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Témoignage depuis Mayotte où l’aménagement du territoire et ses aéroports poursuivent leurs dégâts irréparables

lundi 7 janvier 2013

Un soutien inconditionnel depuis Mayotte. Votre combat dépasse toute idéologie ou doctrine, il est tout simplement "juste". Ici, dans notre île nouveau département, nous nous sentons bien seuls sans espoir d’aucun soutien. Notre aérogare folklo suffisait bien pour les deux ou trois avions quotidiens (disons 800 passagers par jour), quitte à transpirer un peu dans certains moments d’attente. Parking gratuit sur les prairies qui jouxtent les bâtiments, dépose et ramassage un peu bordéliques mais efficaces par des taxis à 1,20 € la course, buvette avec vue sur la piste, autre buvette en plein air. Bientôt : parking bitumé payant, accès autorisé au seuls taxis avec badge (avec tarifs en conséquence), salles VIP, climatisation etc, etc... Un super machin aux normes des "normalisateurs" dont la construction a été confiée à un groupe canadien. Il est bien connu que le Canada a une grande expérience de la vie tropicale ; j’avais, hier, des envies terroristes en voyant ce type parcourir les 400 mètres de bitume entre le chantier et les bureaux au volant d’un 4X4 climatisé qu’il a rangé auprès de nombreux autres véhicules du même type. Un vélo prendrait moins de temps à faire le parcours... Le temps de démarrer la voiture, d’attacher la ceinture et d’enclencher la marche arrière que tu es déjà à destination avec ta bicyclette ! Pas grave, juste un peu plus de béton et tant pis pour les familles qui avaient le plaisir d’accompagner celui qui part en voyage en lui tenant compagnie jusqu’au moment de l’embarquement. Y sont cons ces nègres, y z’ont qu’à payer pour un Coca avec Mac Do en salle climatisée comme à Toronto au lieu de bouffer des gâteaux en plein air avec un Fanta sorti de la glacière en chantant bêtement leurs airs familiaux alors qu’une musique laxative se diffuse dans nos néo structures débilitantes. La suite est plus triste, si on peut dire.... Sans aucune concertation autre qu’un faux débat public il est prévu la construction d’une piste longue. Une superbe piste adaptée aux avions des années 70... Il existe des avions (B777 200-LR) qui peuvent utiliser la piste actuelle, notre compagnie locale tant décriée en possède un, mais le prix du carburant est ici 40% plus cher ce qui rend une liaison directe plus couteuse qu’un détour de 2000 km aller-retour par la Réunion. D’autres solutions existent en ouvrant notre île à la concurrence qui pourrait opérer en moyen courrier vers d’autres "hubs", un 737 suffit à joindre les émirats ou le continent africain. Non, non, non les intérêts locaux personnels sont trop importants. Un jour nous verrons circuler des files de camions transporter du remblais qui aura été rongé sur les collines, cela après qu’aura été rasée la colline du "Four à chaux" et son écosystème en ligne droite de la piste ; ils iront déverser leur chargement en tuant un des plus beaux lagons du monde. Mais que valent, face au profit, quelques tortues marines, quelques dauphins et leurs copains Dugong en voie d’extinction ? Pas plus qu’un agriculteur des terres nantaises. On pourrait penser que le paysan du 44 n’a rien compris ; il a un emploi de vigile disponible sur son ancien terrain exproprié, garder les voitures c’est tellement plus poétique que courir après des ruminants..... Son épouse pourrait avoir un poste gratifiant au Fast Food qui occupe la grange familiale !!!!