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Mexique. agressions contre la lutte anti-éolienne à Juchitan

dimanche 20 octobre 2013

Apparemment l’incendie volontaire est une méthode universelle pour se débarasser des empêcheureuses de recolter des dividendes en hausse. Ni au mexique, ni ici, non à la violence capitaliste et étatique contre celleux qui refusent de se laisser aménager !

Le 15 octobre 2013, des sicaires locaux aux ordres de l’entreprise "Fenosa Gas Natural" ont mis le feu au campement en résistance de l’Assemblée Populaire du Peuple Juchitèque, en lutte contre le mégaprojet éolien "Bii Hioxho".

Ce n’est que l’ultime acte d’une longue liste d’agressions perpétrées par l’entreprise et ses sicaires locaux contre cette lutte, qui compte déjà un mort, deux prisonniers, et plusieurs personnes obligées de vivre cachées, menacées d’arrrestations et victimes de menaces de mort.

Tout communiqué, acte ou signe de solidarité est évidemment bienvenu... Asamblea Juchitan : asamblea.juchitan@gmail.com.

Rappelons qu’en parallèle, une campagne de solidarité avec la radio locale anti-éolienne "Radio Totopo", dont les transmetteurs radio ont été volés en mars dernier, est en train de se mettre en place. plus d’informations : montesazules@no-log.org toute personne interessée, contact, proposition d’évènements, etc.. est évidemment le bienvenu !


lutte contre les éoliennes industrielles dans l’isthme de Tehuantepec (Mx) :


1. COMMUNIQUE URGENT : les entreprises Gas Natural Fenosa et Constructoral ont mis le feu au campement en résistance de l’Assemblée Populaire du Peuple Juchitèque et ont ces derniers jours menacé différents membres de l’Assemblée à Juchitan.

2. Communiqué du 12 octobre 2013, journée de la résistance indigène. 3. Contacts et divers (liens documentaires, pétition bla bla) 4. traduction du texte "BINNIZÁ ET IKOJTS : Parcs éoliens contre souveraineté alimentaire" écrit par Sofia Olhovich.

— - 16 octobre 2013, COMMUNIQUE URGENT : les entreprises Gas Natural Fenosa et Constructoral ont mis le feu au campement en résistance de l’Assemblée Populaire du Peuple Juchitèque et ont ces derniers jours menacé différents membres de l’Assemblée à Juchitan.

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Aux médias nationaux et internationaux Aux organismes des droits humains nationaux et internationaux Au Congrès National Indigène

Nous portons à votre connaissance les agressions récentes perpétrées contre nous autres, qui résistons et luttons contre le projet éolien illégal Bii Hioxho.

Aujourd’hui 15 octobre, nous, voisins du quartier de San Isidro, sympathisants et membres de l’Assemblée Populaire du Peuple Juchiteco (APPJ), avons été témoins d’un acte de provocation contre le campement de résistance de la APPJ. Notre campement, maintenu sans discontinuer depuis le 25 février 2013, a été incendié dans la nuit. Des témoins rapportent que c’est une camionnette de type « Suburban » de couleur blanche qui circulait alors dans la zone au moment de l’éclosion de l’incendie. Cette camionnette, liée aux entreprises Gas Natural Fenosa et Constructoral, a déjà été signalée et dénoncée par le passé pour des actes de harcèlement et des tentatives d’enlèvement.

Quant aux dégâts occasionnés, il s’agit de la destruction d’une palapa construite grâce au travail collectif de paysans et de pêcheurs de l’assemblée. De la vaisselle, des tables, des chaises, ainsi qu’une antenne et un câble de notre radio communautaire Radio Totopo (câble qui servait à la transmission d’évènements ponctuels depuis le campement de résistance de la APPJ) ont aussi brûlé.

Notre compa Edis Rincon a été quant à lui objet d’intimidations et de menaces attentant à son intégrité physique et psychologique. Il a, à deux occasions, été encerclé par des sicaires au service de Gas Natural Fenosa et de Constructoral, sur les terrains de son … Celestino Bartolo Teran, alors qu’il effectuait des activités agricoles.

