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ÉCLAIRCISSEMENTS SUR LA JOURNÉE DU 18 MAI

jeudi 31 mai 2018

ÉCLAIRCISSEMENTS SUR LA JOURNÉE DU 18 MAI.

Nous voulons vous faire part de notre version de la journée du 18 mai au vu de la somme de calomnies qui sont énoncées dans le texte « la bataille de l’ouest...Cernés de tout côtés ». Cette journée était difficile pour un tas de raisons, et on est désolés pour ceux qui ont perdu leur habitat. Nous voulons revenir sur cette journée pour les gens qui ont lu ce texte ou qui étaient à la dernière assemblée des usages et qui ont besoin de comprendre ce qu’il s’est passé.

Nous rappelons que des textes qui étalent publiquement nos conflits internes sont du pain bénit pour ceux qui ont besoin de les connaître, comme la préfecture. Ça explique en partie pourquoi nous ne répondons quasiment jamais à ce genre d’attaques, que ce soit sur les réseaux d’info type indymédia, zadnadir ou le ZN.

Sur le texte :

Ce texte a été entièrement rédigé à notre charge, en reprenant chaque évènement pour les retourner contre nous, en s’appuyant sur des inventions pures, des déformations de la réalité, des calomnies. On va reprendre certains éléments, puis on vous livrera notre version de la journée.

D’abord l’auteure commence par mettre la violence subie par les personnes expulsées « tant de la part des flics [...] que de la part de Saint Jean du Tertre Cabane » sur le même plan ! On perd d’emblée toute rationalité et toute justesse pour comprendre ce qu’il s’est passé. Elle déplore l’ « omerta » de St Jean, concernant sa stratégie. Notre position dans la stratégie commune du quartier était très claire depuis un mois et énoncée dans les différentes réunions de défense. Ensuite la stratégie interne à chaque groupe ne regarde personne d’autre, surtout quand il n’y a « pas de confiance » entre les groupes comme elle le souligne bien. Elle insinue clairement qu’on était à deux doigts de balancer les gens du quartier aux flics. Nous ne balançons personne , ça va sans dire, ni à la police, ni dans le zadnews, ni sur indymedia. Et d’ailleurs, on balancerait quoi ? Voilà pour quelques exemples, il y en aurait d’autres à relever qui témoignent de l’absence de discernement et d’à propos dans les mots, comme nous accuser d’ autoritaristes primaires ou d’adopter la stratégie de la peur. Les analyses binaires en trois mots qui mériteraient des débats de fond deviennent des accusations graves. Mais pour finir, l’auteure précise bien qu’elle espère éviter la prolifération des rumeurs, grâce à un récit qu’elle aurait méticuleusement fait relire et attester par tous les gens concernés. Nous voilà rassurés par son sérieux et ses intentions.

Ce qu’on voit comme conséquences à ce type d’ingérence, quelles que soient les intentions, c’est d’alimenter un climat déjà délétère sur la zad, de creuser les tensions avec les voisins expulsés et une tentative stérile de mettre les habitants de la ferme en porte-à-faux avec ceux de la cabane.

Il est écrit de telle manière que l’on comprend que l’auteure ne fait pas partie des lieux expulsés, qu’elle n’était pas présente au moment des faits relatés, et elle décrit des situations qu’auraient vécu TOUS les habitants des lieux expulsés ce matin-là, La Tarte, le Préfailli et la Freuzière. La manigance consiste à faire coïncider ses propres préjugés au récit de la journée qu’elle construit. Et en plus de le faire depuis un point extérieur au quartier. Ensuite il est écrit en voulant créer un effet d’objectivité et donc de vérité, citations à l’appui qui auraient été vérifiées et détails horaires pour le côté scientifique de l’analyse. Rien que pour la personne de la ferme qui est mentionnée dans le texte, elle n’a pas été consultée et de fait elle remet en cause ce qui est fait de sa position. Pour une bonne partie des autres citations elles sont fausses.

Sur la journée :

