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Communiqué des migrants du CAO de Rennes

dimanche 20 novembre 2016

Mercredi 16 novembre 2016 à Rennes

Nous sommes des personnes qui ont passé environ deux ans, un an, six mois dans la jungle de Calais. La vie à Calais est trop difficile mais nous voulions aller en Grande-Bretagne. A Calais, il y a eu une rencontre avec le responsable de l’OFPRA de Paris et une personne du gouvernement français. Presque tout le monde a donné ses empreintes en Italie. Ils nous ont dit qu’ils allaient oublier le fait qu’on ait donné nos empreintes si on allait dans les villes, qu’on pouvait choisir. Et qu’ils allaient nous donner les documents nécessaires pour rester en France ou voyager. A cette réunion là, il y avait des gens à qui la même promesse avait été faite en 2015 et qui avaient appris que leur Dublin [1] n’allait pas être cassé et ont réussi à retourner à Calais. La personne de l’OFPRA a promis que cette fois çi ça ne se reprodurait pas. On leur a fait confiance par ce que ce n’était pas des porte-paroles qui étaient venus nous voir mais des hauts responsables. Maintenant, la situation est le contraire de ce qu’ils nous ont dit : quand on est allé à la préfecture d’Ille et Vilaine, on nous a dit que la décision était qu’ils allaient demander à l’Italie si on pouvait être réadmis vers ce pays. Personne ne voulait rester en France mais ils nous avaient promis qu’on pouvait y rester. On a eu des rendez-vous par communautés, par pays pour nous expliquer qu’il ne fallait pas fuir, qu’ils avaient certainement nos empreintes ailleurs mais que c’était pas grave, ça arrivait de se faire contrôler, mais on nous a promis que la procédure de DUBLIN allait être cassée. Nous, on les a cru, mais comme on ne voulait pas rester ici vu que la France était un pays de passage, mais si on était acceptés ici on voulait bien y faire notre demande d’asile. Mais au final, on se rend compte que c’est faux. Comme c’est le contraire qu’ils sont entrain de nous faire vivre, nous on ne mangera pas et puis y’a rien à faire donc on ne peut que faire ça, s’arrêter de manger. Du coup, hier, le 15 novembre, on a décidé ensemble d’arrêter de manger et aussi aujourd’hui on a dit aux bénévoles qui nous donnent des cours de français qu’on ne voulait pas faire le cours, qu’on était fatigué par la situation et qu’on avait pas que ça à faire. Les responsables de Coallia, on ne sait pas vraiment qui ils sont. Au final, les responsables de Coallia ne font rien, on s’est pas si c’est des travailleurs sociaux ou pas. Y’a un responsable qui s’occupe des repas et qui rempli les demandes d’asile des personnes qui sont en procédure normale, ils posent les questions en anglais pour remplir la demande, sinon on peut avoir une traductrice en arabe. Là, on est énervés, on est stressés à force de pas savoir ce qu’il nous attend. On veut que les personnes qui s’occupent de nos demandes viennent nous voir et nous parler et ne pas avoir comme interlocuteur les responsable de Coallia qui ne savent rien de nos demandes, ni ne peuvent s’engager. Par la grève de la faim, on veut que les supérieurs soient avertis pour pouvoir leur parler du fait que la promesse n’a pas été tenue.

Les migrants erythréens, soudannais et somaliens de Calais à Rennes.

P.-S. Aujourd’hui, mercredi 16 novembre, les responsables de Coallia du CAO de Rennes, ont refusé la tenue d’une rencontre avec une avocate et une traductrice sous pretexte que le CAO était un lieu privé et que chaque activité proposée devait être validée par ses responsables. Les personnes hébergées au CAO ont refusé de s’alimenter depuis 24h et boycottent le peu d’activités proposées par Coallia. Face à ce refus d’accès à l’information et à leurs droits pour les personnes migrantes, nous nous organisons de notre côté pour soutenir leurs démarches. Le texte ci-dessus a été écrit collectivement par les personnes migrantes traduit de l’anglais et tigrinien en français à l’aide d’une traductrice.

Notes [1] Accord Dublin III : règlement européen qui détermine l’État membre de l’Union européenne responsable d’examiner une demande d’asile. Cet accord fait normalement reposer la prise en charge des migrant·e·s et réfugié·e·s sur les pays par lesquels ils sont entrés dans l’Union européenne. Ce système est critiqué car de fait, les réfugié·e·s qui atteignent l’Europe ne souhaitent généralement pas rester dans les pays d’arrivée comme l’Italie ou la Grèce mais visent plutôt l’Allemagne, la Suède ou le Royaume-Uni.