Le compañero Roberto Regalado et tout un groupe de pêcheurs ont quant à eux été intimidés au petit matin de ce 12 octobre, et vu confisqué leurs produits par des éléments de la police de l’Etat de Oaxaca, alors qu’il revenait de leur pêche dans la lagune Salina Santa Cruz.

Vu ces faits, nous dénonçons et rendons responsables l’entreprise Gas Natural Fenosa et son président Salvador Gabarro Serra, ainsi que l’entreprise Constructoral et son représentant Oscar Toral au sujet des dégâts occasionnés, ainsi que d’être les auteurs intellectuels de ces agressions et intimidations, et d’autres encore que nous avons dénoncé par le passé au travers de nos communiqués.

Nous exigeons le respect de notre droit à protester, et que cesse les intimidations et la provocation de l’entreprise Gas Natural Fenosa et de Contructoral.

Nous exigeons de notre pays le Mexique ainsi que du gouvernement de Oaxaca qu’ils prennent note des lettres et recommandations émises par le Centre des droits de l’homme Robert F. Kennedy, dont le siège est à Washington, Etats-Unis, de celle de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) dont le siège est à Paris, de l’organisation mondiale contre la Torture (OMCT) dont le siège est à Genève, Suisse, ainsi que des Brigades Internationales pour la Paix (PBI), qui ont récemment envoyées des lettres à Peña Nieto, Gabino Cué et d’autres fonctionnaires fédéraux afin que soient pris en compte et que soit freinées les faits de violence exercés contre ceux qui défondons la terre, le territoire et les droits humains à Juchitan. Que soit condamnée l’entreprise Gas Natural Fenosa pour la violation de la convention 169 de l’OIT au sujet de notre droit à la consultation préalable, libre et informée, ainsi que pour la violation des lois agraires et de la constitution mexicaine, cela afin de nous imposer leur projet éolien sur nos terres communales binniza.

La terre, la mer, l’eau et le vent ne sont pas à vendre, elles sont à aimer et à défendre !!Gas Natural Fenosa et Constructoral hors de nos terres communales !!Non aux projets éoliens sur nos terres communales binniza !!

Fraternellement, L’Assemblée Populaire du Peuple Juchitèque.

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Communiqué du 12 octobre 2013, journée de la résistance indigène.

Le 12 octobre est devenu une date de revendication de la résistance des peuples indigènes : malgré la politique d’extermination, nous sommes toujours là et continuons à défendre nos territoires et notre patrimoine. Dans l’isthme de Tehuantepec, ainsi que dans d’autres régions d’Amérique latine, nous nous affrontons à une nouvelle colonisation qui prétend de nouveau nous échanger quelques miroirs et verreries en échanges de nos richesses.

C’est pour cela qu’afin de commémorer ce jour, les villages d’Álvaro Obregón, Juchitán, Santa María Xadani, San Dionisio del Mar et Unión Hidalgo, nous sommes réunis afin de nous accorder sur quelques stratégies de lutte, discuter au sujet de la mobilisation nationale contre la privatisation de l’éducation, de l’entreprise pétrolière nationale Pemex, et de la Compagnie Fédérale d’Electricité, ainsi que des autres réformes structurelles envisagées par ce gouvernement vendant au tout-venant d’Enrique Peña Nieto.

Nous souhaitons également rendre publica au sein de ce document de revendication des droits de nos villages et peuples, que l’Assemblée Générale du Village d’Álvaro Obregón a communiqué à l’Institut Etatique Electoral et de Participation Citoyenne de Oaxaca sa decisión d’élire ses propres autorités locales par le biais de Systèmes Normatifs Internes, connus antérieurement sous le nom d’ « us et coutumes ».

Nous réaffirmons notre décision en tant qu’assemblées locales, et en tant qu’Assemblée des Villages Indigènes de l’Isthme en Défense de la Terre et du Territoire, d’unir nos forces avec celles des maîtres d’école, des syndicats, des intellectuels, des femmes, des hommes, des jeunes et de tout le peuple en général, afin de défendre notre droits à vivre dignement, depuis notre propre vision du monde.

LE PEUPLE UNI NE SERA JAMAIS VAINCU ! LA TERRE, LA MER, LE SOLEIL ET LE VENT NE SONT PAS A VENDRE, ILS SONT A AIMER ET A DEFENDRE !

