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Lettre ouverte à Bruno RETAILLEAU

jeudi 17 décembre 2015

Vous réclamez avec emphase Qu’on évacue, qu’on tablerase La ZAD et tous ses habitants, Les chiens, les femmes, les enfants. Vous prenez des airs de marquise Offensée pour qu’on stigmatise Les gueux vivant à cet endroit Dans une zone de non-droit. Vous exigez qu’on rétablisse Avec l’armée ou la police, Et sans se priver du gourdin, L’état de droit républicain. Vous attendez des décisions, Des ordres de dissolution, Vous vous régalez de formules Sans entrevoir le ridicule.

Non content d’être devenu, Grâce aux non-voix des abstenus, Calife à la plac’ du calife Voilà que vous sortez les griffes. Votre dernier référendum N’avait déjà rien du valium, Puisque conçu pour attiser La haine et l’animosité. Vous avez tu ses résultats. Sans doute ils ne convenaient pas Aux arguties machiavéliques De vos prétentions politiques. Mais vous dénoncez sans savoir À partir des journaux du soir, Tous à l’affût des mauvais coups, Des gens dont vous ignorez tout.

Que n’allez-vous les voir un jour Pour confronter vos beaux discours, Sans craindre la métamorphose, À la réalité des choses ? Abandonnez sans avoir peur, Vos beaux habits de sénateur, N’essayez pas d’être trop clean. Prenez un tee-shirt et un jean, Oubliez dans votre bureau Les parti-pris, les noms d’oiseaux, Ces astucieux faux dérapages, Qui font vibrer votre entourage. MDR dans le "caniveau" Sous le "balcon des écolos"

Non, vous n’êtes plus en campagne, Cessez ce jeu du qui perd gagne. Évitez surtout ce sourire Forcé qui risque trop d’induire L’idée qu’en fait, vous travaillez Plutôt dans la publicité. Vous êtes encor trop peu connu. Vous ne serez pas reconnu.

Allez vers ces "ultra-violents" Et leur grand projet paysan, Ces salauds qui ont le courage De se battre pour un bocage Où ils ne sont même pas nés, Ces paresseux, ces assistés Qui font pourtant du maraîchage, Du pain, du beurre et du fromage, Qui élèvent veaux et cochons Et qui ont construit leurs maisons. Allez expliquer à ces gens, Ces moins-que-rien, ces ignorants, Que notre justice est la même Et qu’il n’y a qu’un seul barème Pour punir les contrevenants Fussent-ils anciens présidents.

Expliquez-leur aussi pourquoi Dans ce splendide état de droit, On peut devant les préfectures, Déverser lisiers ou ordures, Voire incendier la MSA Et martyriser quelques rats Sans être taxé d’hors-la-loi, Ni qu’on entende votre voix.

Allez donc rendre une visite À ces paumés, ces parasites, Tous ces accrocs du RSA, Qui défient le monde et l’État. Faites-leur le coup de la panne. Invitez-vous dans leurs cabanes. Goûtez à leurs soirées débats Partagez leur vie, leurs combats, Essayez de dormir tranquille, Rien qu’une nuit, loin de la ville, Dans un hôtel privé d’étoiles, Où le toit, souvent, est en toile.

Participez aux grands chantiers Aux côtés de ces émeutiers Qui ont tenu tête à César Quand ses soldats venaient en car Pour tenter de les déloger. Binez, creusez, semez, plantez... Il y a toujours du travail Dans ce vrai caravansérail, Qui accueille à longueur d’année Des gens prêts à tout partager.

Peut-être après les avoir vus, Reviendrez-vous moins résolu, Prêt à écoutez ce qu’ils disent, À repenser vos analyses, À comprendre que notre monde Avant qu’il ne soit trop immonde, A plus besoin d’idées nouvelles Forgées avec plusieurs cervelles, Que de vieux cerveaux formatés À défendre avec cécité, Arrogance et esprit obtus, Un modèle qui ne tient plus.

comité de soutien aux opposants de l’aéroport de NDDL de la Roche-sur-Yon