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nouvelles de Turin et des luttes contre les frontières

mercredi 1er juin 2016

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On reste ici, on lache rien.

La présence toujours plus envahissante de la police à faire des rafles et des controles à chaque angles de rues et dans les bars saute aux yeux de tous ceux qui traversent les rues du nord de Turin. Les statistiques confirment l’air qui se respire dans la rue : il semble que se renforce la répression pour punir des délits considérés légers. Le controle direct augmente, le nombre de personnes incarcérées pour de petites activités illégales croit. De même il semble que le tribunal de Turin est en train de se réorganiser en se dotant d’instruments capables de faire condamner plus rapidement qui commet des délits tels que vol, violence, menaces et outrages à fonctionnaires dépositaires de l’autorité publique, violation de scellés de séquestrations d’espace, bagarres, recels.

Et dans les lieux où la répression réussit à chasser de la rue les personnes indésidérables, rue nettoyée pour le nouveau profit urbain, ils restent les caméras de surveillance qui scrutent constamment l’espace et les rondes de flics privés qui patrouillent. Ainsi les processus de requalification de l’espace et de mise à profit se sont renforcés au cours de la dernière decennie dans certains quartiers devenus désormais ex-populaires de Turin.

Dans un climat d’attention généralisée à l’éradication des comportements illégaux diffus le Parquet de Turin et le Tribunal pénal en général semblent avoir décidés d’entreprendre une croisade jusqu’au dernier souffle contre les personnes et les groupes qui s’opposent de différentes manières à des projets d’infrastructures, à des cycles d’exploitation, à des dynamiques d’exclusion. Ainsien Vallée de Susa, ceux et celles qui ont participé concrètement à l’opposition à la construction du train à grande vitesse ont été frappés par des mesures de controle judiciaire comme les assignations à résidence, interdiction de quitter la ville ou obligation de signer tous les jours chez les gendarmes.

En ville aussi la notification d’une mesure de controle judiciaire suite à une plainte pour une contestation contre des institutions, pour la participation à des piquets de résistance aux expulsions locatives ou pour une quelconque opposition aux forces de l’ordre est désormais une habitude. La dernière mauvaise nouvelle remonte au 25 mai dernier lorsque la police a sonné aux portes de plusieurs maisons des quartiers de Barriera di Milano et de Porta Palazzo pour notifier 12 mesures d’interdictions du territoire de la ville de Turin.

A l’origine de ces mesures il y a une action « armé » de quelques seaux de merde chez l’entreprise Ladisa qui s’occupe de servir les repas aux détenus de plusieurs centres de rétention dont celui de Turin durant une de leur journée promotionnelle. Ces douzes dernières mesures sont seulement la continuité d’une longue liste de mesures similaires ayant frappées compagnons et compagnonnes bannis de Turin ces dernières années.

Grâce à un effort minimum, l’utilisation de l’interdiction du territoire à la chaîne devient une mesure répressive à « basse intensité » dont la nouvelle ne fait pas grand fracas comme le pourrait être une incarcération, mais provoque l’élimination de la geographie urbaine de nombreuses paires de bras et de têtes engagées dans la recherche quotidienne des possibilités de luttes, de s’organiser ensemble, d’imaginer et essayer de subvertir le présent. Une mesure qui ne dure pas seulement quelques mois, mais étant considérée une mesure de basse intensité, peut être renouvelée pour plus d’une année, contraignant les personnes frappées à faire les valises et à s’inventer un motif pour vivre ailleurs.

Ainsi s’abaisse le niveau des possibilités d’une lutte d’aller de l’avant : les forces diminuent et ce qui risque d’augmenter c’est la conscience qu’il en faut peu pour être chasser de la ville.

Pour pouvoir continuer les luttes que, quotidiennement, nous menons contre les expulsions locatives et contre le CRA, il nous semble nécessaire de commencer à refuser et combattre ces mesures répressives. Nous voulons que nos compagnons, amis, affects restent ici avec nous à vivre et à LUTTER !