Assemblée des Villages Indigènes de l’Isthme en Défense de la Terre et du Territoire, Assemblée Générale du Village de San Dionisio del Mar, Assemblée Générale du Village de Álvaro Obregón, Police Communautaire “Gral. Charis” de Álvaro Obregón, Conseil des Anciens de Álvaro Obregón, Mouvement de Résistance Civil contre le prix élevé de l’électricité de Santa María Xadani, [commission des] Biens Comunaux de Santa María Xadani, Radio Comunitaire Xtiidxa Guidxa de Santa María Xadani, [commission des] [commission des] Biens Comunaux de Unión Hidalgo, Comité de Résistance Contre le Projet Eólien de Unión Hidalgo, Comuneros y Mouvement de Résistance Civil contre le Prix Elevé de l’Electricité de Juchitán.

https://tierrayterritorio.wordpress.com/ Asamblea Juchitan : asamblea.juchitan@gmail.com.

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les documentaires "Somos Viento" et "Viva Radio Totopo !" sont sous-titrés en français et en ligne ici : https://www.youtube.com/watch?v=MtHc31YeUpI https://somosvientodocumental.wordpress.com/otros-idiomas-other-languages/

une pétition en ligne existe également (faute de mieux...) : "Gas Natural Fenosa : Que se suspenda la construcción del parque eólico Bii Hioxho en nuestras tierras comunales Binnizá."

https://www.change.org/petitions/gas-natural-fenosa-que-se-suspenda-la-construcci%C3%B3n-del-parque-e%C3%B3lico-bii-hioxho-en-nuestras-tierras-comunales-binniz%C3%A1?share_id=GHuakdbtmb&utm_source=share_petition&utm_medium=email&utm_campaign=petition_invitation

— - traduction :

BINNIZÁ ET IKOJTS : Parcs éoliens contre souveraineté alimentaire

La vie communautaire des peuples binniza et ikojts a cours le long des territoires avoisinant la lagune sud de l’isthme de Tehuantepec, au sud du Mexique. Ces communautés y ont engendré une région bioculturelle (cf. Eckart Boege, in Patrimonio biocultural de los pueblos indígenas), au travers d’une transformation respectueuse et harmonieuse de la nature, réalisée grâce aux savoirs anciens et historiques de maîtrise et d’exploitation des ressources naturelles.

Un aspect fondamental de ce paysage agro-bio-culturel insulaire repose sur la coexistence de la « mer morte » et des pêcheurs : ceux-ci y travaillent de façon artisanale à pied, à l’épervier et/ou au filet, en bordure des grandes lagunes ou au milieu des lagunes saisonnières ; mais aussi sur des voiliers ikojts, mettant le vent à profit afin de pêcher crevettes, mulets, poisson-chats, chanos (poisson-lait), écrevisses, ormeaux, dorades, et quelques 50 autres espèces de poissons issus de la mer lagunaire, qui nourrissent les populations de la région et sont troqués sur les marchés locaux, ou bien vendus sur les marchés régionaux.

Les fermes binniza constituent un autre paysage agro-bio-culturel de la région, où est pratiqué le système de culture de la milpa , et où est semé le xubahuini, un maïs de la variété zapalote chico, petit, blanc et résistant aux vents violents, mûr en quatre mois à peine, adapté et sélectionné depuis des milliers d’années par les peuples paysans, les véritables sélectionneurs agronomiques des plantes. Les zones de milpa les plus notables de la région se situent à Santa Maria Xadani, Guixhiro (nom binniza de la colonie agricole d’Alvaro Obregon), Santa Rosa de Lima, San Blas Atempa, ainsi que sur les terres ejidales « Charis » et « Zapata ». Ces milpas produisent en sus du maïs des haricots secs, des variétés de tomates locales, du sésame, des cacahuètes, du piment dit xigundu et de fleurs de cempasúchil (guié biguá en binniza), en plus des arbres valorisés pour leur bois ou pour l’ombre qu’ils procurent, tel que le guanacaste (oreille cafre), le lambimbo (cabrillet à feuilles de laurier-tin), l’amandier, le pochota, appelé aussi ceiba (fromager), et le gulabere (une espèce locale de Cordia) ; de même que des arbres fruitiers et des arbres à fleurs de grande valeur, comme le tamarinier, le bananier, le manguier, le cerisier, le papayer, le goyavier, le sapotillier, le citronnier, le corossolier, le papause (arbre de la même famille), l’avocatier dit yashu, le palmier ; et, parmi les arbres à fleurs, le guiechachi (frangipanier) et le guiexhuba, ou jasmin de l’isthme.