Avant de parler de la journée du vendredi 18, nous ne sommes pas irréprochables et encore moins dans ce genre de situation. On a été gagné par le stress à plein de moments, et au milieu d’un encerclement, des drones et hélico au-dessus de la tête toute la journée, ce n’est pas évident de pouvoir bien accueillir des personnes expulsées, et d’autant plus quand il n’y a pas toujours de confiance au départ. Pour ce qui est du premier jour d’expulsions le jeudi 17, l’après-midi, effectivement, personne de chez nous n’était à notre barricade attitrée, elle n’a pas été ouverte par nos soins pour autant. On peut juste dire que ce jour-là les choses se passaient ailleurs que dans notre quartier et c’est là que nous sommes allés. Pour la journée du 18 mai, précisons d’abord qu’on n’a jamais renvoyé personne qui serait venu pour défendre le quartier. Le matin du vendredi 18, entre 6h00 et 7h00, le quartier dans l’ensemble est en cours de ceinturage, les barricades entre la Maison Rose et le Chêne des Perrières sont pulvérisées par les blindés et les premiers GM arrivent à la ferme essoufflés par une course poursuite depuis la freuz. La freuzière, le pré failli et la tarte sont en cours d’expulsion et de destruction. La fumée noire issue des nuages opaques des barricades en feu envahit l’air suffoquant. A ce moment, difficile de connaître leurs intentions et ce sera l’occasion d’une perquisition visuelle quelques minutes plus tard, dans tout les bâtiments et caravanes de la ferme. Pour passer au travers du dispositif, il faut conjuguer la ruse avec la chance que ce soit pour fuir ou rester sur place sans se faire contrôler ou arrêter. Nous avions été clairs dans les réunions de préparation de défense avec le quartier sur les conditions de défense qui devaient prendre forme à partir de l’étang et le type de présence autour de St Jean du Tertre. Les gens qui viendraient se réfugier ne seraient pas masqués et seraient discrets vis-à-vis de la police. Ça a été respecté sauf par quelques personnes à qui ça a été rappelé. L’accueil a été différent selon les gens qui sont passés et l’expérience que nous avons avec eux. Il y a ceux avec qui on peut s’organiser et partager de la bienveillance même si c’est parfois conflictuel, ceux avec qui c’est quasi impossible à cause d’une défiance réciproque et ceux qu’on ne connaît pas du tout. Au vu du contexte, il y a un malaise avec les voisins avec lesquels il n’y a pas de confiance. Il faut rappeler au passage que les personnes de la Freuzière n’ont pas été aperçues cette matinée-la chez nous, ni le soir d’ailleurs (sauf une), donc nous voyons mal comment on peut les inclure dans le texte.

Cependant, nous reconnaissons que nous avons pu être gagnés par le stress dans cette situation d’encerclement, avec la crainte que la perquisition de la ferme ne se prolonge sur la cabane et des maladresses, il y en a eu de partout. Nous tenons à ne pas perdre de vue que les réels agresseurs dans cette histoire ce sont les gendarmes et personne d’autre. Le banquet (qui était un pique-nique) était une idée pour ne pas subir entièrement cette ambiance pourrie. Et pour remettre les choses au clair, du pain a été donné au médic, des gens sont venus prendre de l’eau dans la cabane. D’autres ont pu se reposer, déposer des affaires et discuter tranquillement.

Le soir...

Le soir, nous sommes une 30aine à la ferme, tranquilles, posés, c’est la fin d’une journée de défaite collective. Un groupe passe, furtivement, entre chien et loup devant nous. Nous n’y accordons que peu d’importance, nous ne voyons pas qui c’est, ils ne nous regardent pas ni ne nous adressent la parole. Ce n’est que quelques instants plus tard que quelqu’un vient nous rapporter que le même groupe s’est arrêté en bas de l’accès à la cabane. On nous insulte, on nous menace de brûler la maison, certains vont même jusqu’à jeter des cailloux. Il n’y a quasiment personne à la cabane. Vu le niveau de tension sur la Zad, nous prenons la menace au sérieux et nous venons à 20 prêts à se défendre. Finalement, nous tombons face à une bande pas si déterminée que ça, plutôt éméchée et braillarde. On en reconnaît certains dans le lot, nos voisins, qui nous diront par la suite ne pas avoir été à l’aise. Il y eut de vifs échanges verbaux et une copine, que l’un de la bande a voulu désarmer, a donné un coup. Encore une fois, le texte parle au nom du quartier alors qu’un seul lieu est représenté dans ce groupe, qui est composé en partie de personnes que nous voyons une fois l’an et qui ont décidé de venir nous donner des leçons ce jour-là. C’est l’intelligence d’une ou deux personnes des deux groupes dont une de la cabane et non de la ferme, qui ont permis que ça ne déraille pas. Il a été particulièrement difficile de se débarrasser des plus alcoolisés qui ont tout fait pour pousser les gens dans leurs retranchements. C’est franchement osé et ambitieux de faire passer les agresseurs pour des victimes dans cette scène, bel exercice.

Voilà pour l’étalage public. Nous en discutons avec tous les voisins que nous croisons et nous constatons que chacun porte une version bien plus nuancée que ce qu’on tend à nous faire croire dans le texte. Nous invitons ceux qui le souhaitent et qui ont un minimum de bienveillance à venir en discuter au besoin.

Les habitants de la cabane de St Jean

pour lire le texte auquel celui-ci fait réponse, voir ici