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mercredi 23 mai 2018
Sept années se sont écoulées depuis les explosions de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi. Et la catastrophe se poursuit. Chaque jour, des nucléides radioactifs se déversent dans l’air, l’eau et le sol. Pire, ce processus est amplifié par la politique du gouvernement japonais, qui distribue dans le monde entier des produits alimentaires irradiés, et force les principales municipalités du pays à prendre en charge les déchets radioactifs (notamment sous forme de remblais). Le gouvernement libéral démocrate persiste dans sa posture pronucléaire, proréarmement, et promarché. Dans le même temps, les initiatives populaires se multiplient pour protéger les corps, les esprits et l’environnement : relevés de la radioactivité par divers collectifs de mesures, évacuations volontaires, batailles juridiques, blocages, manifestations et actions de rue. Mais l’élan de ces luttes a été insuffisant.
L’accident de Fukushima a suscité d’innombrables discours. Face à l’urgence et à l’ampleur du désastre, la plupart d’entre eux ont façonné l’idée d’une « Crise Humaine » que réglerait une solution unique, une sorte d’union sacrée des dirigeants, des partis, des mouvements sociaux, dépassant les distinctions de classe et de caste. Mais le « problème Fukushima » n’est pas social ou politique ; il s’apparente plutôt aux « hyper-objets » conceptualisés par Timothy Morton. Il implique des choses, des temporalités et des échelles spatiales qui échappent en grande partie aux humains et qui pourtant leur sont intimement présentes : trou noir, biosphère, système solaire, plutonium, uranium.
Le désastre nucléaire est irréversible et conduit à deux pertes fatales pour les êtres planétaires. Par leur pouvoir de mutation et de destruction des processus génétiques, les nucléides radioactifs réduisent les possibilités du futur. Tôt ou tard, nous serons tous irradiés ! Et de ce fait, c’est notre lien à la terre, autrefois considéré comme le fondement des « communs », qui est touché. Autrement dit, les radiations n’atrophient pas seulement les ressources, mais aussi nos aspirations, notre capacité à créer des « communs ».
La présentation du livre aura lieu en présence de certains des auteurs et d’autres camarades japonais.