Il en découle d’importantes activités culturelles et gastronomiques, qui entretiennent une grande partie de la souveraineté alimentaire de cette région et la consommation locale des produits locaux ; il suffit pour s’en convaincre de visiter le marché régional de Juchitán, celui de Tehuantepec ou n’importe quel marché local ou de quartier, où l’on peut trouver des tortillas de différentes épaisseurs, textures et tailles, parmi lesquelles les guetabiguis appelées aussi totopos (biscuits de maïs parsemés de trous, typiques de l’isthme), les guetabicuni ou memelitas (galettes épaisses de maïs), les tamales (farine de maïs fourrées, cuites à la vapeur) dits guetabadxizé et guetazé , les guetabingui de crevettes et de poisson assaisonnées à l’axiote (graines de roucou), les bouillons pimentés de crevettes et de poisson agrémentés de boulettes de farine de maïs et de feuilles d’epazote, les tamales de purée de haricots, les fromages marinés au piment, le jus de tamarin, les bananes frites, la mangue au piment, l’eau de coco, le vin de palmier de coyol, ou le bupu – cette dernière préparation étant obtenue à partir d’un mélange de bouillon de maïs et de mousse de fleur de frangipanier.

Des aliments toujours présents dans la gastronomie binniza, que l’on retrouve dans les buffets traditionnels des veillées religieuses ou durant la Saa Guidxi, l’une des principales fêtes communales organisées par et pour le peuple, durant laquelle les femmes portent leurs huipils ornés de broderies aux motifs de tulipes, de fleurs de frangipanier, de fleurs d’arums et de roses ; des dessins bordés suivant une motif symétrique symbolisant le cosmos, où les fleurs représentent les étoiles et les directions cosmiques.

Ces paysages s’intègrent à un ensemble régional où la forêt basse et feuillue et la mangrove constituent les principaux écosystèmes. La faune et la flore y sont exploités sans y être dévastées (arbres dits yagasiidi, palmiers, sapotilliers, arbustes et huizaches – sortes d’acacias des prairies sèches du Mexique). Y vivent des tortues, des couleuvres à collier, des couleuvres geophis, des lièvres dits « de Tehuantepec », des ragondins, des oiseaux tels que le bruant à queue rousse, le troglodyte géant, le pigeon ou le zanate (quiscale à longue queue), des gucha’chi’ (iguanes), des ngupi (tatous), et des tlacuaches (opossums endémiques du Mexique). Ainsi que le bétail, broutant le long des sentiers, des pistes de brousse et des chemins.

La région des lagunes de l’isthme (« lagune de la mer morte », « lagune supérieure » et « lagune supérieure »), est considérée comme un “site prioritaire pour la conservation des milieux côtiers et océaniques du Mexique » (Commission nationale mexicaine de la biodiversité, 1998). C’est le patrimoine bioculturel de ces villages qui sera « fusillé » de différentes façons par les aérogénérateurs des parcs éoliens des sociétés Unión Fenosa, Iberdrola, Mareña Renovables et Preneal, et les activités nourrissant la souveraineté alimentaire régionale qui s’en trouveraient affectées.

Bien que les terres sur lesquelles s’érigent les parcs éoliens bénéficient de systèmes d’irrigation, l’agro-biodiversité et l’agriculture y auraient chaque fois un peu moins d’espace. La déforestation incontrôlée et le recouvrement du sol par des milliers de tonnes de ciment entraîneront sécheresse et désertification. Les aérogénérateurs ne pouvant être mis en service s’ils sont entourés d’arbres de plus de 3 mètres, sans en avoir la permission ni en subir de conséquences judiciaires, les responsables du parc éolien de « Piedra Larga » à Union Hidalgo ont ainsi coupé en décembre 2011 une centaine de huanacastes de la forêt basse feuillue, de 20 à 30 mètres de haut, dont les racines tiennent lieu de milieu communicant entre les affluents souterrains, les nappes phréatiques et les estuaires.

