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mercredi 23 mai 2018
Jeudi 28 juin 20h30 au Taslu : projection du film – Qui a volé le chaudron ? (Fiction – 2h10. 2017)
À la Rolandière, la présentation du film aura lieu en présence de plusieurs membres de l’équipe de production.
Un vieux proverbe japonais dit : “Quand la lune est brillante, le kama est arraché.” Cela signifie que c’est précisément lorsque vous pensez pouvoir baisser la garde que vos objets précieux sont susceptibles de vous être volés. Un kama est une grande marmite utilisée pour la cuisson du riz qui, depuis la nuit des temps, revêt une importance à la fois pratique et symbolique dans la vie quotidienne au Japon. C’est le même kama dans Kamagasaki, que l’on peut traduire littéralement par « le couvercle du chaudron ». Ceux qui connaissent le quartier de Kamagasaki à Osaka l’appellent “Kama”. On dit qu’il s’agit d’une zone autrefois marécageuse, reconquise à l’époque d’Edo. Pendant la croissance économique de l’après-guerre, Kamagasaki devint un bidonville pour la population excédentaire du Japon, qui s’y installa pour travailler comme travailleur journalier pour les industries de la construction, du transport maritime et du nucléaire. Depuis lors, son nom a pris une nouvelle signification, car le kama, ou marmite à riz, peut facilement être associé à la population massive d’habitants de Kamagasaki qui vivent au jour le jour dans le quartier. Aujourd’hui, l’une des activités les plus importantes de la communauté de Kamagasaki est la soupe populaire qui se déroule dans le parc principal, Sankaku Koen. Là, un couple d’énormes kama sont utilisés pour cuire le riz et la soupe à distribuer à ceux qui ont faim. Si ces gigantesques kama servent simplement à première vue d’instruments de cuisine, on peut aussi leur attribuer une fonction magique, comme une marmite de sorcier servant à protéger les travailleurs journaliers et à exorciser la gentrification du quartier. C’est cette fonction qui inspire la prémisse farfelue du film : une grande guerre des chaudrons, dans laquelle les habitants de Kamagasaki se disputent le pouvoir symbolique et magique du chaudron.
Présentation du quartier de Kamagasaki
L’histoire se déroule à Kamagasaki, le yoseba [lieu de rassemblement] des travailleurs journaliers d’Osaka. Les travailleurs journaliers constituent la strate de la population à qui le Japon doit sa prospérité économique d’après-guerre, ce sont aussi ceux qui sont les plus gravement exclus de la société civile. Les hommes attendent tous les matins le recrutement par des sous-traitants illégaux (yakuza), prenant des emplois précaires sans avantages sur les chantiers de construction, les ports ou les centrales nucléaires, tandis que de nombreuses femmes vendent leur corps et leur esprit à l’industrie des services, y compris celle de la prostitution. Les habitants de Kamagasaki sont constamment exposés à l’exploitation violente par les yakuzas, à l’oppression de la police et à l’expulsion par les urbanistes. Malgré ou à cause de ces conditions extrêmes, les yosebas ont été des lieux de construction singuliers d’autonomie et d’entraide – et d’émeutes périodiques ! Ce film est un hommage au pouvoir de Kamagasaki, le plus grand de tous les yosebas au Japon, comme une comédie carnavalesque qui se déroule autour de son nom.