Zone A Défendre
Tritons crété-e-s contre béton armé

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PARCE QUE

lundi 23 avril 2018

Parce que la ZAD est d’abord un monde où se déploient de nouvelles façons d’habiter le territoire et de se soucier du vivant, et que nous y sommes viscéralement attachés ;

 Parce qu’elle a su s’auto-organiser sur la durée, créer du commun, rendre viable une agriculture paysanne, vivre le féminisme et rester solidaires de toutes les migrations ; à l’exact opposé de tout repli ;

 Parce qu’elle se tient hors du marchand, qu’on n’y capitalise rien sinon les savoirs, qu’elle porte cette poésie d’un habitat qui ne pèse pas, de liens qui valent plus que tout bien ;

 Parce qu’elle offre une puissante pluie qui fertilise les imaginaires politiques, en France et bien au-delà, et que cette fécondité de pensées et de pratiques doit continuer à s’épanouir ;

 Parce que le gouvernement Macron, par une offensive brutalement militaire, veut broyer la singularité d’un lieu, saccager la beauté d’une expérience, ruiner l’espoir qu’elle suscite et réimposer la tristesse de ses cadres et normes, qui sacralisent le productivisme, la propriété et l’individualisme que nous savons pourtant si pauvres et dépassables ;

 Parce que des gens qui parlent avec des grenades, rendent visite en blindés, pollue l’air de leur gaz et tirent au visage sur des êtres humains ne peuvent donner à quiconque de leçon de démocratie ou de droit ;

 Parce que, très concrètement, alors qu’était ouvert le dialogue, ce gouvernement a préféré détruire des lieux de vie, des troupeaux, des fermes collectives, expulser illégalement des habitants et rouler en bulldozer sur des cabanes,

 Nous croyons qu’il est temps de leur répondre puisque nous sommes la nature qui se défend tout autant que la culture qui les défie.

 Tous les soutiens de la ZAD, qui sont très nombreux, ne peuvent venir sur place et faire barricade de leurs corps ou de leurs mots. Tous ne pourront pas donner la main non plus aux chantiers communs qui s’annoncent et qui remettront debout tout ce qu’ils veulent raser.

 Cette cagnotte offre donc la possibilité, simple et modeste, mais matériellement précieuse, d’aider les habitants à reconstruire ce qui doit l’être et à affronter joyeusement ce printemps qui vient. Elle se veut, à sa façon, preuve d’une solidarité active et haute marque de sympathie, d’empathie. Elle traduit dans des chiffres ce qu’on tente de dire ici avec des lettres.  

NOTRE-ÂME-DES-LANDES

La ZAD est une joie qui est appelée à durer.  Un peu d’herbe qui perce une chape de béton coulée sur nos soifs de confort. La possibilité d’une brèche, d’une flèche. D’une friche qui pousse dans nos cœurs, sous nos crânes. Le murmure furieux d’un appel d’air.  Le bruissement d’un nid, d’une niche, d’un « vas-y chiche ! ».  C’est un dehors dans un système qui a cru décider qu’il n’y aurait plus ni ailleurs, ni dehors : seulement lui. Seulement lui et ses valeurs de mort.

La ZAD, ce sont ces corps de boue sortis de l’argile du bocage qui sont devenus golems et sylphes, pistes et emblèmes, créateurs plutôt que créatures.

La ZAD, c’est la réponse aux zombies pendues aux branches du capital avec leur cravate, qui oscillent sous les rafales de fric et qui nous hurlent d’être comme eux ! La réponse au zoo où ils veulent nous mettre en cage.  La réponse de nos mots à leur mise en page. Le cri de nos dessins  face à leur mise en cases.   La ZAD, c’est… Notre-Dame des Bandes Notre derme Vos amalgames Notre-Dôme des Langues, des Indes et des Andes jusqu’en Nouvelle-Zé’lande C’est votre drame, à vous les gendarmes, n’est-ce pas ? Votre-Dame des Propagandes Votre-Trame dans votre storytelling exsangue

Nous c’est notre arme de jet, notre jus, notre écume, Notre came Notre sésame, devant vos portes fermées, Notre flamme face à vos flemmes, vos facilités, vos docilités Notre-Dame des brandes, des braises, des feux-follets dans la brume Notre oriflamme des Sarabandes.

La ZAD c’est un brise-lame dressé  Face à l’océan de la norme C’est un brise-larme aussi tu sais Que porte trois cents cœurs énormes   C’est pas grand-chose sans vous. Sans nous. Pas grand-chose sous leurs coups. Ça tient pourtant debout dans la boue, juste avec ces nous, ces fous, ces vous.

Juste avec ce petit truc qui leur manque, à eux, qui ont les gaz et les grenades. La com et les blindés. Qui croient avoir tout.

Juste avec ça, oui.  Quoi ?

Notre-Âme-des-Landes.