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A propos du texte "mepris de classe sur la Zad"

jeudi 25 juillet 2013

[Cet article fait référence à un texte publié deux jours plus tôt, lisible ici.]

Cette pseudo-analyse, où dans chaque paragraphe, une categorie est visée, une étiquette est posée, manque cruellement d’humanité.

Depuis des années, sur le terrain, chacun, selon sa propre histoire, a su tisser des liens où justement les différences enrichissent et non divisent. Cette richesse là n’est pas contrôlable, ne se range pas dans des cases. Ne vous en déplaise, chères camarades, elle échappe à tous vos discours, juste elle se vit...

Amies d’ici, amis d’ailleurs, relisez le texte "Aux révoltés de Notre Dame des Landes", le souffle qui en émane est toujours d’actualité.

une revolté, petite bourgeoise, habitante avant les occupations, privilégiée et ancienne de la ZAD...

Aux révoltéEs de Notre Dame des Landes

Dans le bouillonnement un peu fou du petit monde des occupantEs de 1a ZAD, un problème revient constamment : celui de la transmission de l’histoire. L’histoire des occupations, certes, mais aussi des histoires plus vieilles que nous, celle de la lutte contre l’aéroport, autant que les multiples résistances qui façonnent la région En fouillant dans les archivœ à la recherche de bribes, certainEs sont tombéEs sur cet appel de mai 2008 : « L’aéroport de Nantes, c’est NON ». En cette période agitée ou l’état autant qu’AGO voudraient nous voir diparaître, ce texte est venu percuter quelque chose : Parce qu’il est une des pierres qui fondent notre présence ici, qui fondent notre quotidien, à nous, occupantEs. ’

Si nous sommes là, depuis quelques semaines, mois, ou années, c’est parce que nous avons répondu à cet appel, ou à ceux qui ont suivi.

Nous sommes nombreux/ses maintenant. Nous habitons ici, et ce n’est pas peu dire. Habiter n’est pas loger. Un logement n’est finalement qu’une case, dans laquelle on « loge » de gré ou de force les gens après leur journée de travail et en attendant la suivante. C’est une cage dont les murs nous sont étrangers. Habiter, c’est autre chose. C’est un entrelacement de liens. C’est appartenir aux lieux autant qu’ils nous appartiennent. C’est ne pas être indifférent aux choses qui nous entourent, c’est être attaché-e-s : aux gens, aux ambiances, aux champs, aux haies, aux bois, aux maisons. à telle plante qui repousse au même endroit, à telle bête qu’on prend l’habitude de voir là. C’est être en prise, en puissance sur nos espaces. C’est l’opposé de leurs rêves cauchernardesques de métropole où l’on ne ferait que passer.

Habiter ici, c’est ne plus pouvoir imaginer comment-tout ça pourrait disparaître : parce que ça, c’est ce qui fait nos vies.

Vivre ici c’est être dans un rythme chahuté par les urgences de la lutte, les pressions, l’incertitude de la suite, le harcèlement des flics et autres Garcias [1].

Vivre ici ce n’est pas facile en ce moment. Que l’on soit proprio, ex-locataire ou occupantEs nous sommes mis-e-s face aux procédures, à la justice. Puisque nous ne nous soumettons ni ne nous résignons, nous sommes face à la force de l’État, face à ses armes. Peut être tous-tes forcéEs à quitter la zone sous peu. Comme dit dans l’appel à occuper la zone, le combat est long et difficile, mais une chose est sûre, il n’est pas vain.

Et c’est parce que les temps sont durs et l’avenir incertain que nous avons voulu donner réponse à ce texte. Signifier son importance. Dire la solidarité, comme la nécessité des liens et des complicités face à ce monde qui nous voudrait isoléEs. Nos alliances sont notre force. Et il y a déjà ça, ici, comme une victoire sur la marche forcée des choses.

Si nous ne nous connaissons pas tous—tes, une chose est certaine, c’est que nous partageons la colère, le refus. De ce terreau naissent confiances, entraides, amitiés ou inimitiés. Le chemin est long pour tisser tout cela, et nos quelques mois ou années de présence ici, si riches et si denses, nous semblent fort courts finalement.

Ce qui se partage aussi, c’est de se battre sans s’en remettre aux politiciens, de ne pas entendre leur langue morte, de ne pas croire leurs promesses, de” se méfier de leurs concessions. Cette lutte s’inscrit dans un mouvement planétaire contre le capitalisme, les dominations et le contrôle social qui leur est nécessaire. Un mouvement d’émancipation des peuples par les peuples sans représentation institutionnelle. C’est à nous de prendre les choses en main, sans rien attendre de tous les rapaces qui font leur puissance sur notre dos.

