Zone A Défendre
Tritons crété-e-s contre béton armé

Accueil > Camarades de lutte > Autres luttes contre l’aménagement capitaliste du territoire > Oaxaca : pêcheurs contre multinationales de l’éolien

Oaxaca : pêcheurs contre multinationales de l’éolien

lundi 11 février 2013

Quand des multinationales de l’éolien tentent de s’imposer à feu et à sang... La résistance des villages ikoots et zapotèques face aux investisseurs

Le week-end du 1er et 2 février dernier, à Alvaro Obregon, village de pêcheurs du sud de l’isthme de Tehuantepec au Mexique, de violents affrontements ont opposé les habitants des villages indigènes locaux aux forces de l’ordre, venues tenter de rompre le blocus local mis en place pour empêcher la construction d’un « parc » de 140 éoliennes sur les terres sacrées du peuple ikoot.

Voir les vidéos :

Mexico : résistance contre les éoliennes et répression policière http://www.youtube.com/watch?v=wZzn1bmrv8I

la bataille d’Alvaro Obregon, Oaxaca. la colère des habitants http://www.youtube.com/watch?v=fqdcwwldk4g&feature=youtu.be

la bataille d’Alvaro Obregon, Oaxaca. temoignage http://www.youtube.com/watch?v=nc2t6O6TyOs

lire aussi l’article de fond : http://www.article11.info/?Que-bronca-en-san-dionisio

et le fil d’infos du cspcl : http://listes.samizdat.net/sympa/rss/latest_arc/cspcl_l?count=20

l’energie "propre"

Depuis la fin des années 90, l’Isthme de Tehuantepec au Mexique (Etat de Oaxaca) est devenu la principale région d’investissement en Amérique latine pour les multinationales de l’éolien, soi-disante « énergie propre ». La force des vents traversant l’isthme, les aides européennes reversées au titre des « compensations carbone » et des « mécanismes de développement propre », ainsi que la facilité donnée par les gouvernements locaux pour s’approprier à peu de frais des terres collectives des villages indigènes entourant les lagunes du sud de l’isthme, ont conduit à la construction durant les dix dernières années d’une multitude de « fermes éoliennes » de la part d’entreprises telles que les espagnoles IBERDROLA, ENDESA, GAMESA, la française EDF Energies renouvelables, l’italienne ENEL, etc… soit aujourd’hui un paysage dévasté par près de 800 éoliennes, le « potentiel » de la région étant estimé à 5000. La construction de milliers d’éoliennes sur place répond aussi aux plans d’aménagement de la zone dessiné depuis les Etats-Unis, qui prévoient dans leur « Plan Mésoaméricain » (successeur du fameux « Plan Puebla-Panama »), de faire de la région de l’isthme un nouveau couloir logistique et industriel entre les Caraïbes et l’Océan Pacifique.

Depuis deux ans, la situation locale est devenue encore plus tendue du fait de l’annonce du méga-projet « Mareña Renovable » porté par un consortium international regroupant Mitsubishi, Coca-Cola-Mexique (FEMSA) et d’énormes fonds d’investissements australiens et néerlandais (Macquarie Investments funds et PGGM), prévoyant l’installation en plein cœur de la lagune de centaines d’éoliennes de soixante mètres de haut, sur les langues de terre de la zone sacrée des ikoots, un petit peuple indigène mexicain vivant principalement de la pêche artisanale. La découverte des pots-de-vin versés par l’entreprise aux maires locaux ont notamment conduit il y a un an à l’expulsion du maire du village de San Dionisio del Mar (15 000 habitants), et à l’occupation de la mairie depuis. Mais face à la détermination de l’entreprise de commencer les travaux, les pêcheurs ikoots et zapotèques de la région ont dressé dernièrement un campement permanent près du village d’Alvaro Obregon, par où doivent passer les camions de construction. Des recours juridiques ont également été déposés, qui, une fois n’est pas coutume, donnèrent raison aux résistants qui avaient argués de l’absence de consultation préalable des populations sur le projet.

Face aux menaces de voir un investissement de 12 milliards de pesos (800 millions d’euros) leur filer entre les doigts, le 31 janvier dernier les dirigeants de « Mareña Renovable » menacèrent le gouvernement de Oaxaca de délocaliser le projet si des actions n’étaient pas menés durant les prochains jours pour mener le projet à terme. S’ensuivit, dans la nuit du 1er février et le jour suivant, de violents affrontements entre les habitants d’Alvaro Obregon et la police de l’Etat, venue tenter de forcer le barrage maintenu par les habitants pour faire passer les ingénieurs de l’entreprise jusqu’à la bande de terre où les travaux devraient déjà avoir commencé depuis maintenant près d’un an. L’opération fut un échec fracassant, l’alerte donnée ayant amenée plus d’un millier d’habitants locaux à se rassembler pour résister aux attaques de la police de l’Etat. Belle victoire donc, pour le moment…

Mais pour le futur, rien n’est moins sûr. Le conflit a déjà donné lieu à des affrontements, des menaces de mort, des pots-de-vin, et de nombreux blessés, et le jusqu’au-boutisme de l’entreprise fait craindre le pire, que ce soit au travers de l’envoi des militaires sur place, ou bien d’assassinats ciblés.

