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ZAD POUR NOUS !.... ZAD PARTOUT !...

lundi 30 avril 2018

I

Vous, les nantis Vous, les repus, Jamais vous ne verrez, Jamais vous n’aurez vu Ce que nous savons faire Avec toutes ces affaires Que vous jetez à la rue, Avec toutes ces affaires Dont vous n’avez que faire, Car vous êtes trop pourvus.

II

Vous, les repus, Les nantis, C’est votre superflu, Dont vous ne voulez plus, Qui fournit grande partie De notre nécessaire...

Si, par extraordinaire, Vous veniez dans nos ateliers mal lotis, Où les paires de bras, de mains, Où les cœurs et les esprits Sont plus nombreux que les outils, Vous diriez que ça craint !... Car pour vous, peu C’est forcément rien. C’est vrai que tout ce qu’on fait C’est avec trois fois rien !... Mais pour nous, trois fois rien, C’est déjà beaucoup ! Car tu vois, trois fois rien, Pour nous, souvent, c’est tout !...

III

Pour savoir où se fabriquent Tous nos projets utopiques, Pour savoir où germent et lèvent Nos semences artistiques Et certains de nos rêves Qui y enfantent du réel, Va ! Ne te défonce pas la cervelle :  Ne te gratte pas la rate !... C’est dans un squatte !... Un de ces locaux au rebut Dont vous ne voulez plus… Mais dès que vous savez Que ce n’est plus inhabité, Vous ne pouvez le supporter ! Et d’un seul coup vous vous rappelez Que vous en êtes propriétaires ! Là, vous remuez ciel et terre  Pour nous en déloger !... Ces terrains, ces bâtiments, Vous les avez abandonnés… Vous en êtes absents, Mais sitôt qu’ils ne sont plus vides, Par un étrange sentiment morbide, Vous vous sentez dérangés !... Vous vous sentez lésés !...

IV

Derrière vos grands airs Ou vos mines satisfaites, Seriez-vous capables De faire des cabanes Rien qu’avec des palettes ?!... Toi ?...Tu ferais Des pales d’éoliennes Façonnées dans le bois  A la force du poignet ? Qu’est ce que tu crois ?!..... Qu’on est des chiens et des chiennes  Déshumanisés par la haine ?!... Qu’on est rongé par la révolte ?!... C’est sûr que la révolte, Pour plus d’une et pour plus d’un, Elle nous colle à la peau…. Mais tu sais ce qui nous mène ? Tu sais ce qui nous tient Dans un atelier comme au « Transfo » ?! Tiens-toi bien Car tu vas en tomber sur le dos : C’est la recherche du bien !... C’est la recherche du beau !...

V

Vous, vous êtes pétés de tune !... Nous, nous n’avons pas de fortune, Plutôt de l’infortune, Souvent aucun revenu !... Mais votre grande aisance, Vos colossales finances, C’est là votre faiblesse !… Votre fric vous entête, Votre fric vous englue, Votre fric vous dessèche, Regardez donc vos têtes !... De votre pognon vous êtes perclus !...  Sans votre pognon, vous êtes perdus !... Nous, on aime faire la fête !... Et nous faisons nos fêtes Sans passer par des traiteurs, Sans jeter l’argent par les fenêtres, Sans protocole menteur !... Notre bienséance, Elle est dans le cœur !...

VI

Nous, nos richesses, C’est nos rires, nos sourires, Nos échanges, Nos partages de pensées, Nos trouvailles, Notre gouaille, Nos complicités, L’inventivité Le sens de l’humour Le sens de l’amour… La solidarité !...

Dans ce monde de guignols Où l’on n’a qu’une parole Qu’on peut toujours reprendre Pour rester fidèle A la loi du marché, Où l’on serine à qui veut l’entendre Qu’il faut savoir se vendre Pour réussir dans la vie, Nous, tu vois, dans la vie, Ce qui nous réussit C’est l’ petit brin de fantaisie, C’est de bien écouter Les autres en train de parler, Pas, comme vous, pour mieux contre-attaquer  Mais pour mieux se comprendre !... C’est d’apprendre à bien s’entendre, À vraiment se respecter,  D’apprendre à mieux se connaître !.... Tout c’ qu’on fait, c’est gratuit !...- Parce que tu vois, nous, notre souci, Ce n’est pas d’avoir, c’est d’être…

VII

Toi, tu crois sûrement Que notre passe- temps C’est de vous maudire  Et de vous insulter ?… Et bien moi, je vais te dire  Qu’on a bien mieux à faire !... (Même si ça peut nous arriver !...) Car ce dans quoi on espère, Ce qui est notre but, Ce qui fait qu’on vit Réellement notre vie, Et c’est pour ça qu’on lutte, C’est notre quête d’harmonie, C’est la soif du bonheur !... Autant que nous le permet la guerre Contre ce système de misère, Notre désir, notre envie Bien ancrés dans le cœur, C’est de s’aimer, d’amour et d’amitié, Comme des frères et comme des sœurs…..

Jean François Wolff du 7 au 9/12/2013