Nous ne sommes pas seulEs. Partout d’autres se battent. À Atenco, à Val Susa, à à Oaxaca ou en Grèce pour parler de ce dont on parle, et dans une infinité d’autres lieux, d’autres situations, où l’on ne se résigne pas. Nous sommes ici, nos vies nous appartiennent, nous refusons de perdre, et pour ces raisons, soyons sûr-e-s que Jamais aucun avion ne décollera de Notre Dame des Landes.

Alors à tou-te-s ceux et celles qui ont lancé cet appel, à ceux et celles qui ont ouvert leur porte à la rencontre, à ceux et celles qui ne se laissent pas faire : nous ne voulons pas seulement exprimer notre soutien, comme une posture distante et extérieure, mais bien dire que nous nous sentons liéEs dans ces idées et dans ces actes.

A tout bientôt dans la rue ou dans les champs !

Premiers signataires : les Ardillères, les Cent Chênes, le Coin des Fosses Noires, Pimkie, la Points, les Planchettes, le Potiron, les Rosiers, le Sabot et son collectif maraîcher, le Tertre.

Appel occupation des habitant-e-s qui resistent :

L’aéroport de Nantes, c’est NON.

Le monde s’enfonce dans une crise climatique angoissante, mais la classe politique continue de parler une langue morte. Les gens qui défendent le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes pensent l’avenir avec les mots d’un passé qui ne reviendra pas. Ils sont les héritiers de ceux qui attendaient l’armée allemande derrière la ligne Maginot, et qui se trouvèrent débordés en une nuit de mai 1940 par les blindés du général Gudérian. Comme eux ils se trompent d’époque.

Nous pourrions rire, si ce n’était aussi grave, du discours des promoteurs du nouvel aéroport. Comme la Toinette du Malade imaginaire, qui répond « le poumon » à toutes les questions posées sur la santé d’Argan, ils répètent, hébétés par eux-mêmes : la croissance, la croissance, la croissance.

Ils ne savent pas. parce qu’ils ne le sauront jamais, que notre planète atteint déjà ses limites physiques dans des domaines vitaux. Le transport en fait partie. Dans un monde fini, ceux qui poussent encore à la destruction des espaces et des espèces sont de redoutables aveugles.

La question de l’aéroport n’est pas de droite ou de gauche. Elle est une affaire humaine. et pour cette raison nous nous en emparons. Ailleurs dans le monde, comme autour de l’aéroport londonien d’Heathrow, les mêmes que nous ont décidé d’agir : nous sommes l’espoir en mouvement. quand ils n’incarnent que le renoncement.

Tous : le maire-de Nantes Jean-Mare Ayrault comme le premier ministre actuel François Fillon. Le pouvoir ne cesse de nous rabâcher que nous vivons bien au-dessus de nos moyens. que nous avons mangé notre pain blanc. Avoir un hôpital de. proximité serait devenu un luxe intolérable : on en supprimera donc 250. Redon, Chateaubriant, Ancenis font partie de la liste ; mais un aéroport i pour aller rejoindre les plages méditerranéennes, est une inéluctable nécessité, un intérêt public. L’économie marche sur la tête. Il est grand temps que les hommes reprennent en main leur destin.

Nous savons que ce combat, commencé il y a 35 ans, sera encore long et difficile. Et c’est pour cette raison que nous lançons ce 1er mai 2008 un appel à toute la France, à toute l’Europe. Il faut soutenir le mouvement contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes avec toutes les forces disponibles. Et par des moyens rarement utilisés à l’échelle que nous l’envisageons : l’occupation du territoire, la désobéissance civile, le refus complet et définitif.

Le compromis n’est pas possible, car ce : combat qui continue, et qui concerne chacun, est entre une vie possible et un cauchemar certain. Nous vaincrons, non parce que nous sommes les plus forts, mais parce qu’il n’y a pas d’autre solution.

Nous appelons donc, partir du pique-nique contre l’aéroport du 29 juin, à établir des campements d’occupation sur les terrains que se sont injustement appropriés les promoteurs de ce projet aberrant. et mortifère.

Des habitants qui résistent, le 1er mai 2008.

Notes

[1] le salopard d’AGO qui harcèle pour faire partir les gens.