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lundi 17 avril 2017
Compagnon-ne-s Zapatistes, Conpagnon-ne-s du Conseil National Indigène et de la SEXTA Internationale,
Nous accueillons avec beaucoup d’émotion l’exposition « pARTage », ces oeuvres que vous nous faites parvenir, témoignent de l’espoir que vous semez sans relâche autour de vous, pour que s’épanouissent des mondes fertiles. Une fois encore votre générosité nous inspire !
Malgré la distance géographique et temporelle, notre lutte sur la ZAD de Notre Dame des Landes, se rapproche modestement du combat d’Emiliano Zapata et des revendications de Ricardo Florès Magón : « Terre et Liberté ». La liberté pour toutes et tous de pouvoir vivre sur cette Terre, sans domination, sans exploitation, sans persécution, sans discrimination et sans frontières entre nous. Mais toutes ces aspirations indispensables à la co-existence des milliards d’êtres humain-e-s et du monde vivant, demandent un mode d’organisation collective exigeant, respectueux des autres, conscient de notre relation avec l’ensemble du monde. Partout, le simple droit de vivre est devenu un combat permanent, au sein même de l’hydre capitaliste qui dévore toutes les énergies et dévaste nos conditions de vie. Compagnon-ne-s, grâce à l’insurrection que vous menez depuis 1994, l’autonomie Zapatiste est devenue un exemple concret montrant qu’il est possible de prendre notre destin en main et que la solidarité et l’intelligence collective permettent d’élaborer une vie cohérente, qui a du sens pour tou-te-s. A notre échelle sur la ZAD, nous apprenons à vivre ensemble, à nous écouter pour avancer, à lutter pour défendre la liberté d’exister des humain-e-s dans leur diversité mais aussi de la faune, de la flore, des terres nourricières, de l’eau, de l’atmosphère... tout ce qui est simplement vital.
Par delà la richesse humaine du monde multicolore, que vous nous faites parvenir, nous avons reçu l’Appel qui accompagne cette exposition : « En haut les murs, en bas (à gauche) les brèches ». Cet Appel à soutenir les personnes en exil, où qu’elles soient, où que nous soyons et par les moyens dont nous disposons, est d’une acuité primordiale et fait écho à la situation tragique des personnes qui risquent leur vie et qui la perdent en tentant de rejoindre l’Europe forteresse, bâtie sur leur sang et celui de leurs ancêtres. Nous qui sommes né-e-s de l’autre côté d’un mur ou d’une mer d’inhumanité nous devons nous battre de l’intérieur contre ce monstre d’égoïsme qu’est le capitalisme…. Nous avons conscience d’être descendant-e-s d’une civilisation qui a dévasté le monde et continue à le faire, par les guerres, la colonisation, l’esclavage, la domination économique, le pillage des ressources naturelles, l’incompréhension des équilibres écologiques et nous sentons la responsabilité de devoir participer à stopper ce système avant qu’il finisse de tout détruire. En réponse à votre appel, nous cherchons les moyens de venir en aide à nos soeurs et frère en exode pour leur permettre de trouver ici un peu de réconfort et essayer de retrouver ensemble espoir dans ce monde. Comme vous l’avez initié en créant le réseau de la SEXTA, c’est en nous liant les un-e-s aux autres que nous pourrons briser les frontières artificielles des états-nations décadents. Pour continuer à tisser des réseaux entre bases d’accueil et de lutte contre tous les totalitarismes, nous avons commencé la semaine dernière, le chantier de l’AmbaZada, une « cabane intergalactique » dédiée à connecter toutes nos luttes, par delà les frontières. Le projet est porté par des représentant-e-s du peuple Basque et nous espérons qu’il sera rejoint tout l’été par des gens du monde entier. Ici, comme à San Salvador Atenco nous luttons, entre autre, contre la standardisation du monde par les aéroports internationaux, mais nous sommes une base cosmopolite et nous serions heureux de vous accueillir !
Nous vous remercions pour l’exposition, pour la luminosité de vos idées et pour votre café qui nous rempli de rêves éveillés. Enfin, nous souhaitons rendre hommage à tant de vos compagnon-ne-s qui sont tombé-e-s pour la liberté de tou-te-s, comme ça a encore été le cas à Arantepacua au Michoacán.
LA LUTTE CONTINUE