Frontières et 12 personnes bannies

« Brûler les frontières chaque jours » était le titre et le fil conducteur des trois journées qui ont eu lieu à Turin ces derniers jours. En plus des témoignages et réflexions sur Calais, Vintimille, Idomeni, Brennero - les frontières étatiques - les discussions se sont aussi concentrées sur les CRA et les Centres de l’Accueil, sur les occupations avec les réfugiés à Athènes et sur les luttes aux côtés des réfugiés à Paris. Avec la conviction que, en plus des frontières entre un Etat et un autre, il y a de multiples instruments utilisés par les autorités pour contrôler et rendre toujours plus dure les vies de personnes ayant fuit leurs pays pour l’Europe. Les lieux et les occasions de rencontres et de luttes avec qui n’a pas le bon bout de papiers sont donc nombreuses.

C’est pour cela que samedi matin les participants à ces trois journées ont traversé en manifestation le quartier de Porta Palazzo, de la Piazza della Reppublica, le marché aux puces du Balon et les rues du quartier Aurora, où contrôles et rafles des sans papiers sont à l’ordre du jour. Au cours de la manif les tags, affichages sur autobus et les murs, interventions au mégaphone ont répété la nécessité de s’organiser ensemble pour résister aux forces de l’ordre et ont été rappelées quelques unes des responsabilités de la machine à expulser, comme les Postes Italiennes propriétaires de la compagnie aérienne Mistral Air particulièrement active pour expulser.

Dimanche après-midi s’est déroulé un rassemblement bruyant sous les murs du Centre de Rétention du cours Brunelleschi, défendu pour l’occasion par plus d’une centaine de flics anti-émeute et flics en civil. En plus des gros pétards et des interventions au micro, de nombreuses balles de tennis ont pu être envoyées de l’autre côté du mur du Centre, chose qui n’avait plus lieu depuis des mois car les dernières tentatives étaient immédiatement bloquées par les forces de l’ordre présentes constamment autour du Centre. Le rassemblement s’est conclus par une manif le long de la rue Monginevro suivie de loin par les blindés et les cordons de flics.

Certains des défenseurs de l’existence des frontières nous ont rappelé que les frontières sont partout lors des jours suivant. Lundi soir dans les rues de Aurora et de Porta Palazzo a eu lieu un défilé au flambeau organisé par les syndicats de flics et des comités de quartier pour faire la publicité d’un « Pacte pour la sécurité » consigné les jours précédent aux candidats aux elections municipales. Les demandes invoquées sont, entre autres, l’augmentation des rafles et l’expulsion des maisons occupées dans le quartier. Justement devant l’une d’entre elles, sur le cours Giulio Cesare, quelques dizaines de personnes menacées d’expulsions locatives, d’occupants de maisons et de personnes solidaires ont attendu en vain le passage de la manifestation qui, sans savoir pourquoi, a décidé de défiler dans des rues moins centrales et fréquentées.

Ce sont les flics politiques, sur mandat du tribunal de Turin, qui ont conclu ces trois journées contre les frontières. Pour une contestation s’étant déroulée en Octobre dernier contre la Ladisa, entreprise qui s’occupe de la distribution des repas dans le CRA, 12 compagnons et compagnonnes ont été frappé-es d’une interdiction du territoire de Turin. Lors de cette contestation des seaux de merde ont été déversés dans les bureaux de la Ladisa, un procès est ouvert pour violence privée en réunion et dégradation. Ceci a suffit aux juges pour appliquer une mesure de contrôle judiciaire d’éloignement des compagnon.nes. Chassé.es de la ville, a conclu le juge de l’enquête préliminaire, à cause de l’obstination des sujets d’autres mesures répressives ne réussiraient pas à les éloigner des luttes.

La stratégie des mesures d’interdictions du territoire, donne un effort minimum et un résultat maximum pour les autorités de la ville. Grace à l’utilisation d’une mesure de contrôle judiciaire de basse intensité dont la nouvelle ne faire pas grand bruit comme celle d’une incarcération, on peut bannir de la géographie urbaine des bras et des têtes engagéés dans la recherche quotidienne des possibilités de conflits, de s’organiser ensemble, d’imaginer quelque chose de radicalement autre. Une mesure qui ne dure pas seulement quelques mois, mais étant considérée une mesure de basse intensité, peut être renouvelée pour plus d’une année, contraignant les personnes frappées à faire les valises et à s’inventer un motif pour vivre ailleurs.

Un mode opératoire dont nous avons déjà parlé par le passé, ici les voix des personnes chassées de la ville en 2013, et qui cycliquement se représente. Qui lutte ne peut donc pas ne pas prendre en considération cette mesure.

macerie @ Maggio 26, 2016