L’été dernier, un compa de l’isthme, Carlos Manzo, était venu parler de toute cette problématique durant les rencontres européennes contre les méga-projets inutiles, à Notre-Dame des Landes. Depuis Carlos et les organisations de la région en lutte contre les éoliennes (principalement l’Assemblée des Villages Indigènes de Défense de la Terre et du Territoire –APIDTT- et l’Union des communautés Indigènes du Nord de l’Isthme –UCIZONI-) ont été parmi les premières à se solidariser contre la répression et l’encerclement policier à Notre-Dame des Landes, début novembre 2012, dans un communiqué publié le 16 novembre dernier : http://cspcl.ouvaton.org/article.php3?id_article=914

Aujourd’hui, c’est au tour des compas de l’isthme de mener leur grande bataille, et d’être menacés par une répression aux conséquences beaucoup plus graves. Comme l’expriment les compas dans les vidéos indiquées ci-dessus, de nombreuses menaces de morts ont été proférées contre les têtes les plus visibles du mouvement, par le biais de messages mails ou téléphoniques. Deux compagnons de la zone, Rodrigo Flores et Bettina Cruz (interviewée par Alessi dell’umbria pour article 11 : http://www.article11.info/?Bettina-Cruz-Velasquez-indig..._page ), ont dû fuir de l’isthme, leur maison étant surveillée par des tueurs à gage de Juchitan. Et à l’exemple du Chiapas ou d’autres régions du Mexique, rien n’empêche la militarisation de la zone et la formation de groupes para-militaires pour casser la résistance locale.

Face à ces risques, nous en appelons donc à la solidarité internationale, que ce soit de la part des gens en lutte solidaires ou impliqués dans le combat de la ZAD, des gens sensibles à la situation au Mexique, et de toutes celles et ceux qui ne se sont pas laissés aveuglées par le capitalisme vert et ses nouveaux moulins à vent (les « ventilateurs géants » des espagnols, comme s’en moquent les compas).

Derrière la pseudo-énergie renouvelable règne la même dépossession, où des milliers d’hectares de terres de gestion collective se retrouvent privatisées, stérilisées par les bases de béton, et gardés en permanence par des vigiles empêchant les habitants d’aller y faire paître leurs troupeaux. Et ce ne sont pas les habitants les bénéficiaires de cette énergie éolienne, mais des entreprises comme Coca-Cola, Wall-Mart, Pemex, Bimbo et bien d’autres, qui grâce à leurs investissements « exclusifs », bénéficient de l’énergie produite en échange des aides de Kyoto et d’un coup de greenwashing pour leurs investisseurs. L’isthme quant à lui, voit s’installer peu à peu les centrales energétiques et lignes à hautes tensions nécessaires au futur développement du prochain couloir industriel mexicain Pacifique-Caraïbe, prévu par les plans de la Banque Mondiale sous le doux nom de « Méga-projet de l’Isthme ». Et aujourd’hui, c’est tout le secteur de la pêche artisanale qui est menacé par le projet « Mareña Renovable » qui menace de s’installer en plein cœur des lagunes.

Chacun est libre évidement de donner libre cours à sa créativité solidaire pour dénoncer la situation locale (à savoir qu’EDF Energies renouvables s’implante également chaque fois plus sur place, plus d’informations bientôt), mais ne le mésestimez pas : de simples communiqués de solidarité ont également leur impact, car l’image donnée par ces projets en Occident est déterminante.

Pour que Mareña Renovable quitte définitivement les territoires de l’isthme de Tehuantepec Contre les menaces de mort, la corruption, et la répression des opposants Contre les « parcs éoliens » et tous les méga-projets industriels, En défense des villages indigènes de l’isthme et de l’autonomie des peuples,

Solidarité avec les compas en lutte contre les éoliennes, à Alvaro Obregon, San Dionisio del Mar, San Mateo del Mar, Juchitan, Union Hidalgo et Santa Maria Xhadani !

