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samedi 7 avril 2018
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Nous sommes des parents vivants sur la zad. Nous nous organisons notamment à travers une crèche parentale qui comme tant d’autres activités informelles maillant étroitement ce territoire, est en passe d’avoir une existence légale.
Nous avons choisi de vivre ici, avec nos enfants, car la longue lutte contre l’aéroport a enfanté de rêves destinés à se réaliser dans la durée. Nous souhaitons que nos enfants grandissent ici, dans un environnement plus ouvert, plus sain, et socialement plus dense qu’ailleurs. Un environnement aussi plus sûr… Ni zone de non-droit ni contre-société, désolé pour les fantasmes. Nos enfants sont déclarés, fréquentent les écoles ou les garderies des bourgs alentour, ont confiance en leurs voisins. Alors, quand la délinquance se niche parfois au sommet de l’État, on peine ici à comprendre la nécessité de « rétablir l’état de droit ».
Le gouvernement choisit donc de dépenser des centaines de milliers d’euros publics dans une opération publicitaire sur le retour de l’état de droit, au beau milieu d’une négociation jusqu’à présent crédible et plutôt productive. Concernant le projet d’aéroport, d’autres gouvernements avant lui on persévéré dans le ridicule. Or, ces décisions désastreuses ont aussi un coût humain.
Ce qu’implique pour nous, parents, ce déploiement de 2500 gendarmes, ce sont des contrôles et des détours quotidiens pour emmener nos enfants à la crèche ou à l’école. C’est le risque que nos enfants soient confrontés à des violences policières. C’est vivre avec la présence hostile de milliers de policiers à la mission imprécise, voire illégale, avec des risques d’arbitraire accru. C’est s’endormir avec la peur d’être réveillé par des hommes en arme, interpellé, expulsé, avec ou sans nos petits - puisque nul ne sait qui est visé.
L’intervention policière qui s’annonce semble avoir pour but de faire rentrer une partie de la zad dans la case du « mauvais zadiste », piétinant au passage la sérénité que nous offrons ici à nos enfants. Pourtant, si la zad a résisté jusqu’à présent, ce n’est pas par l’action de quelques anarchistes : c’est la solidarité de tout un territoire dans sa large diversité, valeur que nous voulons transmettre à nos enfants, qui a mis en échec les précédents gouvernements. Nous ne pouvons que souhaiter, de tout cœur, qu’aujourd’hui à nouveau Macron s’y casse les dents.
Les couches-qui-luttent. Collectif de la crèche parentale de St jean du Tertre, dans la zad.