ce soit au travers de brigades, d’espaces médiatiques ou par l’utilisation des réseaux sociaux.

Nous vous convoquons à envoyer des messages de soutien (photos ou vidéos) par le biais d’hashtags avec comme phrase Face à l’#AeropuertodeMuerte #YoPrefieroelLago #YoPrefieroAves #YoPrefieroAgua #YoPrefieroNoInundarnos #YoPrefierolaMilpa, afin de construire une large campagne à même de donner de la visibilité à notre cause.

Vous pouvez indiquer votre lieu de vie, le nom de votre organisation et les raisons de s’opposer à cet aéroport. Merci d’envoyer ce matériel au mail : plataformavsnaicm.com@gmail.com avant le 5 octobre prochain.

Depuis la première barricade de défense face au saccage en cours, nous fraternisons avec toutes les luttes qui partagent nos principes de vie et d’auto-détermination. Que vivent celles et ceux qui luttent contre la mort imposée par ce système rapace, que vivent les villages et les peuples qui tissent ces liens de tendre solidarité.

Front des Villages en Défense la Terre

Villages Unis contre le Nouvel Aéroport et l’Aérotropolis

Mexique, septembre 2018