Contacts : montesazules@no-log.org si vous recherchez des intermédiaires avec les gens sur place ou comment traduire lettres ou communiqués. tierrayterritorioasamblea@yahoo.com.mx pour l’Assemblée des Villages Indigènes de Défense de la Terre et du Territoire (APIIDTT)

Autres directions pouvant être utiles :

Presidencia de la República Residencia Oficial de los Pinos, Casa Miguel Alemán Col. San Miguel Chapultepec, C.P. 11850, México DF

Secretaria de Gobernación Bucareli 99, 1er. Piso, Col. Juárez, Del. Cuauhtémoc, C.P. 06600 México D.F. Fax : (52.55) 50933414 ; Correo : secretario@segob.gob.mx, contacto@segob.gob.mx Cuenta de Twitter : @SEGOB_mx

Lic. Gabino Cué Monteagudo Gobernador del Estado de Oaxaca Carretera Internacional Oaxaca – Istmo KM 15, Ciudad Administrativa “Benemérito de las Américas” edif. 7 Colonia Tlalixtac de Cabrera Oaxaca. C.P. 68270 Tel : (951) 50 15000, ext. 13752 Correo-e. : gobernador.gabino.cue@gmail.com, gobernador@oaxaca.gob.mx Erendira Cruz Villegas Fuentes

Comisionada de Derechos Humanos de Oaxaca Tel : (951) 50 18100 Lic. Manuel de Jesús López López

Procurador General de Justicia del Estado de Oaxaca Centro Administrativo del poder ejecutivo y Judicial, Gral. Porfirio Díaz, soldado de la patria. Edificio Jesús Chu Rasgado. Segundo Nivel. Reyes mantecón, San Bartolo Coyotepec, Oaxaca. C.P. 71250 Tel : (951) 501 69 00, ext. 20769 Correo electrónico : contacto@pgjoaxaca.gob.mx

Dr. Heriberto Antonio García Defensor de los Derechos Humanos del Pueblo de Oaxaca Calle de los Derechos Humanos, NÚMERO 210, Col. Américas C.P. 68050, Oaxaca, Oaxaca Tel : (951) 50 30 520 Correo electrónico : correo@derechoshumanosoaxaca.org Lic. Pablo Sandoval Martínez

Visitador Regional de Juchitán Oficina regional de Juchitán Calle Efraín R. Gómez s/n, Centro, Juchitán de Zaragoza. C.P. 70000. Tel/ fax : (971) 71 2 10 18 Delphine Malard

Jefa de la Sección Política de la Delegación de la Unión Europea en México Paseo de la Reforma 1675 Lomas de Chapultepec 11000 México D.F. Correo electrónico : delphinemalard@eeas.eurpa.es

Lic. Adelfo Regino Montes Secretario de Asuntos Indígenas del estado de Oaxaca Edificio 3, Planta Baja 501 5000 Ext. 11001 / 11002 adelforegino@oaxaca.gob.mx

Banco Interamericano de Desarrollo Sede del BID en Washington, D.C. 1300 New York Avenue, N.W. Washington, D.C. 20577, USA Tel : (202) 623-1000 Fax : (202) 623-3096

Macquarie Energy Michael Cook Investment management Physical asset management Telephone : +1 (212) 231 1219 Michael.Cook@macquarie.com

Prashant Mupparapu (Power) Investment management Project development Telephone : +1 (212) 231 2310 Prashant.Mupparapu@macquarie.com

PGGM (Fondo de pensiones Holandes) Else Bos plv. CEO/Chief Institutional Business else.bos@pggm.nl

Con Copia : Asamblea de Pueblos Indígenas del Istmo de Tehuantepec en Defensa de la Tierra y el Territorio. tierrayterritorioasamblea@yahoo.com.mx


ASSEMBLEE DES VILLAGES ÍNDIGENES DE L’ISTHME DE TEHUANTEPEC EN DEFENSE DE LA TERRE ET DU TERRITOIRE.

MANIFESTE DE L’ASSEMBLEE COMUNITAIRE DE GUI’XHI’ RO ÁLVARO OBREGÓN, JUCHITAN, ISTHME DE TEHUANTEPEC, MEXIQUE.

Alvaro Obregón, 10 février 2013.

Aux Peuples Indigènes du Mexique et du Monde Aux médias Aux organismes des droits humains A la Société Civile Nationale et Internationale Aux frères de l’EZLN.

“Ndí nga xtiidxa’ binni guidxi cudxilú ca dxu’, ti ma cadi guxhatañeecabe laanu ne ca guidxi xtinu, ma bia’ ca’ti cuaanacabe guidxi layú, ne gu’ti’cabe guendanabaani xtinu

Ceci est la parole du peuple qui résiste à l’étranger afin d’empêcher qu’ils continuent à écraser nos villages, Assez du vol de notre terre et de l’assassinat de notre vie)

Les femmes et hommes binnizá de cette communauté de Guixhi’ ro’ Álvaro Obregón, réunis en Assemblée sur le site historique de l’ex-Hacienda du Général Heliodoro Charis Castro, avec pour objectif d’analyser les déclarations du Gouverneur de l’Etat et la réponse de nos frères ikoots émise ces derniers jours à propos du conflit avec l’entreprise Mareña Renovable, depuis ce lieu converti désormais en Quartier Général de la résistance de l’Assemblée des Villages Indigènes de l’Isthme de Tehuantepec en Défense de la Terre et du Territoire, émettons le présent :

MANIFESTE

1. Nous qui participons à la résistance au sein de la communauté indigène binnizá de Gui’xhi’ ro’ sommes filles et fils, neveux et nièces du Général Charis.