Il se passe la même chose au sein du parc éolien de Playa de San Vicente (Bii Yoxho), où la forêt et les mangroves sont détruites et recouvertes par les milliers de tonnes de ciment servant de bases à des aérogénérateurs mesurant jusqu’à 120 mètres de haut, distants les uns des autres de 75 mètres. En construction : d’énormes et interminables rideaux de lames de couteau, décapitant les oiseaux et découpant en morceaux chauve-souris, oiseaux endémiques et oiseaux migrateurs de ce corridor migratoire avicole, le plus important du continent – il se dit que près de 600 000 oiseaux y passeraient chaque jour.

Si un parc éolien était construit sur la langue de terre de la barra de Santa Térésa, les lubrifiants s’écoulant hors du moteur des aérogénérateurs contamineraient le milieu lagunaire au sein duquel, tout comme dans les mangroves, se déposent les larves des crevettes et se reproduisent les poissons, qui ont tous deux une importance vitale dans la vie économique et alimentaire de la région. Le comblement des lagunes est à prévoir, si ces 200 aérogénérateurs sont construits sur la langue de terre située au centre de cette grande « mer morte », à l’extrémité de laquelle se situe l’île dite de Pueblo Viejo (« village ancien », centre archéologique et cérémoniel), où la présence du peuple ikojt est millénaire.

Par ce biais, ce sont les métiers ainsi que la chaîne de production économique et artisanale de la région qui sont détruits : une catastrophe commerciale totalement bénéfique pour les entreprises, dont ne profitent en dernier ressort que de manière misérable les techniciens étrangers et les caciques, propriétaires terriens locaux qui leur louent les terres. Rien d’autre, pour le peuple, que la destruction de son environnement communal. Et c’est ce développement industriel qui se drape sous la bannière des faux discours sur « l’énergie propre » ; mais pour la chercheuse Patricia Mora, « l’usage intensif des ressources naturelles ne peut être qualifié d’énergie verte ». Les dégâts bio-culturels engendrés par la dimension du mégaprojet de « Corridor éolien de l’Isthme de Tehuantepec » sont incommensurables.

Les projets et mégaprojets antérieurs – chemins de fer, autoroutes, raffineries, élevage intensif de bétail, agro-industries, pesticides, entreprises contaminant les rivières et absence de gestion adéquate des déchets urbains et des déchets toxiques – ont déjà beaucoup détruit, et poussé le peuple à bout. Ce dont l’Isthme a besoin, c’est de reforestation, de culture de milpas, de pêche et de protection des écosystèmes ayant résisté aux attaques du capitalisme, et qui hébergent la nature associée aux peuples binnizá et ikojts.

Sofía Olhovich Filonova, Supplément mensuel Ojarasca n°197 du quotidien La Jornada, septembre 2013

trad : mag’, siete nubes.

(1) La milpa est un système agricole mexicain millénaire, reposant sur la culture combinée au sein de la même parcelle de maïs, de haricots, de courges et de nombreuses autres plantes comestibles.

(2) L’ejido est un système de gestion collective des terres agricoles associant de quelques dizaines à plusieurs milliers de paysans sur une portion de terres donnée, reconnue officiellement comme telle par les institutions agraires mexicaines. Bien que les parcelles y soient divisées entre ses membres, la propriété de la terre et leur gestion administrative y sont gérés en commun au travers de l’assemblée des ejidatarios, et de la nomination de représentants révocables, nommés tous les trois ans. Le système de l’ejido, reconnu et entériné par la Constitution révolutionnaire mexicaine de 1917, est depuis 1992 remis en question par les réformes néo-libérales agraires mises en œuvre par les gouvernements mexicains successifs, qui, sous la pression des accords de libre-échange, cherchent à parvenir à la reprivatisation totale du système de possession des terres au Mexique. De nombreuses communautés de tout le pays y opposent heureusement une résistance farouche.