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Rassemblement de solidarité avec la famille Herbin : Viens participer aux premiers César de la Résistance !

mercredi 31 mai 2017

Jeudi 8 juin 2017, à 10h au tribunal de Saint-Nazaire

Rassemblement de solidarité avec la famille Herbin : Viens participer aux premiers César de la Résistance !

Ce pourrait être le scenario d’un film. Certains s’y sont d’ailleurs essayés. Sorti récemment en salles, le film documentaire “Les pieds sur terre” raconte avec justesse un morceau de l’histoire du hameau du Liminbout, théâtre d’une improbable rencontre entre paysan-nes, habitant-e-s, et squatteur-euses. Mais aujourd’hui, la vie et l’avenir de ce village se jouent d’abord sur le terrain de la lutte et notamment dans les salles obscures du tribunal de Saint-Nazaire, le 8 juin prochain.

Par un improbable concours de circonstance juridique aux rebondissement multiples, les Herbin sont aujourd’hui les derniers habitants historiques de la ZAD qui sont encore en situation d’arracher un délai légal supplémentaire avant expulsion ! Tous les autres sont d’ores et déjà expulsables à tout moment.

Pour tous les habitants historiques, la seule garantie de n’être pas expulsés du jour au lendemain repose sur le rapport de force qu’ils ont contribué à établir par leur implication dans le mouvement. Un rapport de force qui accule le gouvernement à prendre une décision politique aux conséquences imprévisibles, qui l’oblige à se lancer dans une opération policière de masse aux allures de remake de peplum s’il entend expulser quiconque habite la ZAD.

A peine nommé, le gouvernement est déjà englué dans les contradictions de son casting. Il annonce une médiation pour pouvoir mieux prendre demain une décision qu’il est incapable de prendre et d’assumer aujourd’hui. A la veille de la nomination annoncée des trois médiateurs, la date du 8 juin s’annonce comme un premier test.

Si cette médiation n’est pas un vulgaire montage pour noyer le poisson en attendant les résultats des législatives, si l’option de l’abandon du projet d’aéroport est vraiment de nouveau une option sur la table, on peine à imaginer que la famille Herbin se voit refuser un délai supplémentaire avant expulsion, au prétexte de l’urgence prétendue d’un projet qui rame depuis 1974 !

Le 8 juin prochain, nous serons là, tous ensemble, à Saint Nazaire pour affirmer : plus rien ne justifie aujourd’hui la précarité que subissent les habitants historiques.

Parce que nous avons toujours voulu rire de ces moments désagréables pour en tirer de la force ; parce que Claude élève des canards et qu’en ce moment c’est le festival de Cannes ; parce qu’une proposition de médiation qui ne soit pas assortie d’un moratoire immédiat sur les expulsions et les expropriations, c’est un peu du cinéma ; parce que la famille Herbin est à l’affiche simultanément sur les écrans et les tribunaux, parce qu’on attend toujours la sortie du film « opération César 2 »,

Nous organisons un rassemblement de solidarité devant le tribunal, pour décerner après la montée des marches, le premier César de la résistance à la famille Herbin ! Si tu aimes te costumer, ramène ta robe de soirée, ton smoking, ton appareil de paparazzi… Quoi qu’il en soit, nous on s’occupe des petits fours et du tapis rouge !

Les Q de plomb

Flash-back pour celles et ceux qui ont loupé les épisodes précédents ...

Depuis les années ’90, la famille Herbin loue une maison au village du Liminbout sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Peu après leur installation, le gouvernement Jospin relance le projet d’aéroport qui, depuis, plane tel une épée de Damoclès au-dessus de leurs existences.

Depuis la validation de la DUP en 2008, ils vivent, comme tous les habitant-e-s historiques de la ZAD, dans une situation de grande incertitude. Ils font parti de celles et ceux qui, malgré les pressions diverses, ont refusé toute négociation avec AGO-VINCI. A partir de ce moment, rester devient résister, refuser de laisser la place à ce projet inutile et nuisible.

Avec d’autres locataires en lutte, rassemblés à l’époque dans le collectif “des habitants qui résistent”, il lancent en 2008 un appel “à venir vivre ici” parce “qu’un territoire se défend avec celles et ceux qui l’habitent.” Autour de quelques verres de rouges cette joyeuse bande vient de donner naissance à la ZAD.

Au fil des rencontres la famille Herbin constitue le collectif des Q de plombs. Le principe est simple : produire sa bouffe, la partager lors de grands banquets, et faire se rencontrer autour d’un verre les mondes qui font cette lutte. C’est à ses innombrables et mémorables heures passées le séant sur une chaise à ripailler gaiement et à refaire le monde que le collectif doit son nom improbable.

Pendant ce temps, la propriétaire de la maison que loue la famille Herbin produit un faux en écriture et vend son bien à AGO-Vinci en faisant croire qu’il est “vide de tout habitant”. La multinationale ne s’en rend compte qu’après l’achat. Elle entame alors une procédure d’expulsion.

En automne 2012, la ZAD est le théâtre d’une opération de maintien de l’ordre sans précédent. Check-point, occupation militaire, affrontements épiques et tragiques. La maison mitoyenne de celle des Herbin est détruite à coup de tractopelle sous leurs yeux. Les détonations incessantes dans la foret rythment la vie quotidienne. Comme nombre d’habitant-e-s historiques, ils ouvrent leur maison aux squatteurs fraîchement expulsés. Geste déterminé qui s’avérera déterminant.

Après l’échec de la commission de dialogue, et la fin de l’occupation militaire, une tranquillité relative se réinstalle sur la ZAD, mais les procédures se poursuivent, au fil des coups de théâtre judiciaires. En mai 2015, la famille Herbin est déclarée expulsable dans un délai de 18 mois. En réaction, une équipe d’habitués des Q de plomb composée d’habitant-e-s de la ZAD, de paysans et d’artisans du coin, entame un grand chantier de rénovation de la grange de la maison pour y fonder une auberge et marquer notre détermination à rester et à défendre cet endroit coûte que coûte.

Aujourd’hui plus que jamais, les banquets battent leur plein.

Après une longue litanie de procès, le 8 juin constitue pour la famille Herbin le dernier recours pour obtenir encore un délai supplémentaire.

Quel que soit l’issue du procès, nous ferons tout pour qu’ils puissent continuer, commes tous-tes les habitant-e-s de la ZAD à vivre là longtemps.

Les Q de plomb