2. Nous en appelons à l’intelligence du gouverneur de Oaxaca, Gabino Cue Monteagudo afin qu’il se présente personnellement pour nous écouter et qu’il soit écouté, afin de connaître les différentes et diverses raisons de la résistance de nos villages contre le Mégaprojet éolien des entreprises dans la région, et en particulier le cas de l’entreprise Mareña Renovable.

3. Nous n’acceptons sous aucun motif les disqualifications et preuves d’ignorance de la part de l’éxécutif, à considérer que nous serions seulement 20 opoosants à l’entreprise Mareña renovables ; nous sommes un village organisé que en appelle au respect et à la reconnaissance de nos droits en tant que peuples et communautés indigènes.

4. Nous nous déclarons contre le projet éolien de la barre Santa Térésa porté par l’entreprise espagnole Mareña Renovables et par le gouvernement de Oaxaca dirigé par Gabino Cué.

5. Nous nous organisons au niveau regional au sein de l’Assemblée des Villages Indigènes de l’Isthme de Tehauntepec en Défense de la Terre et du Territoire où nous nous retrouvons avec les villages binnizá /zapotèques, angpong /zoques de Chimalapas , et ikoots /huaves, et localement dans l’assemblée communautaire de gui’xhi’ ro´’, où pêcheurs, paysans, femmes au foyer, étudiants, anciens participons, ainis que le peuple en général participons de cette communauté

6. Nous saluons les luttes de frères indigènes participant au Congrès National Indigène, et adhérons aux initiatives qui au niveau national permettent une meilleure communication ainsi que le renforcement de nos luttes contre les entreprises transnationales sur tout le territoire ainsi qu’au niveau international.

7. Nous rejetons la participation et la présence des partis politiques et de leurs leaders et leurs agents, notamment Héctor Sánchez, Gloria Sánchez, Mariano Santana, Leopoldo De Gyves, Roberto López Rosado, Alberto Reyna Figueroa, Emilio de Gyves, Francisco Elías Cortés, Paco Pisa, entre autres. Nous rejetons tout type de propagande électorale partidaire, et nous ne permettrons plus la réalisation d’élections par le biais des partis politiques, et à partir de maintenant dans cette communauté, nous élirons nos autorités par us et coutumes, en accord avec la Loi Electorale de l’Etat.

8. Suivant le plein exercice de notre droit à la libre détermination et à l’Autonomie comme Peuple Indigène Binnizá de l’Isthme de Tehuantepec, et face aux violations de nos droits territoriaux par le gouvernement de Oaxaca et par les entreprises, nous avons décidé qu’à partir de demain nous mettrons en place l’organisation d’un premier détachement de Binni Guia’pa’ Guidxi’ (notre police communautaire) en défense de la terre et du territoire, qui sera composé de gens de nos communautés. Pour cette raison nous ne permettrons plus la présence de la police de Oaxaca, de la police du parquet, de la police fédérale ou de l’Armée fédérale, car ils violent notre droit à la libre détermination et à l’Autonomie en tant que villages indigènes.

9. Nous en appelons à la solidarité nationale, internationale et des peuples indigènes de la región et du pays, afin de s’intégrer à la Caravane-Cavalcade de Solidarité avec la résistance de Gui’xhi’ ro’, qui aura lieu le prochain dimanche 17 février et partira de différents points de la région avec cette communauté pour destination.

BIEN A VOUS

L’ASSAMBLEE COMUNITAIRE DE GUI XHI RO

traduction : siete nubes.


pour soutenir matériellement l’assemblée d’Alvaro Obregon en lutte contre le projet éolien "Mareña Renovable" en participant à la collecte de vivres pour le campement en résistance de la communauté, vous pouvez envoyez vos dons -financiers - à MutVitz13 (....) qui retransmettra sur place à la commission en charge du ravitaillement : numéro de compte : 21029335609 26 IBAN : FR7642559000312102933560926 BIC : CCOPFRPPXXX DOMICILIATION : CREDICOOP - PRADO - MARSEILLE TITULAIRE DU COMPTE : ASSOCIATION MUT VITZ 13 - 61 RUE CONSOLAT - 13001 MARSEILLE contact : mutvitz13@no-log.org